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Urgent

Le savoir sur le génocide contre les tutsis par la science

Redigé par IGIHE
Le 12 septembre 2022 à 05:47

L’une des voies pour attester de la recherche sur le génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda et pour l’accroître est de réunir les chercheurs spécialistes du sujet.

De les entendre et de leur confier le soin de construire des savoirs scientifiques collectifs et internationaux.

Cette tâche est d’autant plus impérieuse et urgente pour le génocide contre les Tutsis que la recherche, dynamique, engagée, est éclatée entre divers pôles et qu’elle a souffert de dénis publics prononcés.

Elle se voit aussi confrontée au défi de l’exploration et de l’exploitation de sources nombreuses et parfois difficiles d’accès.

Et elle doit de plus affronter les menées négationnistes toujours actives contre la vérité historique et la mémoire des victimes.

Sur le modèle du colloque international « Cent ans de recherche sur le génocide des Arméniens » du CSI de mars 2015, a été décidée la tenue du colloque « Savoirs, sources et ressources sur le génocide perpétré contre les Tutsi ».

La première session, la principale, se déroule au Rwanda du 11 au 19 septembre, soit neuf jours en continu de tables rondes, de conférences plénières, de présentation d’outils de connaissance, et cela tant à Kigali pour le début du colloque qu’au campus de l’Université du Rwanda à Huye (Butare), avec un retour à Kigali pour les derniers travaux.

Le sous-titre du colloque, « la recherche en acte » veut insister sur les forces de la recherche lorsqu’elle se fait collective, internationale, scientifique et universitaire, consciente aussi de la connaissance venue de l’engagement d’acteurs en nombre qui n’appartiennent pas à ces champs mais y contribuent grandement.

Parmi ces derniers, décisifs et résilients, les rescapés du génocide des Tutsis, qui portent la parole des victimes et rappellent l’immensité du crime commis par les bourreaux.

Rapprocher ces ilots de connaissance élevée ne doit pas se limiter à mieux révéler les travaux existants, à constater les avancées du savoir et à mesurer ce qui reste à accomplir.

De telles rencontres, dans les lieux mêmes où s’est réalisé le dernier génocide du XXe siècle, font naître, du moins nous l’espérons, une authentique recherche collective arcboutée sur des communautés scientifiques qui s’éprouvent et se forgent au-delà des frontières et des âges.

Cette session inaugurale du colloque international s’ouvre trente ans après que le processus génocidaire visant la minorité tutsie du Rwanda est entré dans sa phase terminale.

Il a fallu toutes ces années pour qu’arrive cet événement, précédé d’une mobilisation de la connaissance au Rwanda et de voyages d’étude de chercheurs d’Europe et d’Amérique.

Aujourd’hui, particulièrement depuis le printemps 2021 avec la remise des rapports Muse et Duclert, s’affirme tant à Kigali qu’à Paris une nette volonté politique et sociale de faire prévaloir la recherche scientifique aux côtés des autres modes de savoir et de transmission qui ont été rappelés.

Ce colloque international est organisé par l’Université du Rwanda et une équipe issue de la commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsis.

Ses organisateurs se sont efforcés de réunir les chercheuses et chercheurs engagés dans la connaissance, en particulier la jeune recherche.

Et si toutes celles et tous ceux qui œuvrent à cette fin ne sont pas ici présents, certains le sont en distanciel, des publications associées au colloque pourront ultérieurement restituer leur contribution à la connaissance.

Les séances de cette première session associent des tables rondes qui permettent de confronter les savoirs existants, les perspectives nouvelles, les sources de la recherche, les ressources documentaires.

Des ouvertures en direction de formes nouvelles de connaissance sont également prodiguées par le colloque comme en témoigne son programme des neuf jours au Rwanda.

Enfin, des séances et conférences plénières invitent à la réflexion, sur les contenus bien sûr des savoirs de la recherche mais aussi sur le sens de la connaissance et de ses pouvoirs, capables en certains cas d’une action déterminée sur les réalités mêmes des processus préparatoires, des phases paroxysmiques et des entreprises négationnistes qui définissent un génocide.

Le génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda appelle tout particulièrement à ces exigences critiques de premier plan, qui interrogent les disciplines historique, sociologique, juridique, littéraire, etc., dévoilant leur portée politique, philosophique et morale.

Aux proclamations du « plus jamais ça », incapable en réalité d’empêcher la répétition d’un génocide cinquante ans après la Shoah, doit répondre une recherche en acte qu’ambitionne de représenter, aujourd’hui et pour demain, ce colloque international.


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