Entre les tribunes internationales, les plateaux de télévision et les estrades de meeting, le chef de l’État congolais change de ton au gré des auditoires, trahissant une absence de ligne claire, voire une duplicité soigneusement entretenue.
En 2019, dans un rare moment de lucidité, Félix Tshisekedi reconnaissait lui-même que « le Rwanda est menacé par une instabilité logée en RDC », désignant ainsi implicitement les FDLR comme la source principale de cette insécurité chronique.
Cette admission avait alors suscité un mince espoir : celui d’un sursaut de responsabilité, d’un chef d’État décidé à rompre avec les compromissions d’hier et à assumer la part de vérité qui incombe à son pays dans la persistance du mal.
Mais très vite, la réalité politique congolaise, faite d’alliances obscures, de calculs électoralistes et de complaisances ethno-militaires a repris le dessus.
A la tribune des Nations unies, Félix Tshisekedi change de registre, adoptant le ton lénifiant d’un homme plus soucieux de plaire à son opinion qu’à restaurer la vérité : « Les FDLR ont été décapitées et réduites à néant, de quelles FDLR parle-t-on ? » déclara-t-il.
Un propos si déconnecté des faits que même les Congolais les plus indulgents s’en interrogèrent.
Sur France 24, dans une pirouette verbale digne d’un funambule, le même président décrivit les FDLR comme « des coupeurs de route, des bandits de grand chemin », avant de les minimiser, sur un plateau télévisé de Kinshasa, en « forces résiduelles composées de vieillards de 1994 devenus grands-pères ». Quelle légèreté ! Quelle désinvolture tragique !
Comme si ces « vieillards » n’avaient pas recruté, endoctriné et formé toute une génération nouvelle de miliciens. Comme si ces FDLR « fantômes » n’étaient pas, dans les faits, intégrées au sein même des FARDC, sous l’œil complaisant d’un pouvoir qui les protège autant qu’il les nie.
Le général Sylvain Ekenge, porte-parole de l’armée congolaise, n’a fait qu’enfoncer le clou, en prétendant que « les FDLR que cherche le Rwanda se trouvent désormais dans les zones occupées par le Rwanda et l’AFC/M23 ».
Une déclaration d’un cynisme confondant, où le mensonge stratégique le dispute à la mauvaise foi. Car nul observateur sérieux n’ignore que ces milices génocidaires continuent d’opérer dans le Nord-Kivu, qu’elles participent aux opérations conjointes avec les FARDC, et que leurs cadres bénéficient de la bienveillance d’une partie de l’appareil sécuritaire congolais.
Cette dialectique du déni, tour à tour mensonge et diversion, traduit un malaise profond. Les FDLR embarrassent Kinshasa parce qu’elles incarnent à la fois un héritage encombrant et un instrument utile.
Héritage, car leur présence atteste la faillite congolaise à désarmer les forces négationnistes réfugiées sur son sol depuis 1994. Instrument, car leur existence permet au régime Tshisekedi de justifier la militarisation du Kivu, de diaboliser le Rwanda et de détourner l’attention d’une crise intérieure qu’il ne parvient plus à contenir.
La vérité, pourtant, est d’une limpidité implacable : le pouvoir congolais est désormais l’otage de ses propres contradictions. En niant l’évidence, il s’enferme dans un cercle vicieux où le mensonge d’État devient la norme et la défaite, l’horizon.
La stratégie du double langage, si habile soit-elle dans l’arène politique interne, ne résiste pas à la confrontation avec les faits ni au regard des chancelleries étrangères.
Le Rwanda, pour sa part, observe ce jeu avec la lucidité des nations qui ont trop souffert pour se payer le luxe de l’illusion. Ce qu’il demande n’est ni soumission ni complaisance, mais la simple reconnaissance d’un principe fondamental : nul État ne saurait tolérer, sur le territoire de son voisin, une armée d’exterminateurs qui le menacent et assassinent ses citoyens.
En feignant d’ignorer cette vérité, Félix Tshisekedi prend le risque de placer son pays du mauvais côté de l’histoire. Car il est des silences qui condamnent, et des mensonges qui, tôt ou tard, éclatent au grand jour.
Le Congo, lui, devra répondre de ce pacte ambigu avec le mal, un pacte scellé au nom du pouvoir, mais payé au prix de la vérité.














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