Il a fait ces remarques lors d’une interview écrite (Q&R) avec Xinhua. Voici l’interview écrite.
Question : Au cours des 20 dernières années et plus, sous votre direction, le PIB(Produit intérieur brut) du Rwanda a crû à un taux moyen de près de 8 %, devenant l’une des économies à la croissance la plus rapide en Afrique et même dans le monde. Qu’est-ce qui a permis au Rwanda d’atteindre une telle croissance économique remarquable ?
Réponse : La croissance économique du Rwanda au cours des deux dernières décennies est le résultat d’une combinaison de facteurs, y compris le leadership, un engagement fort envers une bonne gouvernance et un accent sur le développement inclusif.
Nous avons priorisé la création d’un environnement stable et sécurisé, l’investissement dans le capital humain et la promotion d’un climat propice aux affaires.
De plus, notre accent sur les solutions locales, telles que la promotion de l’unité et de la réconciliation, nous a permis de construire un tissu social solide qui soutient le développement durable.
Question : Le Rwanda et la Chine ont réalisé un développement miraculeux dans des circonstances extrêmement difficiles. Quelles similitudes voyez-vous entre les deux pays en termes de gouvernance nationale ? Quels endroits en Chine avez-vous visités, et quelles sont vos impressions les plus profondes sur la modernisation de la Chine ?
Réponse : Le Rwanda et la Chine partagent une histoire commune en ce qui est des défis pour atteindre des progrès significatifs. Les deux pays ont fait preuve de résilience, de détermination et d’un engagement envers l’autosuffisance.
En termes de gouvernance, nous priorisons tous deux la planification à long terme, la stabilité sociale et le bien-être de nos citoyens.
Nous avons visité plusieurs endroits en Chine : Shanghai, Shenzhen et Pékin, entre autres, et ce qui m’impressionne le plus, c’est l’ampleur du développement et de la modernisation, en particulier dans les infrastructures et la technologie, qui sert d’inspiration pour le propre parcours de développement du Rwanda.
Question : Comment évaluez-vous les réalisations dans le développement des relations bilatérales au cours des 50 dernières années ? Notamment dans les domaines de la réduction de la pauvreté, de l’économie et du commerce, de l’agriculture, du développement vert et de la numérisation, quels résultats ont été atteints ?
Réponse : Nous avons approfondi notre coopération avec la Chine dans divers domaines, y compris le commerce, l’agriculture, le développement vert et la numérisation. La Chine est devenue l’un des plus grands partenaires commerciaux du Rwanda, et notre collaboration a conduit à des résultats tangibles, notamment en matière de réduction de la pauvreté et de développement des infrastructures.
Question : Ces dernières années, les deux pays ont réalisé une coopération fructueuse dans le cadre de l’Initiative Belt and Road (qui vise à renforcer la connectivité régionale à travers des projets d’infrastructure et d’investissement entre la Chine et environ 65 autres pays). Comment évaluez-vous le rôle de cette coopération dans la promotion du développement durable et l’amélioration des conditions de vie dans les deux pays ? Selon vous, dans quels domaines les deux pays peuvent-ils explorer davantage le potentiel de coopération à l’avenir ?
Réponse : L’Initiative Belt and Road a joué un rôle crucial dans l’amélioration des infrastructures du Rwanda et la promotion du développement durable. Des projets tels que des routes dans différents coins de notre pays et dans la ville de Kigali, l’IPRC (Integrated Polytechnic Regional Centre) Nord à Musanze, et la centrale hydroélectrique de Nyabarongo II ont eu un impact direct sur l’amélioration des conditions de vie et le soutien à la croissance économique.
À l’avenir, nous voyons un potentiel pour une coopération plus poussée dans des domaines tels que l’économie numérique, l’énergie renouvelable et la modernisation agricole.
Question : Le Rwanda est connu comme le « Pays des Mille Collines » avec de beaux paysages et des ressources touristiques riches. Cependant, le nombre de touristes chinois est encore relativement faible. Vous avez mentionné à plusieurs reprises que les Chinois sont les bienvenus pour travailler, vivre et voyager au Rwanda. Comment pensez-vous que les gouvernements et les médias des deux pays peuvent mieux promouvoir le Rwanda ?
Réponse : Le Rwanda a beaucoup à offrir en termes de tourisme, et nous sommes impatients d’accueillir davantage de touristes chinois. Pour améliorer la compréhension et la sensibilisation mutuelle, les gouvernements et les médias peuvent jouer un rôle pivot. Nous devrions promouvoir les échanges culturels, les partenariats éducatifs et les initiatives touristiques. En mettant en avant la beauté du Rwanda et l’hospitalité de son peuple, nous pouvons attirer plus de visiteurs de Chine, renforçant ainsi nos liens culturels bilatéraux.
Question : Vous avez visité la Chine à plusieurs reprises et avez assisté aux sommets de Pékin du FOCAC en 2006 et 2018 en tant que président du Rwanda. En 2018, vous avez mentionné lors du forum que « le cadre de coopération élargi présenté par le président chinois Xi Jinping reflète pleinement notre compréhension commune de l’avenir de notre communauté. » Six ans ont passé ; la coopération envisagée a-t-elle répondu à vos attentes ?
Réponse : Le FOCAC a été une plateforme clé pour approfondir le partenariat entre la Chine et l’Afrique. Le cadre de coopération élargi présenté par le président Xi en 2018 a effectivement répondu à nos attentes, notamment dans des domaines tels que le développement des infrastructures et la connectivité numérique.
Les touristes et les entrepreneurs chinois peuvent désormais voyager au Rwanda et obtenir des visas à leur arrivée. Quant au sommet de cette année, nous attendons avec impatience de renforcer davantage notre coopération, surtout dans les domaines nouveaux et émergents, en veillant à ce que notre partenariat continue de bénéficier à la fois à la Chine et à l’Afrique.
Question : Le Rwanda et la Chine ont tous deux subi des désastres significatifs dans leur histoire en raison de l’ingérence des pays occidentaux dans nos affaires internes. Même aujourd’hui, certains pays occidentaux tentent encore de saper la coopération Chine-Afrique en fabriquant de faux récits tels que les « pièges de la dette » et le « néo-colonialisme. » Quelle est votre évaluation de ces affirmations ? De votre point de vue, comment les pays devraient-ils aborder et coopérer avec l’Afrique ?
Réponse : Les affirmations sur les « pièges de la dette » et le « néo-colonialisme » sont souvent infondées et reflètent un malentendu sur la nature de la coopération Chine-Afrique. Le Rwanda, comme de nombreux autres pays africains, valorise son partenariat avec la Chine, qui est basé sur le respect mutuel et les intérêts partagés.
Plutôt que d’être dictées par des récits externes, nous croyons en l’évaluation des partenariats en fonction de leurs résultats réels. Notre approche de la coopération est celle qui met l’accent sur la souveraineté, l’autonomie et la poursuite de résultats gagnant-gagnant.
Question : En mars 2013, peu après que le président Xi ait pris ses fonctions de président chinois, il a visité l’Afrique et pour la première fois a présenté au monde une politique de sincérité, de résultats réels, d’amitié et de bonne foi, et de poursuite du bien commun et d’intérêts partagés. Il a juré que la Chine et l’Afrique seraient toujours des amis fiables et des partenaires sincères. Comment commentez-vous les concepts de la Chine concernant le développement
Réponse : L’approche de la Chine envers l’Afrique, caractérisée par la sincérité, des résultats concrets, l’amitié et la bonne foi, résonne fortement avec les valeurs du Rwanda. Le Rwanda a eu l’honneur d’accueillir le président Xi en 2018, lorsque j’étais président de la Commission de l’Union Africaine. Cet engagement témoigne de la vigueur et de la fiabilité de nos relations. La Chine s’est révélée être un ami et partenaire fiable, soutenant le développement de l’Afrique sans imposer sa volonté. Ce modèle de coopération est celui que nous apprécions profondément et que nous souhaitons consolider.
Question : Actuellement, les voix du Sud global deviennent de plus en plus fortes sur la scène internationale. Le côté chinois souligne que la Chine a toujours été un membre du « Sud global » et appartiendra toujours aux pays en développement. Le vote de la Chine aux Nations Unies appartiendra toujours aux pays en développement. Comment pensez-vous que la Chine et l’Afrique devraient renforcer l’unité et la coopération sur la scène multilatérale à l’avenir ?
Réponse : À mesure que les voix du Sud global se renforcent sur la scène internationale, il est essentiel que la Chine et l’Afrique continuent de renforcer leur unité et leur coopération.
L’engagement de la Chine à rester membre du Sud global et à aligner ses intérêts avec ceux des pays en développement est louable. Ensemble, nous pouvons travailler pour garantir que notre voix collective soit entendue dans les forums multilatéraux, plaidant pour un ordre mondial plus juste et équitable.
Question : Suivez-vous la « modernisation chinoise » ? Pensez-vous que le modèle de développement de la Chine puisse fournir une source d’inspiration pour le Rwanda ? Quels sont les défis que le Rwanda rencontre pour adapter les expériences chinoises à son contexte unique ?
Réponse : La modernisation à la chinoise est effectivement quelque chose que nous observons avec un grand intérêt. Le modèle de développement de la Chine, caractérisé par une planification à long terme, une forte implication de l’État, et un accent sur les infrastructures et la technologie, offre une inspiration pour le Rwanda. Cependant, le défi pour le Rwanda est d’adapter ces expériences à notre contexte unique. La localisation des expériences chinoises nécessite une considération minutieuse de nos réalités culturelles, sociales et économiques. Néanmoins, les principes d’autonomie, d’innovation et de planification stratégique qui sous-tendent le succès de la Chine sont universellement applicables et peuvent guider la trajectoire de développement du Rwanda.
Question : Cette année marque la 30ème commémoration du génocide commis contre les Tutsi au Rwanda. En regardant en arrière cet événement tragique, pensez-vous que les différents groupes ethniques au sein du Rwanda aient atteint la réconciliation aujourd’hui ? À l’avenir, quelles mesures votre gouvernement prendra-t-il pour guérir davantage les conflits ethniques, assurer la stabilité nationale et promouvoir l’unité ethnique ?
Réponse : La 30e commémoration du génocide de 1994 contre les Tutsi est un rappel solennel du chapitre le plus sombre de notre histoire. Mes sentiments sont ceux d’une profonde tristesse pour les vies perdues, mais aussi d’une immense fierté pour la résilience du peuple rwandais qui a choisi la voie de la réconciliation et de l’unité.
Aujourd’hui, le Rwanda a réalisé des progrès significatifs dans la guérison des divisions ethniques grâce à des politiques inclusives, à la justice et à la promotion de l’identité nationale plutôt que de l’identité ethnique.
À l’avenir, nous continuerons de nous concentrer sur la construction d’une société cohésive où tous les Rwandais se sentent valorisés et en sécurité, garantissant que notre nation reste stable et unie.
Question : Quelle est votre vision pour le développement du Rwanda dans les dix prochaines années ? Sur la scène mondiale et africaine, quel rôle espérez-vous que le Rwanda jouera ?
Réponse : Dans les dix prochaines années, j’envisage que le Rwanda devienne un pays à revenu intermédiaire, avec une économie diversifiée alimentée par l’innovation, la technologie et des secteurs à haute valeur ajoutée.
Sur la scène mondiale et africaine, le Rwanda aspire à être un leader dans les domaines du maintien de la paix, de la durabilité environnementale et de l’intégration régionale. Le Rwanda continuera de jouer un rôle constructif dans le développement africain qui contribue aux progrès du continent et se tenant comme un défenseur solide des intérêts africains dans les forums internationaux.
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