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Grands Lacs : le Rwanda alerte sur les risques d’atrocités et interpelle l’ONU

Redigé par IGIHE
Le 24 septembre 2025 à 05:20

Le Rwanda a exhorté les Nations unies à renforcer leurs actions face aux discours de haine et aux signes annonciateurs d’atrocités dans la région des Grands Lacs, avertissant que la crédibilité du principe de la «  Responsabilité de protéger  » (R2P) était en jeu.

S’exprimant lors d’une réunion de haut niveau sur la R2P, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York le 23 septembre, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Amb. Olivier Nduhungirehe, a alerté sur les dangers des discours de haine non contrôlés dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), qui préparent un terrain dangereux propice aux massacres de masse.

«  Ces échanges ne sont pas de simples débats académiques, ils relèvent de notre responsabilité collective de prévenir le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité  », a déclaré le ministre.

Les propos de Nduhungirehe interviennent alors que les menaces contre les communautés tutsi dans l’est de la RDC s’intensifient. Des groupes armés, notamment les FDLR – responsablent du génocide contre les Tutsi de 1994 au Rwanda – continuent d’opérer avec le soutien de Kinshasa.

Selon lui, les actuels schémas d’incitation à la haine ethnique présentent des similitudes inquiétantes avec la montée des tensions qui avait conduit au génocide.

«  Le Rwanda sait mieux que quiconque ce que coûte l’inaction. Pourtant, dans la région des Grands Lacs aujourd’hui, nous constatons une fois de plus la montée des discours de haine, de la violence fondée sur l’identité et d’une idéologie génocidaire qui se propage rapidement  : des signes avant-coureurs que nous ne pouvons nous permettre d’ignorer  », a-t-il averti.

Le ministre a rappelé que le cadre de la R2P, adopté en 2005, confie aux États la responsabilité de protéger leurs citoyens et habilite la communauté internationale à intervenir en cas de manquement, une mise en œuvre qui reste pour le moins insuffisante. Il a dénoncé l’application sélective de la doctrine et averti que l’ignorance des injustices structurelles ou l’adhésion à des «  récits fabriqués inversant les rôles de victimes et de coupables  » trahissent l’autorité morale de l’ONU.

«  La souveraineté doit être comprise comme une responsabilité, et non un bouclier pour justifier l’inaction. Lorsque les États ne parviennent pas à protéger leurs propres populations, la légitimité de l’action internationale ne devrait pas être remise en question. Les vies perdues en raison de notre hésitation au nom de la souveraineté sont des vies trahies par la Charte des Nations unies que nous avons juré de respecter  », a insisté Nduhungirehe.

Le ministre a également appelé l’ONU à traduire les déclarations en mesures concrètes de prévention, notamment par la mise en place de systèmes d’alerte précoce permettant une action rapide et par l’instauration de mécanismes clairs de responsabilité contre l’incitation à la haine.

«  Les discours de haine ne relèvent pas de la liberté d’expression lorsqu’ils préparent le terrain au génocide  », a-t-il souligné, ajoutant que les acteurs qui alimentent la violence doivent en subir les conséquences institutionnelles et perdre le soutien international.

Tout en reconnaissant certains progrès, comme la création du Bureau des Nations unies pour la prévention du génocide et la mise en place d’outils d’alerte précoce, le ministre a rappelé que des lacunes persistent, notamment dans la cohérence et la rapidité des réponses.

«  La R2P ne sera jugée ni sur l’éloquence de nos débats, ni sur nos paroles, mais sur sa capacité à prévenir la prochaine tragédie de masse. Le Rwanda propose donc des actions concrètes  », a conclu le ministre Nduhungirehe, précisant que cette doctrine doit être ancrée dans les réalités historiques de la région des Grands Lacs, où les conflits liés aux terres, l’exclusion et les injustices historiques continuent d’alimenter les tensions.

Le Rwanda a exhorté les Nations unies à renforcer leurs actions face aux discours de haine et aux signes annonciateurs d’atrocités dans la région des Grands Lacs

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