Les FDLR ou l’évidence ignorée

Redigé par Tite Gatabazi
Le 28 novembre 2025 à 02:28

Peut-on, après tant d’années de silence et de compromissions, finir par admettre l’évidence concernant les FDLR ? L’idéologie qu’elles véhiculent, héritée des racines les plus sombres du génocide contre les tutsi de 1994, continue de semer la terreur à l’Est de la République démocratique du Congo.

Les ravages matériels et humains provoqués par ces groupes armés ne sauraient être sous-estimés : massacres, viols, pillages et déplacements massifs de populations témoignent d’une violence systématique, organisée et durable. Et pourtant, cette tragédie semble paradoxalement tolérée, voire soutenue, dans un réseau complexe de complicités régionales et internationales.

Les voyages incessants de l’un des enfants du défunt Juvénal Habyarimana, principal architecte du génocide contre les Tutsi, les interventions de personnalités tapis dans l’ombre, ainsi que l’action d’associations affichant ouvertement leur appui aux FDLR, confirment une réalité glaçante.

Ces entités bénéficient d’une protection implicite, parfois explicite, de gouvernements occidentaux qui, au nom de prétendus intérêts diplomatiques ou sécuritaires, ferment les yeux sur la pérennisation d’un projet génocidaire. La responsabilité du gouvernement congolais lui-même, et singulièrement celle du président Tshisekedi, apparaît ainsi directement engagée dans ce que l’on pourrait qualifier de soutien direct ou même d’intégration partielle de ces forces dans l’appareil militaire national.

L’accord signé avec le Rwanda, stipulant que la RDC doit neutraliser les FDLR afin de permettre à Kigali de lever ses mesures de défense, souligne la contradiction frappante entre les obligations internationales et les pratiques locales. Cette situation, trente un ans après que le génocide contre les tutsi ait été reconnu et documenté par les Nations unies, révèle une anomalie politique et morale : un groupe génocidaire persiste non seulement avec l’appui de certaines sphères du pouvoir congolais, mais parfois sous l’aile protectrice de son armée.

Une telle réalité devrait susciter une indignation universelle, une alarme de la part de la communauté internationale, tant elle illustre la persistance de logiques de violence qui n’ont jamais été véritablement jugulées.

La question n’est donc plus seulement celle de la neutralisation militaire des FDLR, mais celle d’une responsabilité collective et d’un impératif moral : comment accepter qu’un projet génocidaire bénéficie encore de complicités, d’alliances et de protections institutionnelles, au détriment de la sécurité des populations et de la stabilité régionale ?

Reconnaître cette évidence n’est pas un acte de provocation, mais l’ultime condition pour que la RDC et la communauté internationale puissent enfin rompre avec des décennies d’impunité et engager un processus réel de pacification, de justice et de reconstruction.

Peut-on enfin reconnaître l’évidence que les FDLR, héritières des pires idéologies du génocide de 1994, continuent de semer la terreur à l’Est de la RDC

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