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Le Burundi : une nation en déroute, un naufrage orchestré

Redigé par Tite Gatabazi
Le 21 novembre 2024 à 04:37

Il est de ces vérités que l’on murmure d’abord à soi-même, avant de les clamer haut et fort : oui, le Burundi est une nation. Et oui, cette nation vacille sous le poids de ses échecs. On ne peut s’y tromper, même à l’œil nu : la misère s’étale sans retenue, tel un spectacle tragique offert au monde entier. Ah, le Burundi ! Ce pays, désormais tristement célèbre comme le plus pauvre de tous, traîne sa condition misérable comme une étoffe rapiécée que même la pitié refuse de rafistoler.

Les indicateurs parlent sans détour : pauvreté endémique, corruption galopante, insécurité chronique, malnutrition omniprésente, et, pour couronner le tout, une gouvernance si hasardeuse qu’elle frôle l’absurde. Pendant que d’autres nations du Sud global tentent de redresser la barre, le Burundi persiste à danser sur le fil du désastre, en rouge vif sur toutes les cartes de la honte mondiale.

Et pourquoi donc ce naufrage ? La faute à des choix désastreux, nous disent les savants. Daron Acemoglu et James A. Robinson, ces économistes auréolés du prix Nobel, l’avaient pourtant expliqué avec une limpidité désarmante dans Why Nations Fail. Mais soyons honnêtes : combien de Burundais ont daigné tourner les pages de ce livre ? Et parmi ces rares curieux, combien en ont tiré des leçons ? Hélas, l’histoire du Burundi n’est pas celle d’une élite éclairée appliquant des préceptes rigoureux. Non, ici, les décisions s’apparentent à une roulette russe où l’on joue, non pas avec une balle, mais avec tout un peuple.

Les institutions inclusives, celles qui bâtissent des nations prospères ? Elles brillent par leur absence. À la place, le Burundi s’est offert un chef-d’œuvre d’institutions extractives, ces mécanismes où quelques-uns s’engraissent pendant que les masses s’épuisent à survivre. Et que dire de ces dirigeants ?

Ceux-là même qui devraient être les architectes du renouveau se sont transformés en fossoyeurs du futur, en collectionnant des choix aussi absurdes que destructeurs.

Le CNDD-FDD, ce parti au pouvoir depuis une éternité, semble avoir élevé la mauvaise gouvernance au rang d’art. Pendant plus de deux décennies, ses dirigeants ont rivalisé d’incompétence et d’égoïsme, accumulant des décisions qui, loin de sortir le pays du marasme, l’ont enfoncé dans une spirale infernale. Aujourd’hui, le Burundi n’est plus une nation, mais un tableau vivant des conséquences de la myopie politique et du mépris pour l’intérêt commun.

Et la communauté internationale, me direz-vous ? Elle regarde, vaguement concernée, avant de détourner le regard, comme si le Burundi était un laboratoire d’expérimentation pour la tragédie humaine. Mais après tout, peut-on blâmer les autres de détourner le regard quand ceux à l’intérieur du pays acceptent avec une telle résignation leur propre descente aux enfers ?

Oh, Burundi ! Si les nations échouent par des choix politiques et économiques erronés, alors tu es le manuel vivant de cet échec, une symphonie tragique composée à coups de décisions désastreuses. Pourtant, l’espoir subsiste, caché dans les marges. Mais pour cela, il faudrait que les Burundais décident de réécrire leur propre histoire.

Le couple présidentiel récolte les pommes de terre

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