La justice française rouvre l’enquête sur Callixte Mbarushimana

Redigé par IGIHE
Le 22 mai 2025 à 02:05

La justice française a décidé de rouvrir l’enquête sur Callixte Mbarushimana, ancien employé des Nations Unies, soupçonné d’avoir participé au génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda.

Cette décision annule un jugement rendu en 2024 par un tribunal français, qui avait classé l’affaire pour insuffisance de preuves. Le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR), engagé dans la poursuite des responsables présumés du génocide contre les Tutsi, avait interjeté l’appel.

La Cour d’appel de Paris a donné raison au CPCR et a ordonné la reprise de l’enquête sur le rôle présumé de Callixte Mbarushimana. Elle a relevé des négligences dans l’instruction, notamment l’ignorance de témoignages jugés essentiels et d’un rapport interne de l’ONU détaillant les crimes reprochés.

Lors d’un entretien accordé au journal IGIHE, Dafroza Gauthier, cofondatrice du CPCR, a salué la décision judiciaire :

« Nous nous réjouissons que la justice ait accepté de rouvrir l’enquête afin de faire émerger de nouveaux éléments », a-t-elle déclaré.

Callixte Mbarushimana travaillait pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) durant le génocide contre les Tutsi. Après l’évacuation du personnel étranger en avril 1994, il fut chargé de protéger les employés locaux, tâche à laquelle il a failli de manière flagrante. Recruté en 1992, il a été licencié en 2001 à la suite d’accusations l’impliquant dans le massacre de 32 personnes, dont plusieurs agents de l’ONU.

Selon une enquête menée par Tony Greig, ancien enquêteur de l’ONU sur les crimes de guerre, Mbarushimana aurait personnellement abattu deux victimes et serait impliqué dans l’assassinat de Florence Ngirumpatse, cheffe des ressources humaines du PNUD, ainsi que dans le meurtre de plusieurs enfants tutsi qu’elle protégeait.

Les conclusions transmises au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) s’appuient sur 25 témoignages l’accusant d’une implication directe dans les massacres et de soutien à la milice Interahamwe.

Le 7 avril 2024, lors de la commémoration du génocide, le président Paul Kagame avait publiquement dénoncé l’impunité dont bénéficie Mbarushimana, rappelant que Florence Ngirumpatse, l’une des victimes, était sa cousine.

Exprimant sa profonde déception face à l’impunité dont jouissait Mbarushimana, Paul Kagame avait révélé que sa cousine avait été trahie par un collègue rwandais du PNUD, qui aurait ensuite célébré sa mort.

« Ce Rwandais, employé du PNUD, a livré sa collègue tutsie aux tueurs. Des témoins l’ont vu fêter le meurtre de Florence dès le soir de l’attaque. Malgré des preuves accablantes, il a poursuivi sa carrière au sein de l’ONU pendant de nombreuses années et vit aujourd’hui librement en France », avait déclaré le Président Kagame.

En 2008, le CPCR avait saisi la justice française pour demander l’ouverture d’une enquête sur des crimes contre l’humanité. L’affaire avait été classée en octobre 2024, faute de preuves suffisantes et de témoignages jugés peu fiables.

Le CPCR avait aussitôt contesté cette décision, dénonçant l’omission d’éléments essentiels, dont un rapport interne de l’ONU. Le 21 mai 2025, la Cour d’appel lui a donné raison et ordonné un réexamen complet du dossier, assorti de nouveaux interrogatoires.

Cette relance judiciaire redonne espoir aux parties civiles et aux défenseurs des droits humains, qui dénoncent depuis longtemps la lenteur de la justice française dans le traitement des dossiers liés au génocide commis contre les Tutsi au Rwanda en 1994.

Les crimes présumés de Callixte Mbarushimana ne se limitent pas à 1994. Il est également suspecté d’avoir été secrétaire exécutif des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe terroriste opérant dans l’est de la RDC.

Arrêté en France en 2010 sur mandat de la CPI, qui l’accusait de 13 chefs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, il a été libéré en 2011, la justice estimant les preuves insuffisantes. Depuis, il réside librement en France.

Callixte Mbarushimana est soupçonné d'avoir participé au génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda

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