Embarras des Onusiens au départ du Rwandais Kazura de la MINUSMA : les Négationnistes prennent le dessus

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 20 décembre 2014 à 08:59

Le contrat du général rwandais, Jean Bosco Kazura, qui a dirigé les troupes de la Minusma, au Mali, pendant un an et demi, n’a pas été renouvelé. Son travail avait pourtant encore été salué, cette semaine sur RFI, par Hervé Ladsous, le patron des opérations de maintien de la paix. Gén Jean Bosco Kazura (à droite), Commandant des forces onusiennes au Mali
La RFI qui rapporte cette nouvelle rapporte que le non renouvellement de son mandat serait lié à une dépêche publiée en décembre 2013 par une (...)

Le contrat du général rwandais, Jean Bosco Kazura, qui a dirigé les troupes de la Minusma, au Mali, pendant un an et demi, n’a pas été renouvelé. Son travail avait pourtant encore été salué, cette semaine sur RFI, par Hervé Ladsous, le patron des opérations de maintien de la paix.

Gén Jean Bosco Kazura (à droite), Commandant des forces onusiennes au Mali

La RFI qui rapporte cette nouvelle rapporte que le non renouvellement de son mandat serait lié à une dépêche publiée en décembre 2013 par une journaliste canadienne, Judi Rever. Cette dépêche avait accusé de crimes de guerre au Rwanda, en 1994, alors qu’il était officier supérieur de l’Armée patriotique rwandaise (APR) du président Paul Kagame.

Curieuses procédures de cette institution internationale qui ne sait pas mener des investigations assez poussées alors qu’elle en a les moyens.

« Le départ du général Kazura n’a rien à voir avec les allégations de la journaliste canadienne », écrit la RFI citant le département des opérations de maintien de la paix. Le contrat du force commander de la Minusma n’a simplement pas été renouvelé.

M. Hervé Ladsous, Diplomate français au Poste de Secrétaire Général Adjoint de l’ONU au Département de Maintien de la Paix des Nations Unies. Il prend une décision inexpliquée de ne pas reconduire le général rwandais pour un second mandat à la MINUSMA

Ce département dirigé par le français Ladsous veut couper court à toutes le rumeurs. Pourtant, en même temps, il montre les faiblesses sentimentales de la part de ses fonctionnaires qui prennent des décisions confondantes les intérêts de l’Organisation des Nations Unies à ceux de leurs pays ou lobbies qu’ils représentent.

Une erreur délibérée de la part de Ladsous

Ce non renouvellement d’un commandant affable et plein d’heureuses initiatives a réveillée des interrogations de la plupart des officiels onusiens. Pour le Rwanda, un responsable qui a une affaire à régler contre le gouvernement rwandais ne peut que tremper dans l’idéologie du double génocide pour faire endosser le crime de guerre à un membre de ce gouvernement. C’est dire que le Rwanda qui croit lutter contre les négationnistes du génocide fait face à une longue lutte qui demande des stratégies patientes et bien planifiées pour en venir à bout.

En effet, le Département Onusien de Maintien de la Paix a dû chercher des poux dans la tête de ce général rwandais pour lui demander diplomatiquement de plier bagage.

"... pour vérifier les accusations contenues dans l’article de Judi Rever, New York dit officiellement, aujourd’hui, avoir consulté - entre autres - le Haut commissariat aux droits de l’homme et le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Aucune de ces deux organisations ne se serait formellement opposée à la nomination ou au maintien du général Kazura à la tête de troupes onusiennes", rapporte la RFI de ce 17 décembre 2014.

Qu’à cela ne tienne, à défaut des crimes de guerre qu’aurait commis de général au Rwanda, le pillage des ressources congolaises est une autre accusation potable. Ladsous va s’arc-bouter sur "les inquiétudes" du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme qui "explique qu’il n’a pas été en mesure - sur la base de ses archives propres - de confirmer les accusations de la journaliste canadienne. A noter que ni Judi Rever, ni aucun de ses témoins n’ont jamais été contactés par l’ONU", rapporte la RFI.

En clair, ce n’est pas la non reconduction de mandat de ce général rwandais qui pose problème, ce sont plutôt des dysfonctionnements de cette structure internationale où les grands décideurs commettent des fautes qui peuvent nuir à la respectabilité de l’institution.

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De deux, son départ montre aussi un état désastreux de la Coopération entre la France et le Rwanda si l’on veut bien comprendre que le Mali reste un pays très au centre de la sphère d’influence française. Le Rwanda étant considéré comme un cheval rétif de cet ensemble mais aussi de celui de la Francophonie.

De trois, ce petit geste d’un diplomate français au sein de l’ONU montre que tout geste louche posé par lui engage son pays, qu’il est un baromètre montrant que la lutte pour la répression des citoyens rwandais résidant en France et très soupçonnés de crimes de génocide ne seront pas du tout inquiétés jusqu’à ce que l’opinion publique française secoue les responsables publics pour les ramener à la raison.

Ceci ne sera pas du tout facile car ces ’héritiers du régime Habyarimana’ par qui le génocide des Tutsi du Rwanda est survenu ne croisent les bras. Ils déploient toute une intense et permanente campagne médiatique (journaux, radio, TV, livres, documentaires) et savent entrer dans les arcanes de la diplomatie internationale pour peser sur les décisions souveraines des institutions internationales comme ce Département onusien de Maintien de la Paix.


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