La corruption et les détournements en République Démocratique du Congo (RDC) sont devenus si courants qu’ils ne suscitent presque plus d’indignation. Selon une enquête publiée par le journal en ligne Africa Intelligence le 22 novembre 2024, Firmin Mvonde, procureur général en RDC, aurait acquis un immeuble à Bruxelles pour une somme dépassant les 900 000 dollars. Ce magistrat, qui avait qualifié en février la mort de l’ancien ministre Chérubin Okende de "suicide", s’inscrit ainsi dans une tendance visible parmi les élites congolaises.
Les élites congolaises, de Firmin Mvonde, procureur général, à Deogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, incarnent cette culture d’enrichissement personnel. Tandis que des centaines de milliers de dollars issus de la RDC transitent de manière suspecte via la Belgique, ces figures de pouvoir continuent d’exploiter leur position pour accumuler des biens et des capitaux.
Même les figures les plus emblématiques, telles que la famille présidentielle Tshisekedi, autrefois modeste, illustrent une ascension spectaculaire. Passée d’une vie modeste sous l’aide du CPAS à un patrimoine immobilier florissant, la famille s’est imposée dans les quartiers les plus huppés de Bruxelles, comme Uccle, avec des villas somptueuses et des appartements de luxe. Une transformation aussi rapide interpelle et soulève des soupçons de détournements massifs.
Le couple présidentiel, Félix et Denise Tshisekedi, par exemple, s’est domicilié en 2022 dans une somptueuse villa située à Uccle, avenue Prince d’Orange. Cette résidence secondaire, louée à 20 000 euros par mois, appartient à Robert Levy, fondateur et président d’une des plus grandes banques de la RDC.
Cet environnement d’auto-enrichissement et de relations privilégiées entre les hauts fonctionnaires et les acteurs économiques illustre un entre-soi flagrant au sommet de l’État.
La Belgique : entre terre d’accueil et complaisance involontaire
La Belgique, réputée pour sa rigueur fiscale, est devenue un terrain fertile pour les pratiques de blanchiment des élites congolaises. Le parquet fédéral belge, soutenu par la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF), s’intéresse désormais de près à cette fulgurante prospérité.
Une vingtaine de dossiers auraient déjà été ouverts contre la famille Tshisekedi, tandis que d’autres figures comme Mutombo sont soupçonnées d’avoir orchestré le transit de fonds illicites depuis la RDC.
Les autorités belges, bien que réactives aujourd’hui, ont longtemps laissé ces pratiques se développer. Ce laxisme historique interroge sur la complaisance des acteurs financiers européens, souvent attirés par les capitaux en dépit de leur provenance douteuse.
Si des mécanismes de contrôle plus rigoureux avaient été appliqués plus tôt, peut-être que ces flux financiers illicites auraient pu être stoppés.
Impunité et collusion : le moteur d’une corruption systémique
Le véritable ciment de ces pratiques reste l’impunité. En RDC, le système judiciaire est incapable de faire face à ces élites, protégées par leurs réseaux d’influence et par une politisation accrue des institutions. Lorsqu’ils sont poursuivis, les responsables de détournements massifs bénéficient de protections qui entravent toute possibilité de justice.
Cette impunité n’est pas sans conséquence. Pour la RDC, elle prive l’État de ressources vitales qui pourraient servir à construire des infrastructures, financer l’éducation ou améliorer les conditions de vie.
A’international, elle expose les failles des mécanismes de lutte contre le blanchiment et montre à quel point les pays complices, comme la Belgique, participent malgré eux à l’entretien de ce système.
Une nécessaire mobilisation contre un mal global
La corruption, le blanchiment d’argent, et l’impunité forment un cercle vicieux qui gangrène la RDC et trouve des relais dans des pays comme la Belgique. Pour briser cette dynamique, il faut une coopération renforcée entre États, des mécanismes de contrôle financiers plus stricts et une justice indépendante. La lutte contre ce fléau n’est pas qu’un enjeu congolais, mais un impératif mondial. Sans cela, les scandales continueront de se succéder, laissant un peuple entier sombrer dans la pauvreté pendant que ses élites prospèrent.
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