Le général Omega, qui avait un jour juré de ne retourner au Rwanda « que lorsqu’il n’y aurait plus de Tutsi vivant dans ce pays », a échappé à la mort lors de nombreuses offensives menées contre les FDLR. Ces opérations ont coûté la vie à plusieurs commandants de haut rang, dont Sylvestre Mudacumura, tué en 2019.

Depuis 2022, lorsque les rebelles du M23 ont intensifié leurs attaques, le général Omega et les combattants des FDLR chargés de sa protection ont fréquemment changé de position. Ils se sont déplacés de Tongo, dans le territoire de Rutshuru, au sein du parc national des Virunga, vers Rusayo, puis ont progressé jusqu’à Bambiro, dans le territoire de Masisi, ainsi que vers plusieurs autres localités.

En septembre 2024, l’armée congolaise (FARDC) a lancé de vastes assauts à Rusayo et à Shovu, affirmant que les opérations visaient des commandants de haut rang des FDLR, dont le général Omega. À ce moment-là, le gouvernement congolais subissait une pression internationale croissante pour démanteler cette organisation terroriste.

Cependant, il est apparu par la suite qu’avant le début de l’offensive, le général-major Peter Cirimwami Nkuba, alors gouverneur de la province du Nord-Kivu, avait secrètement averti les FDLR.

De ce fait, les combattants et dirigeants de haut niveau du groupe, y compris le général Omega, ont réussi à s’échapper discrètement en direction de Kanyamahoro. Les frappes ont fini par viser les combattants de la milice APCLS, dirigée par Janvier Karairi, plutôt que le haut commandement des FDLR.

Le général-major Peter Cirimwami, tué en janvier 2025, aurait averti le général Omega que les FDLR allaient être attaquées

Le général Omega est-il toujours en vie ?

Le 25 janvier, des informations ont largement circulé sur les réseaux sociaux affirmant que le général Omega, commandant du FDLR-FOCA, avait été tué par les combattants de l’AFC/M23.

Ces rapports ont d’abord été largement crus, mais des récits ultérieurs ont indiqué qu’il pourrait encore être en vie.

Le porte-parole du FDLR/FOCA, Cure Ngoma, avait alors démenti les rumeurs de sa mort : « Les informations concernant la mort de notre chef militaire sont fausses. Il va parfaitement bien, il travaille et accomplit ses fonctions comme à l’accoutumée. » avait-il déclaré.

Dans la matinée du 1er mars, de nouveaux rapports ont fait état de la préparation par l’AFC/M23 de la remise à Kigali de combattants du FDLR capturés, dont l’un portait le grade de général, bien que son identité n’ait pas été immédiatement confirmée.

L’officier supérieur remis à cette occasion s’est révélé être le général de Brigade Ézéchiel Gakwerere, ancien secrétaire général des FDLR. Il était accompagné du major Gilbert Ndayambaje, également connu sous le nom de Rafiki Castro.

À la suite de cette remise, les journalistes se sont empressés de demander aux responsables de l’AFC/M23 si le général Omega figurait parmi les prisonniers. Le porte-parole adjoint de la coalition, le Dr Balinda Oscar, a répondu qu’ils ne l’avaient jamais capturé.

« En ce qui concerne le général Omega, vous connaîtrez bientôt son sort. Nous sommes toujours à sa recherche. Je me suis personnellement rendu dans son bunker à Kanyamahoro, au pied du mont Nyiragongo. Il était vide : ni lui, ni son corps n’y ont été trouvés. » a déclaré le Dr Balinda, s’adressant à IGIHE.

Ces récits contradictoires — des affirmations de Cure Ngoma sur la survie d’Omega à celles du Dr Balinda soutenant qu’il était porté disparu mais non confirmé mort — suggèrent qu’avec l’appui du gouvernement congolais, le général Omega pourrait encore être en vie. Néanmoins, sa localisation demeure entourée de mystère.

Au fil des années, des efforts ont été entrepris pour convaincre Ntawunguka de rentrer au Rwanda, mais il a constamment refusé.

Au fil des années, des efforts ont été entrepris pour convaincre Ntawunguka de rentrer au Rwanda, mais il a toujours refusé

Où se trouve le général Omega ?

Alors que la confusion persistait quant au sort du général Omega, le porte-parole des Forces de défense du Rwanda (RDF), le général de brigade Ronald Rwivanga, déclarait en mars 2025 à Jeune Afrique qu’il n’avait pas été remis au Rwanda. À ce moment-là, des informations faisaient état de la capture par l’AFC/M23 d’un autre officier supérieur des FDLR.

Le 21 août 2025, le commandant des forces des RDF dans la Province de l’Ouest, le général-major Eugène Nkubito, s’est adressé aux habitants du district de Rubavu en affirmant que le général Omega devrait rentrer dans son pays au lieu de se cacher dans les forêts de la République démocratique du Congo.

« Les enfants et l’épouse du chef des FDLR, Pacifique Ntawunguka, sont ici au Rwanda. Le saviez-vous ? … Je lui conseillerais, comme ses enfants le disent souvent, de rentrer à la maison s’il veut réellement vivre, plutôt que de mourir misérablement dans la brousse. Dites-moi, que fait-il dans ces forêts ? Qu’espère-t-il y accomplir ? » s’est interrogé le général-major Nkubito.

Selon un rapport du Groupe d’experts des Nations unies publié le 3 juillet 2025, l’intensification des offensives de l’AFC/M23 a contraint le général Omega et d’autres hauts commandants des FDLR à abandonner leurs positions près du mont Nyiragongo et à l’intérieur du parc national des Virunga.

Le Dr Balinda avait indiqué en mars dernier, que l’AFC/M23 n’avait pas retrouvé le général Omega dans sa tranchée à Kanyamahoro

Actuellement, les combattants des FDLR seraient dispersés dans plusieurs zones, notamment à Binza, dans le territoire de Rutshuru, dans certaines parties du territoire de Walikale, à Uvira, dans la province du Sud-Kivu, et même à Bujumbura. Toutefois, les experts des Nations unies n’ont pas révélé où se trouve précisément le général Omega lui-même.

Pacifique Ntawunguka est né en 1964 dans le secteur de Gasebeya, commune de Gaseke, préfecture de Gisenyi, aujourd’hui intégrée au district de Ngororero, dans la Province de l’Ouest du Rwanda.

Il a fréquenté l’école primaire à Gaseke, puis l’enseignement secondaire à Rwankeli, dans l’actuel district de Nyabihu, avant de poursuivre ses études au Collège Christ Roi de Nyanza. Par la suite, il a suivi une formation militaire à l’ESM (École Supérieure Militaire) de Kigali. Après l’ESM, il a complété sa formation en aviation en Égypte, en Grèce et en France.

En tant qu’officier des ex-FAR vaincus, Ntawunguka a été envoyé à l’étranger pour des formations complémentaires en aviation, notamment en Égypte, en Grèce et en France. Entre 1990 et 1994, il détenait le grade de lieutenant.

Lorsque le génocide de 1994 contre les Tutsi a éclaté, Omega commandait le 94ᵉ bataillon opérant dans le Mutara. Il fut défait par l’Armée patriotique rwandaise (APR) et blessé à la jambe au cours des combats, avant de battre en retraite vers Kigali.

À la suite de la défaite des anciennes Forces armées rwandaises (FAR), Omega s’est enfui en République démocratique du Congo (RDC) avec d’autres membres des ex-FAR.

Ils ont ensuite fondé les FDLR en 2000. Depuis la mort de Sylvestre Mudacumura en 2019, Ntawunguka exerce les fonctions de commandant des FDLR/FOCA.

Au fil des années, des efforts ont été déployés pour convaincre Ntawunguka de rentrer au Rwanda, mais il a toujours refusé.

En mars 2025, le général de brigade, Ronald Rwivanga a affirmé à Jeune Afrique que le général Omega n’avait pas été remis au Rwanda