Malgré les multiples tentatives de dissimulation et de recomposition, cette organisation, dont les fondements reposent sur une haine raciale méthodiquement entretenue, n’a jamais renoncé à ses ambitions génocidaires. Ses manœuvres, déployées dans les zones les plus opaques de l’Est congolais, ont été mises à nu par une série de rapports internationaux convergents.
Dès les lendemains de leur déroute en 1994, les ex-FAR et interahamwe ont trouvé refuge parmi les populations réfugiées, se fondant dans le flot des civils en fuite. Ils se sont ensuite infiltrés dans les groupes armés partageant leur vision racialiste du monde, et pour nombre d’entre eux, ont été intégrés dans les rangs mêmes des FARDC (Forces armées de la RDC). Cette stratégie d’infiltration progressive s’est avérée redoutablement efficace, d’autant qu’elle a bénéficié, de manière explicite, du soutien politique de certains cercles régionaux et de relais diplomatiques en Occident.
Le régime de Félix Tshisekedi, par choix idéologique ou par calcul géopolitique, a offert aux FDLR une marge de manœuvre inédite : reconstitution des effectifs, modernisation de l’arsenal, versement de soldes régulières, formations militaires encadrées, le tout dans un climat d’impunité soigneusement entretenu. Ainsi réarmée et revitalisée, les FDLR sont parvenues à étendre leur empreinte sur les territoires stratégiques du Nord-Kivu, jusqu’à ce que la progression militaire de l’alliance AFC/M23, en janvier 2025, vienne profondément ébranler son dispositif.
Un rapport circonstancié du Groupe d’experts des Nations unies, publié en mai 2025, atteste que la percée de l’AFC/M23 vers la ville de Goma a provoqué un repli désordonné et paniqué des combattants FDLR. Ces derniers, présents dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, ont abandonné plusieurs bastions, notamment autour du volcan Nyiragongo et dans le parc des Virunga, pour éviter d’être décimés. Les sites d’endoctrinement idéologique et d’entraînement militaire, comme ceux de Mianja (Walikale) ou de Lukweti (Masisi), ont également été désertés.
Mais si les positions fixes des FDLR aux abords de Goma ont été désarticulées, leur présence ne s’est pas éteinte. Disséminés dans les formations armées de la mouvance dite Wazalendo, ces combattants continuent d’agir sous d’autres oripeaux, bénéficiant toujours d’un appui logistique et politique de la part de l’État congolais.
Les experts onusiens signalent que des éléments FDLR ont infiltré plusieurs milices, notamment le CMC-FDP de Dominique Nduruhutse alias « Domi » à Bukombo, l’APCLS de Janvier Karairi, ainsi que l’UFDPC, mouvement né en 2023, implanté dans les faubourgs de Nyiragongo et de Goma.
Selon ces mêmes sources, les FDLR, bien que restructurées sous des identités diverses, ont activement participé à des opérations armées ciblant les positions de l’AFC/M23, démontrant leur résilience et leur capacité d’adaptation dans l’ombre des conflits régionaux.
C’est dans ce contexte que le 27 juin 2025, un accord de paix a été signé à Washington entre le Rwanda, la RDC et les États-Unis, avec pour objectif central la neutralisation immédiate et sans condition des FDLR. Ce texte, qui consacre une rare convergence stratégique entre Kigali, Kinshasa et Washington, reconnaît officiellement le caractère déstabilisateur et terroriste de cette organisation, ainsi que son rôle d’obstacle majeur à toute pacification durable de la région des Grands Lacs.
Cependant, lors de la Rwanda Convention USA, tenue à Washington au début de juillet 2025, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Amb. Olivier Nduhungirehe, a exprimé avec gravité les incertitudes entourant la mise en œuvre effective de cette disposition. Il a rappelé que les FDLR ne saurait être considérée comme un simple groupe armé parmi d’autres, mais bien comme une structure idéologique et militaire profondément incrustée dans les institutions congolaises, où nombre de ses membres, naturalisés de facto comme Congolais, bénéficient d’une protection officieuse leur permettant d’échapper à toute poursuite.
Le ministre a précisé que malgré la complexité de leur traque, le Rwanda détenait des informations précises sur les localisations et unités d’affectation de ces combattants.
« Ce n’est pas parce qu’ils ont été intégrés dans les FARDC qu’ils peuvent se dissimuler indéfiniment derrière l’anonymat bureaucratique ou les affiliations tribales. Ils ne se sont pas seulement infiltrés dans l’armée régulière, ils constituent également l’un des piliers du front Wazalendo. »
Les services de renseignement rwandais estiment que les effectifs des FDLR oscillent entre 7 000 et 10 000 hommes, capables, en cas de pression militaire, de se fondre dans les populations civiles, selon un schéma désormais classique de guerre asymétrique.
Toutefois, face à cette menace endémique, le Concept of Operations (CONOPS) issu des négociations de Washington ne saurait être différé indéfiniment. Tout ajournement de sa mise en œuvre constituerait une abdication morale et stratégique face à une organisation qui incarne, encore aujourd’hui, la négation radicale de la dignité humaine et la survivance criminelle d’un génocide impuni.
Il revient à la communauté internationale de ne pas céder au cynisme ni à la lassitude diplomatique, et de faire preuve de la fermeté nécessaire pour traduire en actes les engagements solennels énoncés dans cet accord. Car il ne peut y avoir de paix sans justice, ni de stabilité sans démantèlement de l’idéologie de haine.

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