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RDC : Quand état d’urgence rime avec ambulance et Condoléance

Redigé par Jean Jill Mazuru
Le 16 janvier 2023 à 12:35

Le 6 mai 2021, le président Congolais Félix Tshisekedi déclare l’état de siège ou l’état d’urgence, c’est selon, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, dans le but de restaurer la paix dans ces provinces en proie à des violences endémiques. Un an et sept long mois se sont écoulés depuis que Mr Felix a donné pleins pouvoirs aux militaires pour ramener la paix dans cette partie Est de la RDC.

19 mois déjà que le N° 1 congolais a décrété cet état d’exception au nord Kivu, mais depuis lors la situation sécuritaire s’est par contre dégradée, allant de mal en pis. Selon les chiffres publiés par « le baromètre du Kivu », une organisation de la société civile, le nombre de morts dans des attaques a doublé dans la région.

Confiée à la grande muette, l’administration des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, à la tête desquelles se trouve par ailleurs d’anciens membres de groupes armés ne connait pas de répit sécuritaire, la décoction née des idées prolifiques de sieur Tshisekedi n’a pas ramené le moribond vers un prompt rétablissement, au grand dam des populations victimes ou sacrifiées.

Selon l’organisation des Nations Unies, entre Juin 2021, c’est-à-dire un mois après que l’état d’urgence ait été déclaré, et Mars 2022, lorsque le M23 relança les hostilités, 1.261 civils avaient d’ores et déjà été tués.

Si l’on tient compte du fait qu’entre Juin 2020 et Mars 2021, avant état d’urgence, le nombre de morts civils dans les deux provinces concernées était de 559, il est clair comme le nez au visage que le nombre de victimes a plus que doublé.

Dans ses publications, le « Kivu Security Tracker », un projet universitaire conjoint de recherche sur la RDC basé à New York, dans les quatre premiers mois de l’état d’urgence, on dénombrait 739 morts dont 672 tués par les groupes armés, et comme si ça ne suffisait pas, 67 d’entre eux occis par l’armée régulière.

Le M23 est encensé à tort et à travers, comme étant à l’origine de l’insécurité sévissant à l’Est du Congo, et pourtant, « Kivu Security Tracker » démontre que c’est une des rebellions pullulant dans cette partie de la RD Congo qui fait le moins de victimes civiles. Se basant sur ses études, le projet de recherches note que, rien que pour 2021, les forces démocratiques alliées, ADF ont à elle seules, fait 1050 victimes.

Il n’est pas courant que l’armée régulière soit en collusion avec des groupes armés sévissant sur un territoire national lambda. Et pourtant c’est le cas en RDC où les FARDC, se sont alliées à moult rebellions dans la guerre qui l’oppose au M23.

Parmi les rebellions en collusion avec les FARDC, vient sur la première marche du podium, les tristement célèbres FDLR, mouvement terroriste accusé d’avoir perpétré le génocide au Rwanda en 1994.

Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut Français des relations internationales, révélait à la publication Afrikarabia que plusieurs rebellions présentes dans l’Est Congolais étaient de mèche avec les plus hauts responsables au sommet de l’état à Kinshasa.

Ainsi, poursuit –il, la région est-elle devenue la poule aux œufs d’or pour les hauts gradés militaires déployés sur place. Ils y trouvent une occasion de se remplir les poches et les comptes grâce à cette conspiration avec l’ennemi.

En décembre dernier, Lieutenant-colonel Marcel Kaligamire et deux autres officiers supérieurs étaient condamnés par la Haute cour militaire à perpétuité pour « détournement des minutions de guerre destinées aux opérations militaires ».

Les munitions détournées avaient été vendues au groupe armé Codeco (Coopérative pour le développement du Congo), selon l’accusation.

Le 15 Octobre 2022 à Bunia, neuf officiers supérieurs des FARDC et de la Police Nationale Congolaise ont été condamnés à des peines de prison ferme allant d’un an à dix ans par la cour militaire de l’Ituri. Les prévenus étaient poursuivis pour détournement des fonds alloués aux opérations militaires dans cette province sous état de siège.

Le 22 Septembre 2022, le général Peter Chirimwami, commandant de la 32ème région militaire en Ituri, était mis aux arrêts et incarcéré dans la prison centrale de Makala à Kinshasa pour haute trahison ayant trait à une entente avec l’ennemi.

D’après Deprose Muchena, Responsable d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et du Sud, les pleins pouvoirs accordés à l’armée en Ituri et au Nord-Kivu sont partie prenante de la problématique sécuritaire dans la région, du fait qu’au lieu de constituer une voie de sortie, ils ont mené la situation à vau l’eau.

Pour « Kivu Security », une autre ONG Congolaise, depuis 2017 la crise a l’Est de la RDC y a fait 18.618 victimes. Pendant ce temps, on estime depuis la même année le nombre d’enlèvements de personnes à 9.179.

On dénombrait 40 groupes armés en 2008 dans les deux provinces ; ils sont plus de 13o à ce jour, signe que la situation empire, alors que l’opinion s’attendait à ce que l’état d’urgence contribuerait à stabiliser, voire améliorer la situation sécuritaire dans l’Est Congolais.


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