Les récentes manœuvres attribuées à la branche militaire de l’AFC/M23, identifiée sous l’acronyme ARC dans le langage courant des combats offrent une démonstration clinique et implacable de ce que l’on peut appeler la primauté de la tactique sur la simple supériorité numérique ou matérielle.
Là où certains s’illusionnent sur le nombre d’hommes, la sophistication des matériels ou la gravité ostentatoire des dispositifs, l’ARC expose, par la répétition de ses actions, une autre vérité : la guerre se gagne d’abord par la domination de la logique du mouvement, la discipline de l’exécution et la finesse de l’intention stratégique.
La tactique du contournement : mécanisme et effets
Le contournement, dans sa forme la plus pure, consiste à éviter la confrontation frontale avec la force principale de l’adversaire pour frapper ses flancs, son arrière ou ses lignes de communication à partir d’itinéraires imprévus.
Ce principe, vieux comme les traités de stratégie, retrouve ici une actualité tragiquement efficace. Les récits des populations, les enregistrements audio et les rares images diffusées convergent vers un même schéma : des unités se faufilent par des itinéraires dissymétriques, parfois à travers des marécages, des lignes de crête ou des pistes secondaires ignorées et surgissent là où l’ennemi s’estime le plus sûr.
Privé de référent spatial et contraint à combattre sur un terrain défavorable, le dispositif adverse se disloque, subit des ruptures locales et, plus souvent qu’à son tour, se voit contraint a la débandade.
L’effet psychologique de cette manœuvre est tout aussi déterminant que son impact tactique. L’adversaire n’est plus seulement frappé ; il est surpris, désorienté, puis démoralisé.
La discipline et la maîtrise que révèle l’exécution du contournement, silence, simultanéité des actions, synchronisation des mouvements, constituent un message autant qu’une méthode : ils proclament la supériorité de la conduite de la guerre sur la simple possession d’armes.
Pourquoi la supériorité réside dans la conduite, non dans les moyens
Il convient de dissiper une confusion trop commode : la puissance matérielle n’est pas l’équivalent de la maîtrise stratégique. Une armée encombrée d’équipements lourds et riche en effectifs peut se montrer vulnérable si elle manque de flexibilité, d’initiative et de discipline.
A l’inverse, une force moindre en effectifs mais raffinée dans sa doctrine tactique, attentive à la géographie, à l’intelligence du terrain et à la synchronisation des actions, peut dicter les termes du combat. L’ARC, d’après les éléments disponibles, ne s’appuie pas seulement sur une série d’attaques opportunistes : elle manifeste une culture opérationnelle, appropriation des itinéraires secondaires, exploitation des interstices topographiques, usage de l’information locale et discipline de commandement, qui transforme la mobilité en arme décisive.
Cette supériorité ne naît pas d’un simple hasard : elle est l’aboutissement d’une doctrine où la cause, la finalité politique et militaire, oriente la tactique, où la discipline collective interdit l’improvisation individuelle délétère, et où l’art de la guerre s’assimile à une science de l’espace et du temps.
Leçons et prescriptions pour les forces en face
Si une armée veut corriger sa vulnérabilité au contournement, elle ne suffit pas d’augmenter l’arsenal ou de multiplier les patrouilles. Il faut une réflexion holistique, qui embrasse la formation, le renseignement, la mobilité et la culture du commandement.
Il est impossible, pour l’observateur lucide, d’ignorer la constance d’une méthode qui se déploie sur le terrain comme une logique répétée et maîtrisée : appropriation méthodique des itinéraires secondaires, exploitation des interstices topographiques et synchronisation des actions au moment décisif.
Cette posture opérationnelle traduit non une simple initiative improvisée, mais la mise en œuvre d’une culture de guerre où la discipline, la formation et le sens du temps tactique transforment la mobilité en instrument de pression.
A travers ces gestes répétés, silence dans le mouvement, choix des voies marginales, coordination des effets de masse concentrés au point d’impact se lit aussi, dans les rangs de ceux qui l’exécutent, une forme de bravoure professionnelle : non pas bravoure exubérante, mais courage procédural, fondé sur l’obéissance aux ordres, la confiance mutuelle et la capacité à tenir sa place au sein d’un dispositif pensé et répété.
Par contraste, la coalition hétéroclite qui lui fait face révèle des faiblesses structurelles qui dépassent la seule carence d’équipements : dispersion doctrinale, déficit de renseignement tactique et défauts de synchronisation des réserves et des ripostes.
Là où il faudrait un maillage d’informations fin et une doctrine de contre-contournement au service d’une défense élastique, l’on constate trop souvent des postures frontales mal coordonnées et des ruptures dans la protection des lignes vitales. Ces lacunes, loin d’exonérer quiconque des responsabilités politiques et humaines du conflit, imposent cependant des prescriptions claires : refondre la formation, instaurer des procédures de commandement décentralisées et redoubler d’efforts pour transformer la connaissance du terrain en rempart contre la surprise.
La primauté d’une pensée stratégique incarnée
L’analyse qui précède ne célèbre pas une force au détriment d’une autre ; elle souligne une vérité immuable de la guerre : la victoire appartient à celui qui pense et agit mieux. Les réussites tactiques de l’ARC, si elles confirment une supériorité, pointent surtout une vertu militaire universelle : l’articulation harmonieuse entre l’intention stratégique et l’exécution tactique.
Aux forces qui aujourd’hui se montrent moins agiles revient non une sentence irrévocable mais une obligation exigeante : apprendre, réformer et s’astreindre à une discipline opérationnelle qui transforme le chaos du champ de bataille en une arène maîtrisée.
Tel est l’enseignement que la tactique du contournement adresse à tous ceux qui refusent de n’être que de la chair à canon ; tel est le credo d’une stratégie qui veut durer : penser, former, et surtout, agir avec la précision d’un maître d’échecs.

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