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La graine de demain : inversion des valeurs en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 2 juin 2023 à 08:23

La vidéo qui circule sur la toile est une manifestation déchirante de ce que l’éducation ne devrait jamais être. Elle illustre un scénario dans lequel les valeurs de respect et de tolérance sont foulées aux pieds dans une école primaire de la République Démocratique du Congo (RDC).

Ce spectacle, sous le couvert d’un sketch pédagogique, est loin d’inculquer des valeurs positives aux enfants. Au lieu de cela, il révèle un aspect sombre de la société, un déchaînement de la haine de l’autre et une dépravation des mœurs.

Les enfants dans cette vidéo sont transformés en acteurs malgré eux d’une pièce qui joue sur les préjugés, les cliches, les amalgames, l’irresponsabilité des élites et la discrimination.

Il est navrant de voir que le terrain qui devrait être un lieu d’apprentissage et de formation des esprits ouverts et accueillants est détourné en une scène qui normalise la haine et la xénophobie.

Les rires et les applaudissements qui accompagnent la représentation ne font qu’accentuer le caractère tragique de la scène, reflétant une insensibilité collective envers l’humanité de l’autre. Cela montre une défaillance dans notre système éducatif, car ce sont des moments comme ceux-ci qui façonnent l’esprit des enfants, laissant des traces qui pourraient les suivre toute leur vie.

L’éducation est un pilier fondamental pour la construction de l’avenir. C’est par l’éducation que nous inculquons à nos enfants les valeurs, les principes et les comportements qui définiront le monde de demain. Mais lorsque cet apprentissage est détourné et utilisé pour inculquer la haine, la xénophobie et d’autres formes de préjugés, nous faisons face à une corruption tragique des mœurs.

Les psychologues de l’enfance savent bien que l’enfant est un être malléable. Il est une page blanche sur laquelle nous avons le privilège et la responsabilité d’écrire. Son esprit est un jardin fertile qui absorbe tout ce que nous semons, qu’il s’agisse de graines de sagesse et de tolérance ou de semences d’intolérance et de préjugés.

L’enfant se forme au monde en miroir des adultes qui l’entourent. Il s’approprie leurs gestes, leurs mots, leurs attitudes et même leurs valeurs. Il est, de fait, un reflet de la société, un miroir de la culture qui l’entoure.
Si cette culture prône la haine, la xénophobie et l’intolérance, l’enfant risque fort de répliquer ces comportements dans son propre développement. En l’espèce, il n’y a aucun doute possible.

C’est ici que la responsabilité des adultes prend tout son sens. Nous avons le devoir de veiller à ce que les valeurs que nous transmettons soient celles qui forgent une société de demain plus respectueuse, plus tolérante, plus inclusive. Les valeurs d’amour, d’acceptation, de respect et d’empathie doivent primer sur celles de haine et d’exclusion.

Nous devons utiliser l’éducation non pas comme un outil pour créer des divisions, mais comme un moyen d’élever la jeunesse dans l’esprit de l’unité, de l’harmonie et de la fraternité universelle. Il est essentiel de souligner l’importance de l’ouverture d’esprit, de la curiosité intellectuelle et de l’acceptation de la diversité.

Il est clair que la République Démocratique du Congo (RDC) a été confrontée à de nombreux défis au fil des ans, dont certains sont internes et d’autres externes. La notion que le Rwanda est responsable de tous les maux de la RDC est une simplification excessive de problèmes complexes et multiformes.

Le plus grand obstacle au développement durable en RDC est la corruption endémique et la mauvaise gouvernance qui prévalent depuis des décennies. L’enrichissement illicite des élites politiques, l’absence d’une responsabilité publique efficace et le détournement systématique des ressources de l’État ont entravé la capacité du pays à réaliser son potentiel économique et social considérable.

La RDC est dotée d’une abondance de ressources naturelles, dont de vastes réserves de minéraux précieux. Cependant, au lieu de servir de moteur à la croissance économique et au développement, ces ressources ont souvent été exploitées à des fins personnelles par une classe politique prédatrice.

Le tribalisme est un autre facteur qui a exacerbé les tensions sociopolitiques en RDC. Les affiliations tribales ont souvent été instrumentalisées pour semer la discorde et provoquer des conflits. Cette situation a été aggravée par l’absence d’institutions politiques fortes et inclusives capables de gérer la diversité ethnique du pays de manière constructive.

En outre, l’impunité généralisée en RDC a créé un environnement où les violations des droits de l’homme, y compris les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, peuvent être commises en toute impunité. Cela a conduit à une culture de la peur et à une paupérisation croissante de la population, exacerbant encore la fragilité du pays.

Toutefois, il serait inexact de rejeter la responsabilité de ces problèmes sur le Rwanda ou tout autre acteur externe. Si le rôle du Rwanda et d’autres acteurs régionaux et internationaux dans la situation en RDC mérite d’être examiné de manière critique, il est tout aussi important de reconnaître et de s’attaquer aux facteurs internes qui ont contribué à l’état actuel de la RDC.

Pour un avenir meilleur, la RDC doit s’attaquer à ces défis de front. Cela nécessite des efforts pour établir des institutions politiques transparentes et responsables, combattre la corruption, promouvoir une identité nationale inclusive au-delà des affiliations tribales et garantir que les ressources du pays sont utilisées pour le bien-être de tous ses citoyens.

une manifestation d’élèves qui protestent contre la grève des enseignants

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