Cette structuration, qui s’étend de l’exécutif aux instances coutumières, en passant par les services de sécurité et la justice, traduit la volonté du mouvement de s’ériger en autorité quasi étatique, capable de suppléer, voire de supplanter, les institutions officielles.
Gouverneurs, maires, bourgmestres et administrateurs territoriaux y sont désormais remplacés par des cadres loyalistes, tandis que les chefferies et groupements sont réorganisés selon une logique de fidélité rigoureuse au mouvement. Parallèlement, le déploiement de forces de police et de nouvelles unités militaires, ainsi que le recrutement de magistrats civils et militaires, viennent consolider cette administration parallèle, qui vise à établir un ordre stable et fonctionnel, tout en affirmant l’emprise du mouvement sur le territoire et sur la vie quotidienne des populations.
Depuis près de neuf mois, l’Est de la République démocratique du Congo est le théâtre d’une révolution en marche : l’AFC-M23 y installe, avec méthode, une administration parallèle qui s’apparente désormais à un État autonome. Les provinces du Nord et du Sud-Kivu, historiquement fragiles et meurtries, voient les structures de la rébellion s’érigent en pouvoir.
L’analyse des dispositifs mis en place révèle une stratégie de contrôle systématique : au sommet de l’exécutif, gouverneurs, maires, bourgmestres et administrateurs territoriaux sont désormais des cadres loyalistes. Le pouvoir coutumier, pivot de l’autorité locale, n’échappe pas à cette logique de substitution : la quasi-totalité des chefs de chefferies, de groupements et de secteurs a été remplacée par des figures connues du mouvement.
Le volet sécuritaire témoigne de la profondeur de l’implantation : de nouvelles unités de police, épaulées par des milliers de soldats fraîchement recrutés et formés, assurent le maintien de l’ordre, tant sur les lignes de front que dans les zones administratives.
Le système judiciaire est réorganisé avec le recrutement de centaines de magistrats civils et militaires, tandis que l’administration fiscale et les services publics subissent un renforcement continu. Cette structuration minutieuse traduit la volonté de l’AFC-M23 d’imposer ses propres normes, et de s’ériger en acteur incontournable du jeu politique local.
Cette situation impose un impératif moral et politique : l’action citoyenne ne peut se limiter à des dénonciations symboliques. Chaque conscience éveillée doit se transformer en catalyseur de justice et de liberté. La mobilisation doit être structurée, persistante et stratégique : éducation, sensibilisation, pression institutionnelle et initiatives solidaires sont autant d’outils indispensables pour contrecarrer l’indifférence et restaurer la légitimité de l’État.
L’histoire nous enseigne avec une dureté implacable que les sociétés qui abandonnent leurs idéaux et leurs héros sont condamnées à répéter leurs tragédies, à s’enliser dans la médiocrité et la servilité.
La grandeur politique se mesure désormais à la capacité de transformer la colère morale en actions concrètes, capables de briser les mécanismes d’oppression et de rétablir un ordre fondé sur la justice et la dignité. Dans l’Est de la RDC, l’heure est à la vigilance stratégique : l’inaction y serait complice de l’expansion d’un État rebelle et de l’extension durable de l’instabilité régionale.

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