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Un instrument dans l’engrenage négationniste dit Charles Onana

Redigé par Tite Gatabazi
Le 8 octobre 2024 à 02:19

En France et en Belgique, une lourde conscience semble peser sur certains milieux. Ceux-là mêmes qui, dans un passé pas si lointain, ont soutenu les génocidaires et ont donné refuge aux négationnistes.

Qu’ils soient associatifs, religieux, politiques ou universitaires, leur silence complice résonne encore. Quant à ceux qui, en France, ont participé à la très controversée opération Turquoise, ils ont été démasqués, exposant au grand jour leur implication dans une tragédie qu’ils peinent encore à assumer.

Aujourd’hui, ils se battent désespérément pour inverser les responsabilités, se découvrant une solidarité de circonstance avec le hutu power et certains "Congolais fictifs", tout cela dans l’espoir de masquer leur propre implication que ce soit dans le génocide contre les Tutsi, dans le négationnisme, ou les deux.

Et c’est là que surgit Charles Onana, leur figure de proue, ou devrions-nous dire, leur marionnette de choix. Derrière ce visage et ces écrits, se cache une entreprise de dissimulation si grossière qu’elle échoue presque à chaque tentative. Que ce soit sous la lumière des rapports du juge Trévidic, des travaux du professeur Duclert, ou encore des décisions de justice, les masques finissent toujours par tomber.

Charles Onana, aujourd’hui en procès pour négationnisme du génocide contre les Tutsi, est bien plus qu’un simple journaliste controversé : il est l’illustration même d’une mécanique bien huilée qui cherche à réécrire l’histoire. Ironie du sort, il semble lui-même incapable de comprendre les ficelles qui le manipulent. Il est un rouage parmi d’autres, soigneusement rétribué, qui propulse des récits sans fondement, à défaut de pouvoir les étayer avec des preuves tangibles. Non, Onana n’est pas isolé ; il incarne un plan savamment orchestré depuis des années pour brouiller les pistes du génocide contre les Tutsi.

Comme le démontrent les leçons de l’histoire, chaque projet génocidaire s’accompagne inévitablement de son lot de négationnisme. Dès les premières heures de la tragédie, des narratifs sont créés avec un objectif clair : nier, minimiser ou, mieux encore, inverser les responsabilités. Le génocide contre les Tutsi n’échappe pas à cette logique. Soutenu par des réseaux étatiques, notamment en France et en Belgique, il a bénéficié de connexions étendues qui s’enracinent dans les milieux associatifs, politiques et académiques.

Malgré les preuves accablantes accumulées au fil des années, ces réseaux n’ont pas relâché leurs efforts pour déstabiliser le Rwanda post-génocide. Armés de publications sophistiquées, ils ont répandu la rhétorique du "double génocide" avec un acharnement déconcertant.

Une tentative flagrante de réécrire 1994, où les victimes deviendraient, par un tour de passe-passe historique, les bourreaux. Charles Onana, Camerounais de naissance mais désormais porte-parole du révisionnisme, fut l’élu idéal pour mener ce combat absurde.

Le choix d’Onana n’est en aucun cas le fruit du hasard. Journaliste en quête de reconnaissance à Paris, fréquentant les cercles du panafricanisme, il a été repéré pour son potentiel "présentable". Sans attache directe ni avec le Rwanda ni avec la RDC, il pouvait être brandi comme une figure apparemment neutre.

Sa condition de journaliste était un atout de poids : on pouvait le transformer en chercheur, en investigateur, en quelque chose de plus... crédible. Ainsi fut-il élevé au rang de faiseur de vérités, devenu un porte-voix de choix pour les réseaux négationnistes.

Son ascension fut rapide : une thèse de doctorat en science politique, intitulée Rwanda, opération Turquoise et controverse médiatique, vite convertie en livre. Et voilà qu’il s’établit comme un pseudo-expert, enchaînant les publications comme un écrivain inspiré : Holocauste au Congo, Enquête sur un attentat : Rwanda, 6 avril 1994, et bien d’autres titres aux allures de déjà-vu.

Mais derrière cette prétendue érudition, on découvre des méthodes peu orthodoxes, pour ne pas dire inexistantes. Charles Onana, loin des rigueurs scientifiques, ne se soucie guère de confronter ses sources ou d’effectuer des vérifications de terrain. Il préfère recycler des thèses éculées, alimentant une machine de propagande révisionniste qui continue de faire des émules. Il n’est qu’un écho lointain des délires du juge français Jean-Louis Bruguière, qui, pendant une décennie, a cherché à démontrer que c’est le FPR qui avait abattu l’avion du président Habyarimana, déclenchant ainsi le génocide. Les preuves ? Inexistantes. Les conclusions ? Discréditées. Pourtant, cette thèse continue d’être le socle du discours négationniste.

Au fil du temps, la rhétorique négationniste a trouvé de nouveaux appuis, notamment avec le très controversé Mapping Report de l’ONU. Bien que largement biaisé, ce rapport a été exploité sans retenue par ces milieux pour conforter leurs théories.

Des productions médiatiques, telles que le documentaire Rwanda, Untold Story de la BBC, ont renforcé cette ligne révisionniste. L’histoire est la même : minimiser, inverser, accuser. D’autres films, mais aussi Rwanda, Forbidden Stories, produit en Belgique, n’ont fait qu’ajouter du crédit à cette machinerie bien orchestrée.

Face à ces attaques médiatiques, Charles Onana se réfugie dans le confort des monologues, évitant soigneusement toute confrontation. Mais lorsqu’il est contraint d’affronter la réalité, son discours s’effondre. Lors d’un passage mémorable sur Radio Top Congo à Kinshasa, Onana s’est retrouvé incapable de justifier les 10 millions de morts qu’il avance, chiffres sortis de nulle part. Ce moment de malaise révèle à quel point son argumentaire est fragile : il ne résiste pas à l’épreuve des faits.

Le procès de Charles Onana pourrait bien marquer un tournant décisif dans la lutte contre le négationnisme. Cette affaire est une chance unique de démontrer que les manipulations historiques, aussi sophistiquées soient-elles, finiront toujours par être exposées.

Toutefois, la vigilance reste nécessaire. Les réseaux négationnistes ne se contenteront pas de cette défaite. Ils continueront à manœuvrer, à manipuler, à brouiller les pistes.

Charles Onana, malgré ses prétentions intellectuelles, n’est qu’un instrument dans une entreprise bien plus vaste. Son incapacité à soutenir ses propres thèses face à des confrontations factuelles montre les limites de son discours.

Ce procès ne se résume pas à juger un homme, mais à juger un système entier de désinformation. Et si la vérité peut triompher dans les tribunaux, la bataille pour la mémoire collective, elle, ne fait que commencer.

Peut-être que, pour des raisons pédagogiques, il serait sage de diffuser largement les rapports Muse et Duclert afin d’éclairer l’opinion publique et de déconstruire ce discours révisionniste. Car, au final, ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement la mémoire d’un peuple, mais la vérité elle-même.

Charles Onana, malgré ses prétentions intellectuelles, n’est qu’un instrument dans une entreprise bien plus vaste.

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