Ces miliciens, réfugiés dans l’Est congolais, sont sanctionnés par le Conseil de sécurité des Nations unies depuis 2012 et accusés de crimes odieux : meurtres, mutilations, viols, déplacements forcés et enrôlement d’enfants. Pourtant, paradoxalement, leur présence a été tolérée et même instrumentalisée par certains acteurs au sommet de l’État congolais, dans un enchevêtrement de contradictions et de volte-face qui fragilise la crédibilité nationale et compromet la sécurité régionale.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Ambassadeur Olivier Nduhungirehe, demeure incontestablement l’une des voix les plus claires et les plus rigoureuses de la diplomatie régionale. Toujours prompt à rétablir la réalité et les faits, il s’attache systématiquement à resituer le contexte avec pédagogie, employant des termes précis et tranchants qui rompent avec la langue de bois coutumière des discours officiels.
Sa manière de procéder ne se limite pas à une simple dénonciation : elle établit une lecture structurée et intelligible des événements, rappelant les responsabilités historiques et contemporaines des acteurs impliqués, et confrontant les assertions trompeuses à la vérité tangible des faits sur le terrain.
Il révèle ainsi sur son compte X que dans le cadre des réunions du Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM), qui se tiennent à Washington D.C, le chef de la délégation congolaise, le Général Patrick Sasa Nzita, persiste à nier l’existence des FDLR, qualifiant leur présence sur le sol congolais de simple « prétexte avancé par le Rwanda pour envahir le Congo ».
Ce dernier affirme même que, si la décision avait été entre ses mains, il n’aurait jamais approuvé le CONOPS ni signé l’Accord de paix de Washington.
Quelques jours plus tard, le Général Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, reconnaît leur existence mais les localise dans « la partie occupée aujourd’hui par l’AFC/M23 », ajoutant qu’« ils veulent se rendre, mais qu’on les en empêche ».
Cette succession de déclarations dissonantes illustre un manque total de coordination et de cohérence stratégique au plus haut niveau de l’État, transformant la politique sécuritaire en un théâtre de déclarations contradictoires, au mépris de la gravité de la situation sur le terrain.
Pourtant, l’urgence de la neutralisation des FDLR, longtemps alliés de circonstance des FARDC n’a jamais été aussi pressante. Dans une récente déclaration à la RTNC, le Général Sylvain Ekenge avait annoncé une « interdiction stricte et sans faille » pour tous les militaires, quel que soit leur grade, de nouer ou d’entretenir tout contact avec ces miliciens. « Tout contrevenant sera mis aux arrêts et subira la rigueur de la loi », a-t-il précisé, donnant un signal clair de tolérance zéro.
Cette décision fait écho aux nombreuses observations d’experts de l’ONU et aux reportages de terrain, notamment à Bambo, dans le Nord-Kivu, où des coopérations entre soldats congolais et FDLR ont été constatées lors d’offensives contre le M23, entraînant le déplacement de plus d’un million de civils.
Le contexte régional ajoute une dimension géopolitique sensible. Le Rwanda considère les FDLR comme une menace directe pour sa sécurité et n’a cessé d’exiger de Kinshasa leur neutralisation.
La visite de la responsable du renseignement américain, Avril Haines, en RDC et au Rwanda, avait renforcé la pression internationale pour que les FARDC rompent avec ces alliances ambiguës.
L’Est de la RDC demeure un territoire hautement volatile, théâtre d’alliances de circonstance et de trahisons stratégiques. Si les FARDC mettent effectivement fin à leur coopération avec les FDLR et appliquent rigoureusement les interdictions émises par le porte-parole militaire, la région pourrait entrevoir un retour progressif à la légitimité de l’État et à la sécurité.
Mais le chemin demeure semé d’embûches : les contradictions persistantes au sommet de l’État et les intérêts divergents des acteurs locaux et internationaux rendent la stabilité encore fragile, et rappellent combien la crise congolaise est autant politique que militaire, exigeant des décisions claires, cohérentes et courageuses.














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