La fête tourne en un séminaire conduit par le Dr Nzeyimana de l’Université du Rwanda sur la relation entre l’Art et la Philosophie. Il distribue tour à tour la parole à l’audience essentiellement composée de futurs prêtres. Tous les membres d’ARPHI sont pratiquement présents. La plupart étant des prêtres et messeigneurs.

Une vue d'ensemble de l'audience. Les membres d'ARPHI occupent le premier plan et les étudiants en Philosophie du Grand Séminaristes de Kabgayi à l'arrière plan

Parmi les invités d’honneur, on notait la participation de Mgr Smaragde Mbonyintege, du Sénateur Laurent Nkusi.

Le thème Art et Philosophie est âprement débattu pour faire ressurgir l’importance de la connaissance de la philosophie , de la relation intrinsèque qui lie philosophie, art et la nécessité d’élever la qualité de l’enseignement dans un Rwanda accusé d’avoir supprimé le cours de philosophie dans ses établissements d’enseignement supérieur.

« J’apprécie le fait que le Grand Séminaire de Kabgayi va abriter les travaux d’ARPHI, que la journée internationale de philosophie sera annuellement célébrée dans ses locaux. Mais mes vœux les plus chers sont de voir réapparaitre la faculté de droit dans les universités du Rwanda et voir des jeunes gens, hommes et femmes, assis et appliqués à cette matière de philosophie qui façon un intellectuel complet », a dit Mgr Smaragde Mbonyintege, évêque de Diocèse catholique de Kabgayi appelant ainsi les autorités du Ministère de l’Education à se ressaisir et comprendre que tant que ce cours transversal de philosophie ne sera pas réintroduit dans le cursus académique général, il sera difficile de relever et renforcer la qualité de l’enseignement en perte de vitesse au Rwanda.

Mgr Smaragde Mbonyintege fait des interventions très remarquées au cours de ce séminaire de philosophie et de l'art

« La faculté de philosophie est tout ce qu’il y a de moins cher en terme d’outil et équipement pédagogique de laboratoire. Et puis les ressources humaines y relatives sont là », a-t-il dit.

En effet, la philosophie s’est réfugiée dans les grands séminaires catholiques du pays et chez les nombreux prêtres doctes en la matière.

L’Evêque Smaragde trouve que la philosophie apporte des outils solides d’analyse de la société et partant, « l’apprenant et futur philosophe sait exercer une réflexion profonde sur des phénomènes sociaux cuisants et les circonstances très cachées ».

« Le philosophe est un sorcier qui divulgue et prophétise des choses insolites difficiles à digérer par la société », a dit l’évêque très content de voir la CNRU et ARPHI actives dans leur tentative de porter plus loin le plaidoyer de cette science afin de remettre l’enseignement à un niveau respectable au Rwanda.

Dr Isaie Nzeyimana, Président d'ARPHI et modérateur du séminaire de philosophie de ce 23 janvier 2019

« Nous à ARPHI sommes entrain d’encourager selon nos faibles moyens les officiels du Ministère de l’Education à insérer dans sa politique sectorielle de l’éducation, l’enseignement de la philosophie dans les universités du pays. Nous suggérons que les candidats étudiants qui commencent leurs universités reçoivent une bonne introduction à la philosophie peu importe les facultés de leur choix :juristes, géographes, mathématiciens, médecins, biologistes ou physiciens, ingénieurs civils, agronomes ou informaticiens, historiens ou économistes et qu’en-sais-je. Ce cours d’Introduction à la Philosophie pour débutants agirait sur l’apprenant sous forme d’éveil des sens, d’inquiétude intellectuelle.

A la fin de leur cursus, un cours de philosophie orienté sur leur future carrière professionnelle leur sera dispensé sous forme de séminaire avec une réflexion profonde et une circonscription affinée de questions autour du domaine pressenti. Ce que je viens d’apprendre, comment vais-je l’appliquer dans la vie active », a indiqué le Dr en philosophie Nzeyimana qui en passant raille philosophiquement la suppression du cours de philosophie dans les instituts supérieurs du pays par le fait que les autorités du ministère de l’éducation de l’après guerre de libération en 1994 ne pouvaient pas penser à l’importance du cours de philosophie dans le façonnage intellectuel du futur lauréat par le fait que « la plus belle fille du monde ne peut que donner ce qu’elle a ».

M. Kajuga, Directeur de la Culture près la CNRU promet le financement des travaux d'ARPHI qui seront logés dans le Grand Séminaire de Kabgayi

Puis il est revenu à l’assaut constatant les dégâts et la sécheresse intellectuelle occasionnée par tous ces vingt quatre ans d’absence du cours de philosophie chez les plusieurs milliers de lauréats universitaires occupant divers postes de gouvernance du pays.

« Il est vrai que l’homme aime ce dont il a connaissance. Mais quand bien même on ne sait pas la valeur d’une telle chose, il importe de s’informer sur elle… », a dit Nzeyimana désappointé par le fait que l’on crie à la perte de la qualité de l’enseignement sans toute fois arrêter des solutions idoines.

Pour le Lt Colonel Gérard Nyirimanzi, enseignant et formateur à l’Académie militaire de Gako, « la philosophie est importante dans la capacité de discernement du futur homme social après ses universités ».

Abbé Dr Védaste Kayisabe, Recteur du Grand Séminaire de Kabgayi.

Le Docteur Abbé Kayisabe, Recteur du Grand Séminaire de Kabgayi a fait une sortie très remarquée à propos de l’image du Rwanda dans la Communauté internationale. « Avant-hier, en 1994, le Rwanda était tristement connu pour son forfait de négation de l’humanisme avec le génocide des Tutsi. Hier et aujourd’hui, l’image du Rwanda est le cyclisme. Il nous faut demain, que le Rwanda renoue avec les idées », a-t-il dit caressant l’espoir de voir un institut de philosophie d’ARPHI prendre forme dans les enceintes du Grand Séminaire de Kabgayi.

Abbé Dr Védaste Kayisire, recteur du Grand Séminaire de Kabgayi qui abritera désormais les travaux d'ARPHI

« Tout appui qui nous sera demandé par ARPHI sera apporté dans la mesure des moyens de la CNRU », a dit Jérôme Kajuga appréciant le partenariat ARPHI- Grand Séminaire de Kabgayi qui, a-t-il souhaité, permettra une organisation trimestrielle de séminaires de philosophie suivis de publications y relatives.

Le sénateur Laurent Nkusi à droite. Il promet de faire un plaidoyer pour le retour de la chaire de philosophie dans les universités et instituts universitaires du Rwanda

Le Sénateur Dr Laurent Nkusi a, dans sa communication, promis qu’il va faire le plaidoyer de ce projet national de vulgarisation de la philosophie dans les instituts universitaires du pays. Revenant à la Journée Internationale de la Philosophie, « cette Journée devrait durer au moins une semaine au cours de laquelle plusieurs activités, séminaires et colloques de philosophie, art et langage devraient être organisées », a dit le Sénateur.

Mgr Smaragde Mbonyintege : Vivement la faculté de philosophie dans les instituts supérieurs rwandais avec la parité hommes-femmes

Grands seminaristes de Kabgayi ; ils ont activement participé aux travaux du séminaire

un grand seminariste qui exprime des sentiments positifs quant aux travaux d'ARPHI qui seront abrités par le Grand Séminaire de Kabgayi