Le 10 mars 2025, des représentants des services de renseignement des deux pays s’étaient rencontrés dans la province de Kirundo pour discuter des tensions sécuritaires qui ont fragilisé les relations bilatérales. L’un des principaux sujets à l’ordre du jour était la réouverture par le Burundi des frontières fermées en janvier 2024.

Le 11 janvier 2024, le Burundi avait fermé toutes ses frontières avec le Rwanda, accusant ce dernier de soutenir le groupe rebelle RED Tabara, Kigali ayant toujours démenti ces accusations, les qualifiant d’infondées. Les relations entre les deux pays se sont par la suite aggravées, notamment lorsque Bujumbura a entamé une étroite collaboration avec le groupe génocidaire FDLR dans l’est de la RDC.

En juillet 2024, des représentants des deux pays s’étaient réunis à Zanzibar, lors d’un séminaire des ministres des Affaires étrangères de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), et s’étaient engagés à tout mettre en œuvre pour rétablir le dialogue. Toutefois, l’Amb. Nduhungirehe avait indiqué en mai 2025 que les progrès accomplis avaient été compromis par les déclarations répétées du Président burundais Évariste Ndayishimiye, ciblant le Rwanda.

Le Ministre Olivier Nduhungirehe, a annoncé l’interruption des discussions visant à rétablir les relations entre le Rwanda et le Burundi

Dans un entretien avec ’Ukweli Times’ ce 23 octobre 2025, le ministre Nduhungirehe a précisé que ces discussions portaient surtout sur la situation sécuritaire en RDC orientale et non sur la réouverture de la frontière.

« Si la question de la frontière se pose, le cœur du problème est l’intervention des forces burundaises dans l’est de la RDC. Celles-ci collaborent avec l’armée congolaise ainsi qu’avec des groupes tels que les FDLR et certains Wazalendo, contribuant à la déstabilisation de la région », a expliqué Amb. Nduhungirehe.

Selon lui, les discussions entre les deux pays sont aujourd’hui suspendues en raison de l’engagement militaire continu du Burundi dans l’est de la RDC, compromettant la mise en œuvre des accords de Washington signés par Kigali et Kinshasa. « Les forces burundaises dépassent aujourd’hui les 10 000 hommes, et la ville de Bujumbura est utilisée comme base pour acheminer du matériel de guerre vers le théâtre des opérations », a-t-il ajouté.

Des sources fiables confirment que Bujumbura a récemment déployé ses troupes dans les territoires stratégiques d’Uvira, Fizi et Mwenga, afin de contenir les combattants de la coalition AFC/M23. L’armée congolaise, elle, a transféré une partie de son armement vers des bases au Burundi, notamment à Mudubugu, par crainte que ces équipements ne tombent entre les mains de la coalition en cas d’offensive contre Uvira.

Des sources fiables confirment que Bujumbura a récemment déployé ses troupes dans les territoires stratégiques d’Uvira, Fizi et Mwenga

Kigali dénonce les accusations de Gitega

En mars 2025, le Président burundais Évariste Ndayishimiye avait affirmé à la BBC que le Rwanda projetait d’attaquer Bujumbura via le groupe RED Tabara, basé dans le Sud-Kivu. Ces accusations, lancées pour la première fois en décembre 2023 après une attaque du RED Tabara dans la zone de Gatumba, avaient catégoriquement été rejetées par Kigali.

« Ce ne sont que des mensonges flagrants, répétés à plusieurs reprises, sans aucune preuve tangible. Il s’agit d’une stratégie pour détourner l’attention de leurs actions en RDC orientale », a indiqué le Ministre Nduhungirehe. « Ce que nous demandons au Burundi, c’est de soutenir les négociations en cours, qui sont la voie vers une paix durable dans la région, plutôt que de chercher des prétextes pour ne pas respecter les accords signés par les parties en conflit. »

Les discussions entre les deux pays sont aujourd’hui suspendues en raison de l’implication militaire du Burundi dans l’est de la RDC