Jadis, ils défilaient sous les ors du Guide, séjournaient parfois dans la discrétion de la capitale libyenne et y glanaient de larges sommes pour financer une ambition présidentielle ; aujourd’hui, cette même audace les conduit à l’ombre des murs de la prison de la Santé, à Paris.
Depuis ce mardi 21 octobre, l’ancien président de la République française y est incarcéré, condamné à cinq ans de réclusion, dont une partie ferme, pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007.
Reconnu coupable d’avoir permis à ses deux plus proches collaborateurs, Brice Hortefeux et Claude Guéant, d’engager des négociations occultes avec Tripoli, Sarkozy se trouve confronté à une justice qui ne distingue ni pouvoir passé, ni prestige ancien.
Le symbole est éclatant : l’argent des tyrans étrangers ne protège pas de la loi nationale, et la République impose sa rigueur sur le faste et les privilèges du pouvoir.
La justice face à un ancien maître de l’État
Malgré l’appel interjeté, l’ex-président a été écroué en raison de l’exceptionnelle gravité des faits. La mise en détention provisoire, assortie d’un mandat de dépôt à effet différé, illustre l’intention ferme du pouvoir judiciaire : nul ne saurait se placer au-dessus des exigences républicaines, pas même celui qui, hier, incarnait la souveraineté nationale.
Les avocats de Nicolas Sarkozy ont d’ores et déjà préparé une demande de mise en liberté, assortie d’un contrôle judiciaire et d’une assignation à résidence avec bracelet électronique. La procédure sera examinée par la chambre des appels correctionnels, composée d’un président et de deux conseillers, et la décision devrait intervenir dans les prochaines semaines. Bien que sa présence ne soit pas obligatoire, sa participation personnelle pourrait sublimer le débat contradictoire, affirmant que même derrière les barreaux, l’ex-président demeure acteur de sa défense.
Entre espoir et contraintes judiciaires
La durée effective de la détention dépendra de l’appréciation des garanties présentées : absence de risque de fuite, impossibilité de concertation avec d’éventuels complices ou pression sur des témoins.
Selon les premières indications, Sarkozy ne présente pas de profil de fuite, et le risque de récidive est jugé limité. Dans ce cadre, sa détention pourrait n’être que temporaire, de quelques semaines à quelques mois, avant une éventuelle libération sous conditions.
S’il se voyait refuser cette liberté, il pourrait réitérer ses demandes, sans limite, tant que la condamnation n’est pas définitive. À 70 ans, il ne peut pas encore prétendre à une libération conditionnelle, mais son âge et son état de santé peuvent constituer des arguments valables devant la cour.
L’ombre de Bygmalion
Parallèlement, l’ancien président attend la décision de la Cour de cassation dans l’affaire Bygmalion, le 26 novembre. Selon l’issue, un nouveau procès pourrait s’ouvrir ou sa condamnation à un an de prison, dont six mois ferme, pour financement illégal de sa campagne de 2012 deviendra définitive.
Dans ce dernier cas, si sa détention se prolonge, il devra purger sa peine avant de pouvoir solliciter une libération conditionnelle.
La République au-dessus du prestige
À travers cette incarcération, c’est la République elle-même qui rappelle que l’argent des dictateurs ne protège pas de la sanction, et que la justice s’applique avec la même rigueur à tous, qu’ils aient été chefs d’État ou simples citoyens.
Nicolas Sarkozy, jadis maître des passions et des ambitions, se voit désormais confronté à l’épreuve de la loi et au silence des murs carcéraux, révélant la fragilité des puissances humaines face à l’inexorable force du droit.
Il n’est plus question de gloire passée ou de réseaux internationaux : l’ancien président découvre que le faste et la fortune peuvent se retourner en chaînes, et que l’ombre d’un tyran étranger, fût-elle généreuse, ne peut protéger de la lumière impitoyable de la justice.
L’ex-chef d’État, la tête haute, affronte désormais l’épreuve ultime de la République : apprendre que même les puissants doivent répondre de leurs actes.

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