Sur sa plateforme Truth Social, le président Trump a révélé que cette percée diplomatique avait été rendue possible grâce à la médiation conjointe avec son secrétaire d’État, Marco Rubio.
« Je suis très heureux d’annoncer que j’ai organisé, en collaboration avec le secrétaire d’État Marco Rubio, un merveilleux traité entre la République démocratique du Congo et la République du Rwanda, afin de mettre fin à leur guerre, tristement célèbre pour sa violence sanglante et ses innombrables pertes humaines, bien au-delà de la plupart des autres conflits armés », a-t-il écrit.
« C’est un grand jour pour l’Afrique, et, très franchement, un grand jour pour le monde entier ! »
Donald Trump n’en est pas à sa première auto-célébration en matière de diplomatie mondiale. À maintes reprises, il a publiquement revendiqué qu’il aurait dû recevoir le prestigieux Prix Nobel de la paix, notamment : lors de la signature des Accords d’Abraham (2020) entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, Trump s’était déclaré « favori » pour le Nobel, allant jusqu’à dire : « Tout le monde dit que j’ai amené la paix au Moyen-Orient, et pourtant les médias n’en parlent pas. Je le mérite. »
En septembre 2019, après avoir facilité la désescalade entre le Pakistan et l’Inde, Trump avait affirmé à l’Assemblée générale des Nations unies : « Je pourrais obtenir un prix Nobel pour plusieurs choses si c’était un processus équitable. »
A propos de la Corée du Nord, à la suite de sa rencontre historique avec Kim Jong-un, il a laissé entendre qu’il était « éligible » pour le prix, critiquant le comité Nobel pour son prétendu biais politique.
Le narcissisme diplomatique à l’épreuve de la paix
En matière de diplomatie internationale, certaines annonces tiennent davantage du théâtre que de la politique étrangère, et la dernière sortie du président Donald Trump, proclamant haut et fort avoir « orchestré » un accord de paix entre Kigali et Kinshasa, s’inscrit dans cette logique de mise en scène spectaculaire.
En parant son initiative d’un lyrisme martial « plus sanglante que la plupart des guerres » et en soulignant le caractère « mondial » de sa prétendue victoire, Trump recycle un narratif désormais bien rôdé : celui du messie de la paix, incompris par les élites, mais adoubé par les peuples.
Ce n’est pas la première fois que le président américain s’arroge le mérite de pacifier des conflits profondément enracinés, dont les complexités échappent souvent à la rhétorique populiste et binaire qu’il affectionne.
Son obsession pour le Prix Nobel de la paix, distinction qu’il réclame avec une insistance quasi incantatoire relève moins d’une ambition diplomatique authentique que d’un désir de reconnaissance symbolique, nourri par son culte de l’ego.
Ce que Trump désigne comme un « Grand Jour pour l’Afrique » est moins une célébration du dialogue interafricain qu’une mise en lumière de lui-même. Car derrière chaque traité qu’il brandit, c’est toujours le même refrain : « Moi, Donald Trump, artisan de paix, injustement oublié par l’Histoire. »
Cette scénarisation narcissique contraste cruellement avec les réalités du terrain, où la paix ne se décrète pas dans un tweet, mais se construit lentement, avec humilité, constance et mémoire des blessures.
Que Trump ait contribué à une dynamique de cessez-le-feu ou non, l’usage inflationniste de ses proclamations diplomatiques risque d’éroder la crédibilité d’initiatives bien plus nuancées.
La paix, dans la région des Grands Lacs, ne saurait être confondue avec un trophée de plus à épingler sur la veste d’un président en quête de postérité.

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