Un pacte prophétique pour la paix en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 janvier 2025 à 11:35

Dans une initiative écuménique remarquable, les Églises catholique et protestante de la République Démocratique du Congo (RDC) se mobilisent pour le règlement de la crise déchirante qui a plongé la région des grands lacs dans une instabilité chronique.

Avec une vision prophétique et une détermination à rompre avec l’héritage de divisions et de violences, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) lancent un ambitieux "Pacte social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en RDC et dans les Grands Lacs".

Cette feuille de route s’inscrit dans une urgence historique, appelant les peuples à se réapproprier les valeurs de "Bumuntu", fondement ontologique de l’identité africaine, pour instaurer une coexistence pacifique et solidaire.

Une réponse retardée mais mûrie par la réflexion

Longtemps attendue, cette initiative reflète une mûre réflexion approfondie des leaders religieux, conscients du devoir qui leur incombe devant l’Histoire.

En des termes saisissants qui reflètent les souffrances et les et en prenant date, ils interrogent : « Combien de souffrances, de morts, de viols, de déplacements et de destructions faut-il encore avant que la paix et le bien-vivre ensemble s’installent en RDC et dans la région des Grands Lacs ? »

Ce cri d’alarme souligne l’ampleur d’une crise humanitaire aux conséquences incalculables, appelant à une mobilisation massive pour faire de 2025 « l’Année de la Paix et du Bien-Vivre Ensemble ».

Le Concept de Bumuntu : une clé pour la paix durable

Au cœur de cet appel se trouve le concept de "Bumuntu", une notion enracinée dans la sociologie et la spiritualité africaines. "Bumuntu" qui exprime l’humanité dans son essence, invite chaque individu à faire preuve d’empathie, de respect mutuel et de solidarité. Dans le contexte actuel, le retour à ces valeurs fondamentales est présenté comme un préalable à la résolution des conflits qui ravagent la sous-région. Le

Bumuntu, par son caractère inclusif, favorise la cohésion sociale et rejette les logiques d’exclusion et de violence, incompatibles avec l’identité africaine profonde.

Les deux confessions religieuses soulignent que le Bumuntu s’exprime par la "culture de bon voisinage transfrontalier", une pratique ancestrale de résolution pacifique des conflits, symbolisée par le baraza. Ce modèle peut inspirer une gouvernance inclusive et participative, capable de transcender les divisions ethniques, politiques et territoriales.

Pour concrétiser leur vision, la CENCO et l’ECC proposent cinq postulats clés :

Retour aux valeurs de Bumuntu : Promouvoir les valeurs sociologiques et spirituelles propres à l’Afrique pour bâtir une paix durable et un vivre-ensemble harmonieux.

Consensus par le dialogue : Prioriser les solutions pacifiques aux causes profondes des conflits, notamment par la médiation et le dialogue constructif.

Unité dans la diversité : Renforcer les liens entre communautés pour construire une Afrique forte, unie et prospère face aux défis de la mondialisation.

Plaidoyer pour une gouvernance responsable : Inciter les dirigeants politiques à adhérer à cette initiative socio-spirituelle et à s’engager pour une exploitation équitable et éthique des ressources naturelles.

Mobilisation de la communauté internationale  : Appeler à un accompagnement sincère des peuples africains dans leur quête de justice, de paix et de développement durable.

Une Conférence Internationale pour un avenir pacifique

Dans le cadre de ce pacte, une "Conférence Internationale pour la Paix, le Co-Développement et le Bien-Vivre Ensemble dans les Grands Lacs" est prévue. Cet événement culminant sera précédé d’ateliers thématiques et de consultations nationales visant à formuler une charte pour la paix et le bien-vivre ensemble. L’objectif est de générer des solutions concrètes et des recommandations applicables aux différents contextes locaux et régionaux.

Un devoir de solidarité

La CENCO et l’ECC, par cette initiative prophétique, rappellent que la paix en RDC et dans les Grands Lacs est une responsabilité collective. Elles invitent les citoyens, les dirigeants et la communauté internationale à s’engager pour transformer l’espoir en réalité. Le chemin est exigeant, mais, comme l’affirme la lettre aux Romains : « L’espérance ne déçoit pas » (Rm 5,5).

Les Églises catholique et protestante de la République Démocratique du Congo (RDC) se mobilisent pour le règlement de la crise déchirante qui a plongé la région des grands lacs dans une instabilité chronique.

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