Urgent

Tshisekedi et la guerre quoi qu’il en coûte

Redigé par Tite Gatabazi
Le 6 mars 2025 à 03:59

Acculé par l’érosion inexorable de son assise politique, l’évanescence de ses marges de manœuvre diplomatiques et la déliquescence alarmante de son appareil sécuritaire, le pouvoir congolais se résout à mobiliser l’un de ses derniers atouts d’envergure : l’inestimable opulence minérale que recèle son sous-sol.

A la croisée des convoitises géostratégiques, ces richesses souterraines, dont l’ampleur suscite à la fois fascination et rivalités, se muent en levier ultime dans un jeu d’influences où se croisent calculs mercantiles et équilibres de puissance. Ainsi, dans une tentative désespérée de renverser le cours des événements, Tshisekedi brade l’accès à ces précieuses ressources contre des garanties d’appui militaire et diplomatique, espérant conjurer le spectre d’un basculement irrémédiable.

Face à la débâcle militaire qui s’amplifie dans l’Est de la République démocratique du Congo et à l’avancée inexorable des forces rebelles de l’AFC/M23, le président Félix Tshisekedi s’efforce d’explorer les ultimes leviers susceptibles de renverser le cours des événements.

Selon plusieurs sources crédibles, dans une tentative de rallier des soutiens extérieurs, plusieurs émissaires congolais ont été dépêchés courant février aux États-Unis afin d’engager des pourparlers avec l’administration américaine, dominée par le retour de Donald Trump.

L’objectif sous-jacent de cette initiative est de monnayer les richesses minières du pays contre un soutien militaire et des pressions diplomatiques voire des sanctions accrue de Washington sur Kigali.

Parmi les figures envoyées en mission figuraient d’éminents responsables de la Gécamines, dont le nom de Guy Robert Lukama, bien que ce dernier s’en défende, revient avec insistance dans les cercles informés. Patrick Luabeya, président de l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (Arecoms), ainsi que Doudou Fwamba Likunde, ministre des Finances, ont également pris part aux négociations. Pour parachever ce ballet diplomatique, Jacques Tshisekedi, frère du chef de l’État, a été chargé de superviser les discussions à dimension sécuritaire.

Cette manœuvre se veut à la fois un moyen de conjurer un effondrement imminent du pouvoir et de prévenir d’éventuels conciliabules occultes qui se feraient au détriment de Kinshasa. Toutefois, les modalités précises de l’accord proposé par la RDC demeurent floues, ce qui alimente le scepticisme des décideurs américains.

Des personnalités influentes, telles que Peter Pham, dont la nomination au poste de sous-secrétaire d’État aux Affaires africaines est encore en suspens, et Richard Grenell, envoyé spécial de Trump, expriment en privé leur réticence à accorder un blanc-seing à un pouvoir congolais dont ils jugent la crédibilité incertaine.

Une quête effrénée d’appuis militaires

Parallèlement à ces tractations, Kinshasa tente de pallier l’effondrement progressif de son armée, incapable d’endiguer l’avancée des hommes du Général Makenga. Dans cette optique, il se dit que Jacques Tshisekedi s’est discrètement rendu aux Émirats arabes unis, accompagné de Kahumbu Mandungu Bula, dit "Kao", conseiller privé du président et intermédiaire attitré entre Félix Tshisekedi et Mohammed bin Zayed Al Nahyan (MbZ). Cette visite avait un objectif précis : négocier, dans l’urgence, la fourniture d’équipements militaires nécessaires à la consolidation des forces loyalistes.

Comme gage de bonne foi et monnaie d’échange, la délégation congolaise a mis en avant la récente disponibilité d’un gisement de cuivre et de cobalt situé dans la province du Lualaba, Musonoï East, dont les réserves sont réputées considérables. L’exécutif congolais aurait demandé une avance de 250 millions de dollars en contrepartie de cette concession stratégique.

Ce gisement, propriété de la Gécamines, était initialement sous protocole d’accord avec le Guma Group de l’homme d’affaires sud-africain Robert Gumede. Toutefois, à la suite de négociations infructueuses entamées en décembre 2023, la Gécamines a officiellement rompu cet accord le 4 février dernier, dans un courrier signé par son directeur général, Placide Nkala Basadilua. Ce revirement, intervenu dans un contexte d’urgence sécuritaire, traduit la volonté de Kinshasa d’utiliser ses ressources naturelles comme levier de survie politique et militaire.

Alliances africaines : entre fragilité et désillusion

Se sentant de plus en plus isolé sur l’échiquier diplomatique continental, Félix Tshisekedi a tenté de renforcer ses liens avec l’un de ses rares alliés africains, Mahamat Idriss Déby, président tchadien.

Le 18 février, il lui a adressé un message personnel via son ministre de l’Intégration régionale, Didier Mazenga Mukanzu, espérant ainsi obtenir une assistance militaire de la part de N’Djamena.

Une délégation d’experts militaires congolais s’est rendue au Tchad pour discuter des modalités d’un éventuel déploiement. Toutefois, l’état-major tchadien s’est montré réticent, invoquant les défis logistiques et l’incompatibilité de son armée avec les terrains escarpés de l’Est congolais. Cette réserve tactique met en péril l’espoir d’un soutien effectif.

Enfin, Kinshasa continue de compter sur l’appui du Burundi d’Évariste Ndayishimiye, qui maintient un important contingent militaire dans l’Est congolais, avec près de 10 000 hommes. Cependant, la récente visite à Kigali de plusieurs hauts responsables sécuritaires burundais a ravivé les craintes d’une volte-face. Kinshasa redoute un accord tacite entre Bujumbura et Kigali visant à éviter une confrontation directe, ce qui priverait Tshisekedi de son dernier rempart régional contre l’AFC/M23.

Une issue incertaine

Ainsi, Félix Tshisekedi, acculé sur tous les fronts, oscille entre initiatives diplomatiques précipitées et manœuvres économiques hasardeuses. Le pari de troquer les trésors miniers de la RDC contre une assistance militaire étrangère se heurte à la défiance généralisée de ses interlocuteurs.

L’urgence du moment l’oblige à naviguer à vue, espérant arracher un sursis avant que la situation sur le terrain ne bascule irrémédiablement.

Tshisekedi semble déterminé à mener la guerre, quel qu'en soit le prix

Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité