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Fin de partie pour l’attentat du 6 Avril 1994

Redigé par Fondation Yolande Mukagasana
Le 19 février 2022 à 07:03

La Cour de cassation française vient de clôturer le dossier de l’attentat qui a coûté la vie au Président planificateur du génocide contre les Tutsi, Juvénal Habyarimana. C’est une excellente nouvelle pour les rescapés du génocide, mais aussi des Français qui n’ont cessé de se battre pour la vérité. Nous en profitons pour rendre hommage à certains qui ne sauront jamais que leur combat n’était pas vain et qui ne sont plus. Comme François-Xavier Verschave et Jean-Paul Gouteux. Mais cela suffit-il ? Pouvons-nous faire confiance en cette France ? Ce pays qui a toujours joué la carte de l’attentat contre l’avion pour camoufler ses responsabilités dans le génocide perpétré contre les Tutsi ? Qui vivra verra.

La France a intensément participé à la guerre contre le Front patriotique rwandais dès le début. Sous les regards impuissants des Rwandais, la France a combattu auprès des Forces armées rwandaises contre le Front patriotique rwandais, les seules forces qui voulaient libérer le Rwanda de la dictature et de l’exclusion de certains. Ces jeunes du FPR qui ont sacrifié leurs vies et leur jeunesse et ont arrêté le génocide devant l’abandon des victimes face à leurs bourreaux pendant 100 jours. C’est cette France qui a exfiltré les grands génocidaires avec armes et bagages pour les faire échapper à la justice. La France est à la source de ce que la région des Grands Lacs est aujourd’hui. Exfiltrer les forces du mal vers le Congo fut à l’origine de l’insécurité dans la région. Que compte faire la France pour arrêter cette politique qu’elle a initiée dans le Kivu ?

Depuis le génocide, les guerres se sont enchaînées dans la région et le Rwanda n’a jamais pu vivre en paix malgré la fin du génocide jusqu’à ce jour. Qui peut oublier la guerre des infiltrés contre le Rwanda qui a endeuillé le nord de ce pays déjà martyrisé par le génocide ? La France entretenait les forces génocidaires au Congo depuis la fin du génocide. C’est la France qui a continué à livrer les armes aux assassins rwandais pendant l’embargo sous prétexte des accords de coopération militaire. C’est dans les locaux de l’ambassade de France que le colonel Bagosora, un des plus grands planificateurs du génocide et son gouvernement génocidaire ont prêté serment.

C’est de l’ambassade de France qu’est partie la rumeur du 7 avril comme quoi l’avion du Président Habyarimana avait été abattu par les Tutsi. Cette rumeur fut le meilleur alibi possible pour les génocidaires trouvant le prétexte de massacrer les Tutsi, non parce qu’ils étaient Tutsi mais pour avoir tué le président des Hutu. Une façon de nier le génocide depuis son début. La première négation du génocide est donc partie de là, puisque les Tutsi devaient être coupables de quelque chose.

L’opération Turquoise que la France a maquillée d’humanitaire fut une opération macabre qui a permis la continuité du génocide. La Zone turquoise fut la seule zone dirigée par la France au Rwanda, dans laquelle le FPR n’a pas pu arriver à temps pour arrêter le génocide et ce dernier a pu continuer à se perpétrer en toute tranquillité. C’était normal, car cette zone était devenue un département français. Rien d’étonnant qu’après tout cela, les idéologues et les génocidaires rwandais se sentent chez eux dans la vraie France. Cette zone fut le corridor par lequel les génocidaires mêlés aux militaires vaincus eurent accès au Zaïre, l’actuelle République démocratique du Congo.

Nous ne doutons pas que cette décision française est une ouverture peut-être qui conduira nos deux peuples à vivre ensemble. Une ouverture qui donne la possibilité aux deux États d’avancer ensemble. Cela est un fait. Les intérêts français au Rwanda sont à nouveau représentés par le retour des entreprises françaises. L’essentiel est la gestion de cette relation. Mais pourquoi cela a-t-il pris autant de temps, alors que la France connaît la vérité depuis toujours ? Au-delà de tout cela, les enfants qui sont nés en 1994 ont 28 ans aujourd’hui. Les orphelins qui ont survécu à cette époque du génocide perpétré contre les Tutsi sont déjà parents. Ceux qui avaient survécu jusqu’à un âge avancé ne sont plus de ce monde. Les femmes, n’en parlons pas. Beaucoup d’entre elles sont mortes d’abus sexuels subis par toutes ces forces négatives et génocidaires. Non seulement du VIH de leurs bourreaux, mais aussi de différents cancers, dont celui de la matrice.

Le pouvoir français de Mitterrand et de ceux qui l’ont suivi a fait la sourde oreille depuis 1994 sur le rôle joué par la France dans la préparation et l’exécution du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda, jusqu’au jour où le Président français Emmanuel Macron a reconnu le rôle accablant de son pays. La France a toujours joué un rôle de négationniste du génocide, affirmant que les libérateurs ayant mis fin au génocide étaient à la base de ce même génocide : un cynisme des autorités françaises mitterrandiennes et certains soldats français ayant joué un rôle dans ce génocide ou dans la torture des rescapés depuis plus de 27 ans maintenant. Certains continuent dans la même voie en attaquant en justice toute voix qui ose se lever pour dénoncer. Comme Guillaume Ancel, Patrick de Saint-Exupéry ou encore Bruno Boudiguet... Pour faire pression sur le Rwanda, la France a poussé le bouchon jusqu’à émettre des mandats d’arrêt internationaux contre nos libérateurs. Sans se soucier du respect que chacun de nous leur doit, uniquement pour humilier celui ou ce que ces autorités représentaient, malgré leurs passeports diplomatiques. Aujourd’hui qu’en fait la France ? Quelles réparations la France compte-t-elle faire pour tout cela ?

La France sait qu’elle a exfiltré des génocidaires dont Agathe Kanziga, la femme de Juvénal Habyarimana tandis que Kabuga, le financier du génocide, n’a été arrêté en France qu’en 2020. Pourtant, il aurait suffi de suivre sa trace par les téléphones portables de ses enfants. Même si elle n’est pas le seul pays qui héberge des assassins du génocide, que réserve la France à tous ces gens ? La poudre aux yeux finit par être dissoute par des larmes. Il est temps que la France arrête de harceler ceux qui disent la vérité. Il est temps que la France ouvre les procès de ces femmes violées qui ont déposé leurs plaintes en France. Il est temps que la France fasse preuve d’humanité en Afrique.

Toute notre reconnaissance au Président de la Cour de cassation française.

Fondation Yolande Mukagasana


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