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Vêtements traditionnels du Rwanda : Un miroir culturel

Redigé par Henriette Akimana
Le 11 septembre 2023 à 12:30

Depuis la nuit des temps, le vêtement a été au cœur de la culture et de l’identité rwandaise. Les premiers Rwandais, à l’image de nombreux peuples indigènes, entretenaient un lien étroit avec la nature. Ils utilisaient l’ocre pour protéger leur peau des intempéries et des matières naturelles telles que les feuilles, les écorces ou les peaux d’animaux pour préserver leur intimité.

Avec le temps, l’écorce d’arbre est devenue une matière première essentielle pour la confection de vêtements, donnant naissance à l’”Impuzu". À mesure que la société rwandaise évoluait, le vêtement reflétait non seulement les distinctions de genre, mais aussi de classe et de statut.

Les rois (abami) et les chefs arboraient des tenues d’une qualité supérieure et plus raffinées, tandis que les femmes enrichissaient leur apparence avec des coiffures, colliers et autres ornements, signes de leur identité et statut social.

Au Rwanda, le vêtement était aussi déterminé par l’âge. Les enfants, compte tenu de la rareté et du coût des matières, étaient souvent dénudés. À la puberté, les garçons revêtaient les "utubindo" pour dissimuler leurs parties génitales. Les filles, elles, portaient un pagne composé de deux couches d’écorce, avec un voile supplémentaire appelé "ubuyonga", bien que réservé aux familles aisées.

De leur côté, les femmes étaient vêtues d’un long pagne nommé "Inkanda". Une fois mariées, elles se paraient de pagnes confectionnés à partir de peaux de vache. Selon leur statut, certaines se procuraient ces peaux en échange de services pour les plus fortunés, tandis que d’autres utilisaient celles de leurs propres bétails.

Les hommes, quant à eux, optaient pour des capes appelées "Imyitero", qui couvraient une ou deux épaules et le haut du corps. Conçues de peaux simples ou élaborées, elles étaient attachées de manière à libérer le bras droit. Ces capes variaient selon les régions et le statut social.

Au cœur de cette diversité vestimentaire, "Ishabure", un pagne court en peau de veau, se distingue par sa finesse et ses motifs raffinés.

La confection de ces vêtements, nommée "Gukana", était un art en soi. Elle passait par plusieurs étapes : séchage, amincissement, assouplissement, parfumage, et couture. Bien que certains artisans, les "Abakomyi", n’étaient pas spécialisés, d’autres, les "abakannyi", maîtrisaient parfaitement la technique de travail de l’écorce d’arbre.

Il était crucial de prendre soin de ces habits traditionnels, notamment en les protégeant de la pluie pour éviter les mauvaises odeurs. Si jamais ils étaient mouillés, un brasero était utilisé pour les parfumer à nouveau.

La peau et la qualité du vêtement variaient selon la région et la classe sociale. La peau de chèvre couvrait principalement les femmes et les jeunes filles au Nord, alors que les femmes âgées du Rwanda Central portaient la cape d’antilope.

L’animal le plus fréquemment choisi pour la confection de ce vêtement était la chèvre, accessible à la majorité du peuple. La cape en peau d’antilope bordée de longs poils de colobe blanc et noir était préférée dans les milieux plus aisés.

Tout changea avec l’arrivée des missionnaires européens au 19ème siècle. Apportant avec eux des tissus et des styles occidentaux, ils ont non seulement introduit de nouvelles modes, mais ont aussi poussé les Rwandais vers une plus grande "modestie", les incitant à couvrir davantage leurs corps. Le coton, en particulier, est rapidement devenu populaire pour la fabrication des vêtements.

L’histoire du vêtement rwandais illustre la résilience, l’adaptabilité et l’identité culturelle d’un peuple face aux influences extérieures.


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