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La justice française clou le bec à Hubert Védrine

Redigé par Tite Gatabazi
Le 16 mai 2024 à 05:24

L’ancien secrétaire général de l’Élysée, Hubert Védrine, a été débouté lors d’un procès en diffamation qu’il avait intenté contre le journaliste Patrick de Saint-Exupéry.

Ce dernier avait qualifié Védrine de « révisionniste » concernant sa position sur le génocide contre les tutsi au Rwanda en 1994, lors d’un entretien avec Mediapart en mars 2021.

Patrick de Saint-Exupéry avait accusé Hubert Védrine de minimiser, voire de nier, la responsabilité de la France dans la non-intervention durant le génocide qui a eu lieu entre avril et juillet 1994.

Le tribunal correctionnel de Paris a jugé que les propos de Patrick de Saint-Exupéry, bien que péjoratifs, relèvent du « jugement de valeur » et de l’« appréciation purement subjective », qui peut être débattue librement dans un échange d’idées sans que sa véracité puisse être prouvée. Par conséquent, les propos n’ont pas été reconnus comme diffamatoires.

L’avocat de Patrick de Saint-Exupéry, Me Vincent Tolédano, a exprimé sa satisfaction face à ce jugement, critiquant Védrine pour ses tentatives de limiter le discours critique sur l’implication de l’Élysée pendant la période de 1990 à 1994, sous la présidence de François Mitterrand.

L’ancien directeur de publication de Mediapart, Edwy Plenel, et la journaliste Valentine Oberti, qui avait mené l’entretien, ont également été relaxés.

Hubert Védrine, lors de l’audience du 25 mars, avait nié se reconnaître dans les accusations de « négationnisme » portées contre lui.

Cette pratique, souvent qualifiée de "harcèlement judiciaire", est devenue une stratégie fréquemment utilisée par certains acteurs politiques dont Hubert Védrine pour intimider et dissuader les journalistes d’investigation. En engageant des actions en justice répétitives et souvent infondées, ils cherchent à occuper ces journalistes avec des procédures judiciaires longues et coûteuses.

L’objectif est clair : les empêcher de poursuivre leur travail d’investigation qui révèle les manquements, les corruptions et les compromissions de ceux qui se posent en défenseurs des valeurs morales et républicaines.

Le harcèlement judiciaire agit comme un frein à l’exposition de vérités inconfortables, protégeant ainsi les intérêts de ceux qui, sous couvert de respectabilité, se livrent à des activités contraires aux principes de transparence et d’intégrité.

En se cachant derrière des procès pour diffamation ou autres accusations légales, ces individus ou entités maintiennent une façade de légitimité tout en continuant leurs pratiques douteuses en coulisses.

Cependant, il serait réducteur de ne pas reconnaître le courage et la détermination des journalistes confrontés à ces défis.

Malgré la pression constante du harcèlement judiciaire, nombreux sont ceux qui, armés de leur professionnalisme et d’une volonté de fer, continuent à mener leurs enquêtes.

Ces journalistes savent que derrière les tentatives d’intimidation se cachent des vérités obscures que Hubert Védrine et consorts cherchent à camoufler pour protéger leurs propres intérêts et non ceux de la France.

Durant le génocide contre les tutsi en 1994 et dans les années qui l’ont précédé, Hubert Védrine occupe une position centrale. Il est chargé de remonter les informations au président de la République, François Mitterrand.

Les communications de la cellule africaine de l’Élysée, dirigée par Bruno Delaye, ainsi que celles du général Christian Quesnot, chef d’état-major particulier de la présidence, transitent par lui.
Védrine est également responsable de l’annotation des correspondances ou des dépêches avant leur présentation à Mitterrand, indiquant quand elles ont été consultées par le chef de l’État et transmettant ses directives.

Selon le rapport de la commission Duclert, remis à Emmanuel Macron le 26 mars 2021, qui examine le rôle de la France dans le génocide de 1994, ces instructions se résument souvent en quelques mots.

Bien que ce rapport soit reconnu pour la précision de ses détails un chapitre spécifique est dédié à Védrine, intitulé « Un secrétaire général présent/absent », où il est noté que, tout au long de l’opération Turquoise, l’implication de Védrine est intense, reflétant son rôle crucial en tant que principal canal par lequel les informations sur le Rwanda doivent être acheminées.

Actuellement considéré comme le protecteur de l’héritage de François Mitterrand grâce à son rôle prolongé à la tête de l’Institut François Mitterrand il est régulièrement sollicité pour ses interventions dans les médias, où il exprime clairement ses points de vue.

Au fil des ans, celui qui aurait pu être perçu comme une figure controversée est devenu une référence inévitable pour de nombreuses rédactions.

Hubert Védrine, qui se présente comme objectif sur cette question, insiste que la France ne soit pas coupable, qu’elle a tout mis en œuvre pour empêcher le massacre, qu’elle n’a jamais soutenu les génocidaires, et qu’elle était la seule à se soucier de la situation dans cette région du monde.

Cette tactique soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre la protection de la réputation et le droit à la critique et à l’investigation rigoureuse.

Elle met également en lumière le besoin impérieux de réformes juridiques qui protégeraient mieux les journalistes contre ces abus, garantissant ainsi que leur travail vital pour que la démocratie ne soit pas entravé.

La mise en place de protections légales plus robustes et de fonds de défense juridique pour les journalistes pourrait être un pas vers la préservation de l’intégrité du journalisme d’investigation face à ces tactiques d’intimidation.

L’ancien secrétaire général de l’Élysée, Hubert Védrine

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