L’Afrique de l’Est vibre au rythme de ses traditions, et le tambour en est l’un des symboles les plus puissants. Dans les royaumes du Rwanda et du Burundi, cet instrument n’est pas une simple percussion : il est le récit vivant des épopées royales, des luttes de pouvoir et des célébrations ancestrales.

Au Rwanda, le musée ethnographique de Huye, véritable trésorier de l’histoire, préserve plus de 15 000 objets. Des patrimoines sonores aux photographies, chaque objet raconte une histoire. Et parmi eux, trois tambours, dont le Nanguburundi, suscitent une curiosité sans pareille.

Selon les récits, au 17ème siècle, suite à un conflit entre le Rwanda et le Burundi, le roi Cyirima II Rujugira a récupéré le tambour, autrefois appelé "Nangurwanda", suite à une victoire contre le royaume du Burundi. Rebaptisé "Nanguburundi", ce tambour est devenu le symbole du triomphe rwandais.

Ntarwabira André, chercheur au Conseil de la culture Rwandaise, nous éclaire sur cette période : "Les noms donnés aux objets tels que ce tambour étaient des moyens de revendiquer la victoire et de se remémorer ces exploits."

Malgré son importance historique, le tambour Nanguburundi n’a pas été utilisé lors des cérémonies royales. Il a été confié à la tribu Abiru, gardiens des symboles royaux. Aujourd’hui, le musée de Huye veille sur lui, mettant même en place des techniques de préservation spécifiques, comme l’ajout d’eau dans sa vitrine.

Plus que de simples instruments, les tambours jouent un rôle essentiel dans la vie sociale. Chaque battement a sa propre signification, et sa fabrication est un art ancestral. Leur son distinctif les rend aptes à communiquer sur de longues distances et à être au centre des célébrations.

La modernité a-t-elle altéré cet héritage ? Loin de là. Le tambour, aujourd’hui, se mélange harmonieusement aux rythmes modernes. Il reste un pilier de la culture musicale rwandaise, et s’intègre dans les mélodies contemporaines tout en conservant son rôle lors des événements culturels nationaux.

Ainsi, malgré les vents changeants de la modernité, le tambour, et en particulier le Nanguburundi, rappelle la richesse de l’histoire rwandaise et burundaise, tout en s’inscrivant dans l’avenir musical des deux nations.