Le général Dallaire, commandant des forces de maintien de la paix de l’ONU au Rwanda, demandait le droit d’intervenir pour prévenir le génocide contre les Tutsi après avoir reçu des informations cruciales. Cependant, au lieu de lui donner cette autorisation, il lui a été ordonné de partager ces informations avec ceux qui planifiaient le génocide.
Le général Dallaire et ses 2 500 soldats avaient pour mission d’aider le gouvernement et les partis d’opposition rwandais à mettre en œuvre l’accord d’Arusha, signé en août 1993, et d’empêcher les combats.
Le "Fax du Génocide" révélait des détails alarmants sur la formation des Interahamwe, une milice pro-régime. Il mentionnait un "formateur de haut niveau" impliqué dans la formation des Interahamwe pour commettre des atrocités contre les Tutsi. Trois mois plus tard, ces mêmes Interahamwe joueraient un rôle central dans le génocide qui coûta la vie à plus d’un million de Tutsi.
L’un des moments cruciaux fut la rencontre entre le général Dallaire et Twagiramungu Faustin, un homme politique rwandais, le 10 janvier 1994.
Faustin, qui avait des informations vitales, révéla que les Interahamwe étaient en train d’être formés pour mener une vaste campagne de violence contre les Tutsi.
Le commandant Jean Pierre Abubakar Turatsinze, ancien chef de la garde présidentielle, avait des informations sur ces activités et était prêt à les partager.
Les informations fournies par Jean Pierre étaient choquantes. Les Interahamwe recevaient une formation militaire intensive de trois mois, axée sur la tactique de tuer rapidement.
Leur capacité à tuer des civils atteignait un millier toutes les 20 minutes à Kigali. De plus, des fusils AK-47 devaient bientôt leur être fournis par l’armée. Les Interahamwe avaient également dressé une liste de Tutsi à exterminer dans tout le pays.
Face à cette situation alarmante, le général Dallaire a écrit au général Maurice Baril, conseiller à la sécurité du secrétaire général de l’ONU, pour demander le droit de perquisitionner les endroits où les armes étaient cachées. Cependant, sa demande fut accueillie par une mise en garde de Kofi Annan, l’actuel secrétaire général de l’ONU à l’époque, contre une telle action.
Le 12 janvier 1994, le général Dallaire se rendit chez le président Habyarimana pour l’informer de la situation. Cette démarche fut précédée par des informations transmises aux ambassadeurs de divers pays, mais aucune réaction significative ne fut observée.
Lors de la rencontre avec Habyarimana, celui-ci nia toute implication dans les activités des Interahamwe et demanda à Dallaire de transmettre les informations à Matiew Ngirumpatse, responsable du parti MRND alors au pouvoir. Cependant, malgré ces avertissements, le gouvernement rwandais ne prit aucune mesure pour arrêter le génocide.
Le génocide perpétré contre les Tutsi débuta, et malgré les informations fournies à l’ONU, l’organisation sembla rester indifférente. Les troupes de l’ONU observèrent le génocide en direct, mais il fallut du temps pour confirmer qu’il s’agissait d’une entreprise d’extermination systématique des Tutsis.
Le retrait des troupes belges de la MINUAR aggrava encore la situation, laissant des milliers de Tutsi à la merci des Interahamwe à l’ET’O Kicukiro dans la ville de Kigali.
Le "Fax du Génocide" reste ainsi un témoignage tragique de l’inaction de l’ONU au Rwanda, où un million de vies furent perdues dans l’un des génocides les plus meurtriers de l’histoire.
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