La cérémonie s’est tenue Samedi dernier, 23 novembre 2024 à la Bibliothèque Publique de Kigali. Si Yolande Mukagasana a reçu son prix en personne, celui de Mgr Kagame a été remis à Mgr Jean Bosco Ntagungira, évêque du diocèse de Butare, et celui de Mgr Bigirumwami à Mgr Jean Marie Vianney Nsengumuremyi, vicaire général du diocèse de Nyundo.
Organisés par le ministère de la Jeunesse et du Développement des Arts en partenariat avec Bridge Vision, une maison d’édition américaine, ces prix visent à reconnaître l’impact des écrivains qui, depuis 1900, ont œuvré pour la diffusion de l’histoire rwandaise et encouragé la lecture et l’écriture.
Décédé en 1981 à l’âge de 69 ans, Mgr Alexis Kagame est considéré comme l’un des écrivains les plus prolifiques de son époque.
Historien, philosophe et poète, il a marqué l’histoire du Rwanda par ses recherches approfondies sur la culture, la langue et la pensée rwandaises.
Parmi ses œuvres majeures figurent "Inganji Karinga", "Isoko y’Amäjyambere", et "Poésie dynastique au Rwanda".
Mgr Jean Bosco Ntagungira a révélé que Mgr Kagame a écrit près de 180 ouvrages, dont certains restent inédits et sont en cours de préparation pour publication.
Mgr Bigirumwami s’est distingué par ses travaux sur les traditions et les modes de vie des Rwandais. L’un de ses ouvrages les plus célèbres, "Imihango n’imigenzo n’imiziririzo mu Rwanda", explore les coutumes, croyances et pratiques des Rwandais avant la colonisation.
Initialement réticent à soutenir les pratiques culturelles traditionnelles en tant qu’homme d’Église, il est devenu par la suite un ardent défenseur de la préservation de la culture rwandaise comme un moyen d’unité et de communion.
En 1954, il a fondé le journal Hobe, un outil de sensibilisation culturelle particulièrement populaire dans les écoles.
Survivante du génocide contre les Tutsi en 1994, Yolande Mukagasana a dédié sa plume à la mémoire de cette tragédie. Son ouvrage phare, "Not My Time to Die (Ce n’était pas mon heure de mourir)", publié en 2019, offre un témoignage puissant sur les horreurs du génocide et appelle à la justice et à la réconciliation.
Mukagasana a évoqué les défis qu’elle a rencontrés pour publier ses ouvrages dans différentes langues, notamment en France, où elle a été confrontée à des résistances.
Elle a dénoncé la réticence initiale de certains milieux français à reconnaître leur rôle dans les événements tragiques qui ont marqué le Rwanda.
Lors de la cérémonie, plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité de promouvoir l’écriture parmi les jeunes. Barbara Umuhoza a déclaré :
« Le Rwanda compte 14 millions d’histoires. Trente ans après le génocide, beaucoup d’entre nous ont perdu leurs parents sans qu’ils nous aient transmis leur histoire. En tant que Rwandais, nous devons y réfléchir sérieusement. »
Le Directeur des Archives Nationales, Claude Nizeyimana, a souligné l’importance des contributions des lauréats, affirmant qu’ils ont permis de consigner l’histoire du Rwanda en kinyarwanda tout en renforçant la visibilité internationale du pays.
Grâce à leur engagement, Mgr Kagame, Mgr Bigirumwami et Yolande Mukagasana ont non seulement préservé l’héritage culturel du Rwanda, mais ont également inspiré une nouvelle génération à écrire, à lire et à transmettre l’histoire et la culture rwandaises.
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