Bitakwira fait du Bitakwira

Redigé par Tite Gatabazi
Le 26 novembre 2025 à 10:30

Justin Bitakwira, député national et ancien ministre, a longtemps revendiqué haut et fort son rôle de parrain et protecteur des wazalendo du Sud Kivu auprès du Chef de l’État, affichant avec ostentation son influence et son pouvoir de prescription dans les affaires politico-militaires de la région.

Mais depuis que les vents de la fortune ont tourné à leur désavantage, son image publique vacille, mise à nu par la rigueur des faits et la sanction internationale qui le frappe. Le 8 décembre 2022, l’Union européenne a en effet pris la décision de le sanctionner pour des discours incitant à la violence contre la communauté Banyamulenge, des propos qui ont contribué à exacerber les conflits dans les Hauts-Plateaux du Sud-Kivu, transformant le verbe politique en une arme de destruction sociale et humanitaire.

Confronté aux dérives flagrantes des Wazalendo, il s’est livré à une rhétorique de réprobation d’une intensité emphatique, proclamant que la confiance populaire, accordée avec plus de crédit qu’à l’armée elle-même, avait été trahie. Selon lui, ceux-là mêmes qui devaient garantir la sécurité et la sérénité des citoyens sont devenus, paradoxalement, une source continuelle d’insécurité, instillant la peur et le chaos là où régnaient autrefois l’ordre et la stabilité.

La légalisation des Wazalendo constitue un acte de gouvernement d’une portée exceptionnelle, engageant de manière directe et irrévocable la responsabilité au sommet de l’État. Il ne s’agit pas d’une simple mesure administrative ou politique, mais d’une décision dont les conséquences sur la sécurité, la stabilité et la cohésion nationale sont à la fois immédiates et durables.

En assumant cette légitimation, le sommet de l’exécutif se voit intrinsèquement tenu de répondre de la conduite de ces groupes, de prévenir leurs dérives et de garantir que leur incorporation ne se transforme pas en facteur de chaos et d’insécurité. Ainsi, cette décision impose une reddition de comptes sans détour ni complaisance, révélant l’impérieuse nécessité que les responsabilités soient non seulement reconnues mais également sanctionnées en cas de manquements, afin de préserver la crédibilité et la légitimité de l’autorité étatique.

A Uvira, chaque jour, ce sont vos tirs qui sèment la peur. Ironie du sort : Bukavu, sous contrôle rwandais, paraît mieux sécurisée que nos propres villes, dit Bitakwira.

Si cela continue, je demanderai votre désarmement. Toutefois, ces élans dénonciateurs, bien que théâtralement formulés, révèlent davantage l’impasse dans laquelle se trouve celui qui, hier, se voulait maître de la scène, que la capacité réelle à résoudre le chaos qu’il dénonce.

Soyons lucides : Monsieur le député a agi en pleine connaissance de cause, conscient que ces Mai-Mai convertis en Wazalendo étaient des criminels endurcis, nourris depuis des décennies de violences, de meurtres, de viols et d’intimidations. Pourtant, il a sciemment exploité leur influence et leur brutalité à des fins de positionnement politique, construisant sa stratégie sur un acharnement idéologique qui en constitue la trame même.

La dure réalité demeure : ces groupes armés, lourdement équipés d’armes sophistiquées et de matériels de pointe, défient toute autorité et mettent en échec les forces régulières, mais ce calcul politique cynique ne saurait l’absoudre.

Sa panique récente, palpable et incontestable, atteste de la conscience aiguë du risque encouru, et il doit désormais s’attendre à répondre de ses choix devant la justice, au regard des conséquences de sa manipulation et des violences qu’il a contribué à légitimer.

Au Maniema comme dans le Sud-Kivu, l’impuissance se fait criante. Les officiers militaires multiplient les alertes, dénonçant l’impasse stratégique et le désordre entretenu par l’inaction ou la complicité implicite de certaines sphères du pouvoir.

L’agitation de Bitakwira, ses gesticulations publiques et ses rodomontades ne trompent personne : elles traduisent un désarroi prévisible, une tentative vaine de masquer l’inéluctable pression de la justice qui finira par le rattraper.

Hier parrain, aujourd’hui harcelé par les conséquences de ses propres choix et engagements, il incarne tragiquement la chute de ceux qui, ayant joué avec la violence et les groupes armés, découvrent trop tard qu’on ne manipule pas l’Histoire impunément.

En définitive, la posture de Justin Bitakwira illustre la vanité des ambitions politiques déconnectées de l’éthique et de la responsabilité. Son nom restera associé non seulement à la protection d’éléments dévoyés, mais également à la démonstration éclatante de la fragilité des positions acquises par l’intrigue et le clientélisme : un rappel cruel que la justice et le temps finissent toujours par sanctionner les excès et les dérives.

Justin Bitakwira, ancien protecteur des wazalendo, voit aujourd’hui la réputation des miliciens vaciller sous le poids des faits et des sanctions internationales

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