Dans un entretien accordé à IGIHE, il raconte avoir servi à la fois comme soldat chargé de la protection des hauts dirigeants du groupe génocidaire et comme prédicateur religieux, avant d’être rapatrié au Rwanda en 2019.
Originaire du district de Karongi, dans la cellule de Rwankuba, Mpakaniye, alias Che Guevara Jacob, avait 20 ans lorsqu’il a fui le Rwanda après le génocide contre les Tutsi, alors qu’il poursuivait ses études secondaires à l’EAVFO Kibisabo à Nyabihu.
« J’ai quitté le Rwanda en 1994. Dans l’Ouest du pays, les forces armées rwandaises (ex-FAR) venaient d’être défaites et de nombreux responsables s’enfuyaient vers la République démocratique du Congo (RDC). Avec mes trois frères aînés, ma mère et quelques voisins, nous avons choisi de fuir, tandis que mon père est resté derrière, car il était emprisonné », raconte-t-il.
Installés dans des camps de réfugiés à Kamanyola en RDC, ils ont été dispersés en 1998 lorsque les attaques menées par le groupe AFDL contre le régime de Mobutu Sese Seko ont détruit les camps. La même année, les FDLR, se repliant dans des régions un peu plus reculées en RDC après plusieurs infiltrations au Rwanda, ont donné l’ordre à tous les hommes et jeunes réfugiés rwandais de rejoindre leurs rangs.
« L’incorporation dans les FDLR n’était pas volontaire », précise-t-il. « Nous avons reçu une formation militaire, mais les temps étaient très difficiles : les réfugiés rwandais étaient traqués par les Mai-Mai et l’AFDL, et retourner au Rwanda était impossible pour nous, car on risquait d’être tué par les FDLR si l’on tentait de le faire. »
Alors que les combats débutaient à Masisi en 2002, Mpakaniye rejoint l’unité chargée de protéger les hauts dirigeants des FDLR, avant de se déplacer dans le Sud-Kivu avec le général-major Paul Rwarakabije. En 2004, à l’absence de ce dernier, il resta dans l’unité du général Sylvestre Mudacumura, en charge de sa protection. Il y demeura jusqu’en 2014, lorsqu’une maladie cardiaque le contraint à se faire soigner à Rutshuru, puis à Goma.
Le lieutenant-colonel souligne que les conditions de vie dans lesquelles les plus jeunes évoluent au sein des FDLR favorisent leur enrôlement. « Comme les combattants passent une grande partie de leur temps sur le front, leurs enfants s’habituent très tôt à la violence. Ils grandissent entourés d’armes et voient les combats comme une réalité quotidienne », explique-t-il. « Souvent, ces enfants n’ont jamais connu d’autre mode de vie et sont enrôlés avant d’atteindre l’âge adulte. »
Parallèlement au combat, Mpakaniye indique s’être engagé dans l’évangélisation au sein de l’Église ADEPR en Exil des réfugiés rwandais, qui collaborait avec une église locale du nom de 8e CEPAC.
« J’ai commencé le bénévolat dans l’évangélisation en 2003 et j’ai assuré l’enseignement à plein temps jusqu’en 2019. Notre message portait sur la Parole de Dieu, mais les FDLR avaient leurs propres rassemblements religieux, qui dictaient ce qui devait être enseigné », raconte-t-il.
Selon lui, ses enseignements s’appuyaient sur la foi véritable, contrairement à certains membres des FDLR, qui dispensaient des instructions destinées à renforcer la motivation des combattants. Il indique espérer pouvoir exercer ses activités religieuses au Rwanda si l’ADEPR lui en donne l’autorisation.
Mpakaniye raconte, entre autres, différentes opérations menées contre les FDLR, telles que Umoja Wetu et Sokorade, conduites conjointement par le Rwanda et la RDC. Ces opérations visaient à neutraliser les FDLR et les groupes armés en RDC et ont notamment conduit à la mort du général Leodomir Mugaragu ainsi que de plusieurs autres combattants.
En 2019, alors qu’il se trouvait à Goma pour des soins cardiaques, Mpakaniye raconte avoir été arrêté par l’armée congolaise et remis au Rwanda. Son épouse et leurs six enfants vivent toujours à Goma et espèrent le retrouver une fois qu’il aura retrouvé une vie civile normale et une santé stable.














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