Activités culturelles du Centre Laic Juif organisées pour la 20 ème Commémoration du Génocide des Tutsi

Redigé par IGIHE
Le 27 mars 2014 à 04:16

En avril 2014, nous commémorerons les 20 ans du génocide des Tutsi du Rwanda. Le Centre Communautaire Laïc Juif Davis Susskind (CCLJ), à travers son programme d’éducation à la citoyenneté « La haine, je dis NON ! » et son centre culturel, vous invite à une semaine d’activités commémoratives aux objectifs multiples : pédagogiques, de sensibilisation et d’information.
Igihe a rencontré Florence Caulier, animatrice socio-culturelle et responsable de la semaine commémorative organisée au CCLJ du 31 mars au 4 (...)

En avril 2014, nous commémorerons les 20 ans du génocide des Tutsi du Rwanda.
Le Centre Communautaire Laïc Juif Davis Susskind (CCLJ), à travers son programme d’éducation à la citoyenneté « La haine, je dis NON ! » et son centre culturel, vous invite à une semaine d’activités commémoratives aux objectifs multiples : pédagogiques, de sensibilisation et d’information.

Igihe a rencontré Florence Caulier, animatrice socio-culturelle et responsable de la semaine commémorative organisée au CCLJ du 31 mars au 4 avril 2014.

Igihe : Pourquoi le CCLJ s’intéresse-t-il au génocide des Tutsi au Rwanda ?

Florence Caulier : Le Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind été fondé en 1959 par des jeunes juifs majoritairement des anciens réfugiés qui avaient survécu à la Shoah (le génocide des Juifs). C’étaient des rescapés des camps, des miraculés de la Shoah, des enfants cachés (orphelins), des résistants. Ils voulaient construire un monde meilleur, après toutes les souffrances qu’ils avaient vécues, sans oppresseurs et sans opprimés.

Depuis 1998, nous menons un programmed’éducation à la citoyenneté intitulé "La haine, je dis non !". Pour l’enseignement secondaire, il réunit deux thématiques : l’histoire et la mémoire des génocides du 20ème siècle (Arméniens, Juifs, Tutsi) et la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations, la xénophobie et l’extrême droite.

C’est dans ce cadre et aussi par solidarité avec les autres peuples victimes de génocide que le CCLJ s’intéresse depuis presque 20 ans à l’histoire du génocide des Tutsi au Rwanda.

Igihe : Cette année, année de la 20e commémoration, vous vous êtes associés à Ibuka.

Florence Caulier : Oui, en effet. En raison de l’histoire commune de nos deux communautés, il était primordial pour nous de travailler en partenariat avec Ibuka dans l’élaboration du programme de cette 20e commémoration.

Igihe:Quelles activités avez-vous programmées durant cette semaine commémorative ?

Florence Caulier : Du 1er au 4 avril 2014, les murs du foyer du CCLJ accueilleront de 9h à 17hl’exposition « Le génocide des Tutsi au Rwanda »conçue par le Mémorial de la Shoah en partenariat avec le Conseil Régional Ile-de-France, sous la direction scientifique des historiens Georges Bensoussan, Joël Kotek et Yves Ternon. Après un bref rappel des trois autres génocides du 20e siècle (Hereros, Arméniens, Juifs), cette exposition présente une analyse des racines de la haine Hutu-Tutsi, détaille le rôle des médias et la formation des tueurs, avant de laisser la place, à travers leurs dessins, à la parole des enfants, victimes et témoins du génocide.

En complément de cette exposition, nous projetterons en boucle le documentaire
d’Aimable KaririmaNgarambe « La traversée du génocide ».

Rescapé du génocide, Aimable est retourné dans son pays natal afin de rencontrer divers compatriotes ayant partagé en temps réel son parcours tragique et récolter leur témoignage. Il nous emmène à Butare, la ville de son enfance, le centre de son histoire, ville dans laquelle il est désormais devenu un étranger.

Le lundi 31 mars à 20h30, en guise de prémisse à la semaine commémorative, nous vous convions à la projection du dernier documentaire d’Aimable KaririmaNgarambe « 20 ans plus tard » (en présence du réalisateur) qui démontre que le génocide a fracturé l’humanité entière et n’est pas que l’histoire des seuls Rwandais.

Partageant avec la communauté rwandaise l’histoire commune du génocide et conscients des séquelles laissées par ce crime, nous avons invités Esther Mujawayo -rescapée du génocide, psychothérapeute, auteure et membre-fondatrice d’AVEGA-, Nathalie Zadje -maître de conférences en psychologie à l’Université de Paris 8- et Claver Irakoze –rescapé du génocide et coordinateur de Dukundane Family au Rwanda- à revenir sur la question des traumatismes liés au crime de génocide et leur transmission, sur le chemin long et sinueux de la résilience ainsi que sur les pistes de solutions apportées par les familles symboliques ou « surnaturelles ».

En guise de bilan, l’association IbukaBelgique présentera les actions menées durant ces 20 dernières années au niveau de la Justice et les avancées concernant les réparations. Cette conférence est programmée le mardi 1er avril à 20h30.

Le parcours d’Esther Mujawayo dessine le fil rouge de cette semaine. Dans son spectacle « Rwanda mais avant ? Et puis après », SouâdBelhaddad -journaliste, écrivain et comédienne- met en scène les livres « SurVivantes » et « La fleur de Stéphanie », co-écrits avec Esther. Cette adaptation théâtrale, programmé le mercredi 2 avril à 20h30,reconstitue la genèse du génocide et, comme l’écrit Souâd, « met également en scène la force de vitalité, d’humour, d’énergie et de créativité des jeunes rescapées (dont les filles d’Esther) pour qui étudier, rire, danser, pleurer, s’indigner, vivre est un devoir de vie au nom de tous les rescapés ».

On ne peut parler du génocide des Tutsi au Rwanda sans aborder l’histoire coloniale belge et son rôle dans la division du peuple rwandais. Or, en Belgique, cette histoire complexe est peu enseignée. Il nous semble dès lors indispensable d’outiller les professeurs et les acteurs de l’éducation permanente de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour qu’ils puissent aborder ces questions délicates avec les jeunes. Nous leur donnons rendez-vous le mercredi 2 avril 2014 à 13h30afin de découvrir les outils pédagogiques sur le sujet créés en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Cette semaine commémorative se clôturera par une soirée de rencontre interculturelle et intergénérationnelle, le vendredi 4 avril à 19h30,où nous vous invitons à venir déguster quelques spécialités rwandaises au son de mélodies et de danses traditionnelles, des influences plurielles (rap, soul, jazz, rumba congolaise) de Gaël Faye et de la voix soul de SoulT.

Igihe : quel est le public que vous souhaiteriez toucher ?

Florence Caulier :Comme vous pouvez vous en rendre compte à la lecture du programme de la semaine, nous voudrions réellement sensibiliser un public vaste : les communautés rwandaise, juive et arménienne bien sûr mais pas seulement ! Nous invitons le grand public, les professeurs et acteurs de l’éducation permanente, les étudiants de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En bref, chacun qui souhaite s’informer sur les raisons et les conséquences, les tenants et aboutissants, du génocide des Tutsi au Rwanda.


Adresse des activités : CCLJ, 52 rue de l’Hôtel des Monnaies à 1060 Bruxelles
Réservations : [email protected] ou 02/5430270

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« Quand deux fleuves se rencontrent, ils n’en forment plus qu’un
Et par fusion nos cultures deviennent indistinctes
Elles s’imbriquent et s’encastrent pour ne former qu’un bloc
D’humanité debout sur un socle ». Gaël Faye

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