Lors d’une récente interview, la gouverneure de la Banque nationale du Rwanda, Soraya Hakuziyaremye, a évoqué les avancées réalisées par le Rwanda en vue de créer un marché réglementé des cryptomonnaies. Elle a souligné l’importance des stablecoins, des monnaies numériques stables, qui aideront le pays à devenir un centre financier majeur dans la région.

Cette étape marque un progrès important depuis la présentation du projet de loi en mars 2025, positionnant le Rwanda comme un futur leader de la fintech en Afrique de l’Est.

La gouverneure a expliqué que l’Autorité des marchés de capitaux (CMA) est en charge du projet et que les consultations publiques sur la loi sont presque terminées, ajoutant que la loi pourrait être adoptée dans les prochaines semaines : «  le processus arrive à la fin des consultations  », a-t-elle précisé.

Ce texte définira les critères d’octroi de licences aux prestataires de services liés aux actifs virtuels — notamment les plateformes d’échange de cryptomonnaies et les fournisseurs de portefeuilles numériques — ainsi que les conditions permettant l’implantation de bourses de cryptomonnaies au Rwanda.

Cette avancée fait suite au projet de loi présenté en mars dernier, qui a pour but de définir clairement les actifs virtuels et mettre en place des mesures pour prévenir des risques tels que le blanchiment d’argent et les fraudes.

Un point important de cette nouvelle loi est l’introduction des stablecoins — des actifs numériques rattachés à des devises stables comme le dollar américain — que la gouverneure a présentés comme des outils efficaces pour des usages concrets, notamment les transferts d’argent et les paiements entre pays.

Cette démarche fait partie des efforts du Rwanda, qui entend réduire les frais de transfert, encore très élevés en Afrique (entre 3 et 6 %), comme l’a rappelé la gouverneure lors de l’entretien.

Elle a également expliqué que cette réforme est liée au projet pilote de monnaie numérique de la banque centrale (MNBC), prévu pour 2026, un projet qui pourrait fonctionner avec les stablecoins pour permettre à un plus grand nombre de personnes d’accéder aux services financiers et pour faciliter les transactions.

Le cadre réglementaire accordera une grande importance à la protection des consommateurs contre les risques de spéculation et d’arnaques — un sujet déjà évoqué dans des rapports précédents.

Carine Twiringiyimana, responsable des licences et des autorisations à l’Autorité des marchés de capitaux (CMA), rappelait en mars dernier que la loi répond aux préoccupations du Groupe d’action financière (GAFI) concernant les risques de blanchiment d’argent liés aux actifs virtuels.

Au-delà de ces enjeux, la gouverneure de la Banque nationale a souligné la vision proactive du Rwanda, présentant cette future loi sur les actifs virtuels comme une étape importante vers l’ambition de faire du pays un centre financier international de référence.

«  Nous travaillons à rendre notre dépositaire central de titres plus ouvert pour attirer davantage d’investisseurs  », a-t-elle expliqué, mentionnant parmi les projets en cours l’émission d’obligations vertes, les introductions en bourse (IPO) et les accords-cadres mondiaux de mise en pension (Global Master Repurchase Agreements).

Cette avancée fait suite aux initiatives engagés dès 2023, avec l’instauration de règles limitant les transactions en cryptomonnaies par les banques. Le Rwanda se place ainsi aux côtés d’autres pays africains, comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, qui développent aussi des monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et établissent des cadres réglementaires pour les cryptomonnaies.

Le Rwanda est sur le point de moderniser son système financier, grâce à une nouvelle loi sur les actifs virtuels bientôt finalisée