Cette cérémonie au Palais des Nations venait de clore une semaine d’activités de commémoration, notamment le 7 avril avec le dépôt des gerbes de fleurs à la Stèle commémorative se trouvant à la Place des Nations à Genève, en présence de diverses autorités du Canton et de la Ville de Genève, dont la maire de Genève, Christina Kitsos. Le 12 avril à Lausanne, la communauté rwandaise, avec les amis du Rwanda, ont participé à une veillée commémorative. Cette veillée a été marquée par le témoignage de deux rescapées représentant deux générations : Anita Cyabakanga âgée de 9 ans en 1994 et Madeleine Narame, une maman de 9 enfants qui était âgée de 40 ans au moment du génocide contre les Tutsi.
Lors de la commémoration au Palais des Nations ce 14 avril 2025, César Murangira, président d’IBUKA Suisse, a pris la parole pour souligner l’importance de se souvenir des victimes de ce crime innommable.
« Nous sommes réunis ici pour rendre hommage aux victimes du génocide commis contre les Tutsis en 1994 au Rwanda. À partir du 7 avril, la communauté rwandaise, tant au pays qu’à l’étranger, entre dans une période de 100 jours de deuil, une tradition que nous honorons pour la 31ème fois cette année. En ce moment solennel, nous nous inclinons devant la mémoire de plus d’un million de Tutsis assassinés uniquement en raison de leur origine ethnique, victimes d’une idéologie raciste d’État », a-t-il déclaré.
Murangira a souligné que ces âmes n’étaient pas de simples statistiques, mais des êtres humains porteurs de rêves, d’ambitions et d’histoires uniques. Leur absence, a-t-il ajouté, crée une douleur persistante pour ceux qui ont perdu des proches : « Les rescapés de cette tragédie vivent avec des séquelles physiques et psychologiques, rendant leur quotidien extrêmement difficile. Comment faire le deuil lorsque l’on a perdu plusieurs membres de sa famille et que l’on est sans soutien ? »
Il a également insisté sur la nécessité de moments de commémoration, qui servent non seulement à se souvenir de nos disparus, mais également à rappeler les capacités destructrices de l’être humain. « Un génocide n’est jamais l’aboutissement d’une colère soudaine, comme le soutiennent parfois les négationnistes. C’est un processus organisé qui repose sur une idéologie raciste, nécessitant une planification et un soutien institutionnel », a-t-il affirmé.
Murangira a rappelé que l’idéologie génocidaire ayant conduit à la perte tragique de tant de vies rwandaises trouve ses racines dans des siècles d’oppression, exacerbés par la colonisation belge. Cette dernière a créé des divisions ethniques artificielles qui ont profondément fracturé le tissu social rwandais.
Avant cette colonisation, a-t-il précisé, le Rwanda était un royaume uni, partageant une culture, le Kinyarwanda, et des valeurs communes. Cependant, l’arrivée des colons a rompu cet équilibre par des stratégies de division, notamment à travers l’introduction de cartes d’identité ethniques.
Poursuivant son discours, Murangira a évoqué une actualité troublante : « Alors que nous commémorons les souffrances passées, nous ne pouvons ignorer les horreurs encore présentes. Le génocide des Tutsis congolais dans l’Est de la République Démocratique du Congo, qui s’inscrit dans une logique raciste similaire, est un écho de notre passé. Les appels au meurtre des Tutsis congolais, entendus aux plus hauts niveaux de l’État, témoignent d’une dérive inquiétante. »
Il a lancé un appel à l’action collective : « Refusons la banalisation et le négationnisme. C’est un impératif moral de lutter contre toutes les formes de discrimination et d’injustice. Nous devons privilégier la vie humaine aux intérêts matériels. Les conséquences des génocides se font sentir à travers les générations. »
En conclusion, Murangira a remercié les participants pour leur présence en cette journée de réflexion et de recueillement, rendant hommage aux victimes du génocide commis contre les Tutsis au Rwanda et à toutes celles touchées par des violences dans le monde. « Agissons contre la haine, défendons notre humanité et unissons-nous face aux injustices pour véritablement honorer la mémoire des disparus. Que cette commémoration soit un engagement pour la justice, la paix et la dignité humaine pour tous », a-t-il exhorté.




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