La Conférence de Berlin, qui s’est tenue du 15 novembre 1884 au 26 février 1885, a marqué un tournant décisif dans cette transformation. Alors que les nations européennes se disputaient la division de l’Afrique, le Rwanda, comme beaucoup de ses voisins, s’est retrouvé pris dans le filet de l’impérialisme.
C’est au cours de cette conférence que le sort du Rwanda a été scellé le 15 novembre 1884, le pays étant placé sous contrôle allemand.
Les répercussions de cette décision furent majeures. Avant la colonisation allemande, puis belge, le Rwanda n’avait jamais connu de massacres internes. La Conférence de Berlin entraîna ensuite la signature de l’Acte général pour le partage de l’Afrique entre les puissances occidentales.
Le Rwanda fut assigné à la zone allemande. Par la suite, l’Allemagne, l’Angleterre et la Belgique convinrent de réduire les frontières du Rwanda, annexant certains territoires rwandais au Congo belge et à l’Ouganda.
L’étincelle de la colonisation
La Conférence de Berlin, organisée par le chancelier allemand Otto von Bismarck, avait un objectif unique : réguler la colonisation et le commerce européens en Afrique.
La conférence réunit des représentants de 14 puissances européennes, dont la Grande-Bretagne, la France, la Belgique, le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie, afin de formaliser leurs revendications sur les territoires africains.
Elle fut régie par ce qui est devenu connu sous le nom d’Acte de Berlin (1885), un document fixant les règles de la colonisation. Il exigeait que les puissances européennes se notifient mutuellement leurs revendications territoriales et qu’elles assurent une occupation effective. L’Afrique, qui avait longtemps été le foyer de civilisations prospères, devint désormais un pion dans la géopolitique européenne.
Le Rwanda, ainsi que le Burundi, fut assigné à l’Allemagne dans le cadre du protectorat plus vaste de l’Afrique orientale allemande, qui comprenait également l’actuelle Tanzanie. Cela marqua le début d’un changement radical dans la trajectoire de la région.
Les effets de la Conférence de Berlin furent considérables, notamment au Rwanda. La décision de placer le Rwanda sous domination allemande n’était pas seulement une question de contrôle territorial ; elle marquait le début d’une ère coloniale qui allait transformer profondément les structures sociales, économiques et politiques du pays.
À cette époque, le Rwanda était dirigé par le roi Kigeli IV Rwabugiri, dont l’autorité fut réduite par les Allemands.
Son pouvoir fut affaibli par l’administration coloniale, qui prit le contrôle total de l’économie et de la gouvernance. L’imposition du régime européen engendra des tensions entre la monarchie locale et les puissances coloniales.
L’effondrement du contrôle allemand
Bien que la domination allemande au Rwanda ait été de courte durée, ses impacts furent durables. La Première Guerre mondiale (1914-1918) entraîna un changement décisif dans la tutelle coloniale du pays. En 1916, alors que l’Allemagne était absorbée par le conflit européen, les forces belges s’emparèrent des colonies allemandes en Afrique, dont le Rwanda.
Selon le livre Histoire du Rwanda, publié en 2016 par la Commission Nationale pour l’Unité et la Réconciliation, sous la supervision de Paul Rutayisire et Déo Byanafashe, les derniers soldats allemands quittèrent Kigali le 5 mai 1916.
Après la guerre, comme l’indiquent les Nations unies, la Société des Nations accorda à la Belgique un mandat sur le territoire du Rwanda, alors appelé Ruanda-Urundi, le 20 octobre 1924, en faisant des colonies belges.
Le passage du contrôle allemand au contrôle belge marqua un nouveau chapitre dans l’histoire coloniale du Rwanda. Le 1ᵉʳ janvier 1932, la Belgique instaura les cartes d’identité ethniques, renforçant ainsi l’implication de l’administration coloniale dans les structures sociales du Rwanda et consolidant la division entre les populations tutsi et hutu.
Le chemin du Rwanda vers l’indépendance
L’histoire coloniale du Rwanda, d’abord façonnée par l’Allemagne puis par la Belgique, a laissé des cicatrices durables sur la nation. À partir de 1917, la Belgique entreprit des réformes profondes des institutions coutumières rwandaises, introduisant une législation du travail comprenant des châtiments corporels sévères.
Pendant cette période, le parti politique raciste PARMEHUTU émergea, accédant au pouvoir à travers un massacre bien orchestré de la population tutsi, qui débuta le 2 novembre 1959.
Pour garantir la domination du PARMEHUTU, la Belgique envoya le colonel Guy Logiest au Rwanda en tant que Résident militaire spécial, lui accordant une autorité administrative totale. Une fois convaincue que le PARMEHUTU avait consolidé sa prise de contrôle sur le paysage politique, la Belgique accorda l’indépendance au Rwanda en juillet 1962. Cependant, l’indépendance n’apporta ni paix ni stabilité.
Entre 1959 et 1962, le pays subit une série de massacres impunis, notamment la mort de plus de 2 000 Tutsi dans la préfecture de Byumba en mars 1962.
En décembre 1963, un génocide plus systématique visant les Tutsi fut orchestré avec le soutien de la Belgique. Certains diplomates, missionnaires, membres du personnel de coopération internationale, ainsi que la presse française, belge et britannique, et le Vatican, qualifièrent ces massacres de génocide.
Les profondes divisions sociales et politiques créées par le système colonial continuèrent de hanter le pays, culminant finalement avec le génocide contre les Tutsi en 1994.
Ce chapitre tragique prit fin grâce à l’intervention de l’Armée patriotique rwandaise (APR).














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