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La Resolution du Parlement de L’union Européenne : Le Rwanda paie, une fois de plus, le prix fort de son Indépendance Politique

Redigé par GASHEJE Mathias
Le 1er mars 2021 à 01:17

“Résolution du Parlement européen du 11 février 2021 sur le Rwanda : le cas de Paul Rusesabagina”. Tel est l’intitulé exact de la Résolution 2021/2543(RSP), dans laquelle il est question du Rwanda, le cas de Paul Rusesabagina n’étant qu’un prétexte de plus pour mener une charge de plus contre l’Etat rwandais. Et le résultat, sans appel, du vote est à remarquer : sur les 695 parlementaires des 27 pays membres de l’Unioneuropéenne, seul un seul a voté contre.

Le Rwanda de l’après-Génocide paie, une fois de plus, le prix fort de son indépendance politique, qui est très manifeste non seulement dans les discours mais aussi dans les faits.

Depuis que Christophe Colomb a ouvert la voie à la colonisation de l’Amérique, pour asseoir sa domination politique et économique, l’Occident s’est octroyé le devoir et, donc, le droit de s’ingérer dans les affaires du reste du monde et de les régenter au nom de la supériorité autoproclamée de l’Homme blanc et de son modèle culturel.

En effet, pour dominer durablement une nation, il faut lui voler son âme : casser son ADN spirituel et culturel, en remplaçant son système et sa hiérarchisation des valeurs afin de l’amener à perdre l’estime de soi et imposer, au-delà de son mode de vie, son propre modèle de société et de valeurs.

Au fil des siècles, le droit et le devoir de « christianiser », né du temps des conquistadors, a progressivement laissé place, dès la fin du 19ème siècle et le début de la deuxième vague de la colonisation, au droit et devoir de "civiliser les races inférieures " qui, depuis la fin de la Guerre froide, est devenu le droit et le devoir de « démocratiser » au nom de la défense les droits de l’homme.

La vérité, c’est bien sûr que, pour l’Occident, aucun autre modèle n’a droit de cité : il serait une menace pour sa suprématie. Du temps de l’alliance du sabre et du goupillon, cette occidentalisation forcée était principalement portée par l’Eglise : « Renoncer à Satan et à toutes œuvres : consulter les devins, rendre un culte aux ancêtres, s’initier au culte à Ryangombe et autres conduites mauvaises » (En kinyarwanda : Kwanga Shitani n’ibyayo byose : kuraguza, guterekera, kubandwan’ibindibyoseby’amafuti »).

Cesinterdits que les missionnaires inculquaient aux catéchumènes rwandais devaient avoir des variantes dans d’autres pays conquis, en Afrique ou ailleurs. Les “autres conduites mauvaises”, ce sont l’ensemble des pratiques sociales qui ne sont rien d’autre que les manifestations des valeurs culturelles nationales. Et les nouveaux interdits avaient comme corollaire l’enterrement des interdits traditionnels, qui constituaient autant de repères éthiques et sociaux pour les Rwandais : “Kiliziya yakuye kirazira” (Lit. L’Église a mis fin aux interdits) aime-t-on à répéter, encore aujourd’hui, au Pays de Gihanga.

Depuis la fin de la Guerre froide, les ONGI droits-de-l’hommistes sont, pour l’Occident, la meilleure arme pour conquérir l’âme et continuer à occuper le terrain. Et, à ce titre, elles sont soutenues, y compris financièrement, par les autres acteurs occidentaux de la mondialisation : les mass media, les multinationales et, surtout et d’abord, par les États directement ou indirectement à travers les organisations internationales, qu’ils continuent à dominer et à contrôler,ou des instances intergouvernementales comme le Parlement européen.

Pour beaucoup de pays, il est difficile de se soustraire à l’étau, très serré et très ancien, de l’occidentalisation. Et pourtant il le faut : aucun pays ne s’est durablement développé en dehors de sa propre“langue” et l’on peut tout emprunter pour la Culture. L’Europeen est l’exemple le plus ancien et le Japon en est un autre : depuis sa rencontre avec l’Occident, dans la seconde moitié du 19ème siècle, le pays du Soleil Levant a réussi sa révolution industrielle et son développement sans perdre son âme. Ou plutôt parce qu’il n’ajamais perdu son âme.

Pour soulever la chape de plomb et desserrer l’étau afin d’en finir avec le complexe du dominé et recouvrer son âme ainsi que la maîtrise de son destin, il faut renouer avec ses racines, toujours vives malgré des siècles de piétinement. Sur le continent asiatique, c’est ce qu’ont fait la Chine depuis 1948 et, depuis les années 1970, les pays dits émergents de l’Asie-Pacifique (Taïwan, Corée du Sud et Singapour).En Afrique, le “miracle rwandais” est le fruit de cette véritable révolution culturelle ET politique.

Le Rwanda est le pays qui a payé à l’expansion coloniale le tribut le plus lourd. Le Génocide contre les Tutsis est, évidemment, une barbarie du Hutu Power et de son idéologie ; mais, comme le rappelle l’auteur de Une initiation. Rwanda (1994-2016), « […] cette tragédie puise aux mêmes sources que les autres grands massacres de masse du XXe siècle, tels le génocide arménien ou la Shoah – à savoir la pensée raciste et racialiste qui a été exportée avec succès dans la région des Grands Lacs lors de la colonisation » (Stéphane Audoin-Rouzeau, Interview au Monde des livres du 22.02. 2017).

Pour renaître de ses cendres, le Pays de Gihanga a effectué une sorte de révolution copernicienne : un retour aux sources pour renouer avec ses racines, avec ses fondements culturels afin de les mettre, en les modernisant, au service d’un développement endogène. Il était, en quelque sorte, absolument nécessaire de reculer pour mieux sauter.Ce recours est inscrit dans la Constitution de 2003 , révisée en 2015 :

“Considérant qu’il importe de puiser dans notre histoire multiséculaire les valeurs traditionnelles positives indispensables à l’existence et à l’épanouissement de notre Nation” peut-on lire dans le Préambule et, encore plus explicitement, dans l’article 11 :

“ Envue du développement national, de la promotion de la culture nationale et de la restauration de la dignité, les Rwandais, se basant sur leurs valeurs, mettent en place des solutions endogènes en vue d’aborder des questions qui les concernent”.

En ce jour, douze(12) solutions endogènes ont été mises en place, les plus connues étant l’umuganda ou travauxcommunautaires et les tribunauxGacaca, cloturés en 2012. Enfin et surtout, les six (6) Principes fondamentaux inscrits dans l’article 10 de la Constitution de 2003, réviséeen 2015, s’inspirent profondément de l’Histoire et de la Culture nationales.

Oser sortir du moule occidental, un crime de lèse-majesté que le Rwanda de l’après-Génocide n’a pas fini de payer et ceci d’autant plus que l’Occident craint que l’exemple rwandais ne soitsuivi par d’autres pays africains, notamment ceux de la Françafrique. Et, dans ce travail de sape, il est fait recours au sempiternel “divide et impera”, au divisionnisme inoculé par les colonisateurs successifs et qui a mené le Rwanda au Génocide contre les Tutsis 1994. Aujourd’hui, les occidentaux utilisent des rwandais qui ont fui le pays comme Paul Rusesabagina et qui souhaitent activement la chute du pouvoiren place à Kigali_ avec, pour la plupart d’entre eux, en arrière-pensée, l’objectif de terminer le “travail” qu’ils n’ont pas pu achever en 1994_ comme seul programme politique. Et, comme le dit un proverbe du Pays de Gihanga, “usenya urwe bamutiza umuhoro” (lit. celui qui détruit son chez-soi, on luiprête la serpette).
“Umwana wanzwe ni we ukura” (Lit. L’enfant qui est haï, c’est lui qui grandit).

Cela est vrai mais à une condition : il ne doit pas se poser en victime mais, au contraire, reprendre en main son destin. Le Rwanda actuel affiche une exceptionnelle capacité de résilience du Rwanda. Même ses pires détracteurs la lui reconnaissent.

Et si, en moins d’un quart de siècle, le pays a pu renaître de ses cendres, ce n’est pas seulement grâce à un leader(ship) exceptionnel mais aussi grâce à des institutions fortes : une démocratie dans laquelle la participation du peuple ne se limite pas à deposer épisodiquement un bulletin dans les urnes puis à retourner vaquer à ses habituelles occupations mais à remplir son devoir de citoyen au quotidien. En effet, les différerentes solutions endogènes sont autant d’outils dont il dispose pour participer à la vie de la cité.


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