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Quelles stratégies pour la qualité de l’enseignement des nouveaux ministres de l’éducation ?

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 10 mars 2020 à 03:50

La nouvelle Ministre de l’Education nationale, Mme Valentine Uwamariya et ses adjoints Gaspard Twagirayezu (Enseignement de base) et Claudette Irere (TICs et Enseignement Technique et Professionnel) viennent d’être nommés à leurs postes par le Président de la République Paul Kagame en remplacement de Eugène Mutimura, Isaac Munyakazi (anciennement Secrétaire d’Etat à l’Enseignement de Base). La jeune dame Claudette Irere entre au Conseil des ministres avec un poste nouveau et d’énormes responsabilités. Elle doit veiller à ce que les écoliers et élèves grandissent dans la culture de l’informatique. D’autres responsabilités l’attendent : inverser les valeurs et aspirations populaires en cours dans la conscience sociale qui veut que tout étudiant ambitionne de grosses et ronflantes décorations académiques élevées. Elle devra tout faire pour que les jeunes rwandais soient formés à des métiers compétitifs sur le marché du travail.

Des stratèges d’une nouvelle carte scolaire
La très récente 17ème retraite annuelle pour cette année 2020 des hauts dirigeants du Rwanda a longuement débattu sur les critiques longtemps émises sur la perte critique de la qualité de l’enseignement au Rwanda. Il a été constaté que les dirigeants du Ministère de l’éducation n’ont pas assis des stratégies fermes de reprise graduelle de cette qualité de l’enseignement dans les écoles publiques et privées du pays.

Ainsi, la nouvelle planification de l’enseignement met un accent sur la formation technique et professionnelle avec au moins un Etablissement de Formation Technique et Professionnelle (EFTP) dans chacun des 416 Secteurs administratifs du pays.

Beaucoup de critiques ont été émises sur le fait que les entrepreneurs privés dans ce domaine ne savent pas investir comme il faut dans le matériel pédagogique de ces EFTP. ça leur coûte trop cher, dit-on et tout commerçant qui se respecte veut toujours investir à peu de frais pour récolter plus de profits.

A-t-on oublié d’instruire le public que ce secteur autant qu’il l’est pour le secteur Santé doit être piloté par des professionnels de l’enseignement qui ont souvent un cas sur leur conscience quand ils ne forment pas comme il faut leurs apprentis ?

Plus de promotion automatique favorisant une piètre qualité des apprenants
Au sortir de 1994, le secteur éducation a été envahi par des prospecteurs privés dans ce domaine. Contrairement à la période d’avant la guerre de libération qui consacrait la politique de l’ enseignement élitiste, les nouveaux gouvernants se sont empressés d’autoriser et recommander l’accès très facile de tout enfant rwandais à l’école publique jusqu’en fin d’université. Mais des moyens ne suivaient pas pour encadrer toute cette population scolaire qui a centuplé par rapport à la période d’avant guerre. Et puis, les pouvoirs publics ont semblé diriger les priorités ailleurs que dans ce secteur.

On a vu des ministres de l’éducation sans poigne se succéder à la tête de ce secteur Education. On tolérait un avancement sans mérite surtout au niveau du cycle primaire et du Tronc Commun.

C’est terminé cette pratique d’ autres temps
Après la clôture des travaux de la 17ème Retraite Annuelle des hauts dirigeants du pays de ce février dernier, le Cabinet du Premier Ministre rwandais Dr Edouard Ngirente a annoncé officiellement "certaines des décisions les plus importantes concernant l’éducation, notamment l’arrêt de la promotion automatique des étudiants et l’augmentation du nombre de centres d’Enseignement et de Formation Techniques et Professionnels (EFTP) et d’élaborer une stratégie pour les rendre plus accessibles et abordables".

Les nouvelles autorités du Ministère de l’Education ont mission impérieuse de redresser "des politiques d’éducation incohérentes et souvent coûteuses qui impactaient sur la qualité des lauréats des écoles du pays", écrit The Newtimes.
Un expert de l’enseignement, Stephen Mugisha, a souligné la nécessité d’augmenter les ressources, notamment sous forme de manuels, d’infrastructures et de renforcement des capacités.

Intervenant de façon holistique sur cette question de la piètre qualité de l’enseignement actuel au Rwanda, le Président Paul Kagame a lancé un message fort aux responsables des 29 universités privées opérant dans le pays. Il a critiqué la pauvreté intellectuelle des produits de ces derniers.

« Il ne s’agit pas du nombre d’universités dont vous disposez, mais de ce qu’elles vous donnent. La plupart des universités ne remplissent pas les conditions requises pour être des universités. Certaines de ces universités se gâtent pour nous. Comment pouvons-nous même ne pas atteindre les normes moyennes de l’Afrique subsaharienne ? », a-t-il dit avec dépit.

Redonnez-nous notre pouvoir d’achat,la qualité de l’enseignement sera recouvrée !
Les experts rwandais de l’enseignement réfléchissent sur les conditions, les équipements et un environnement favorable à la reprise de la qualité de l’enseignement au Rwanda. Un point important qu’ils brandissent est le manque d’un cadre de consultation entre les pouvoirs publics et les investisseurs dans les infrastructures éducationnelles.

« Je pense que la première chose qui devrait être modifiée est l’idée que les décideurs politiques ne consultent pas les différentes institutions et parties prenantes avant d’adopter une politique. Cela s’est révélé coûteux et a conduit à des incohérences et à des renversements de politique soudains », a indiqué Sulfat Mukarubega, fondatrice et représentante légale de l’Université du tourisme et des affaires (UTB).

Au fond, cette personnalité a raison surtout que les intervenants en matière d’enseignement rêvent de la tenue des états généraux de l’éducation depuis les débuts de l’ère de l’après libération et l’arrêt du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994.

Un cadre de concertation permanent, un fonds pour l’enseignement
Les pouvoirs publics rwandais s’éveillent soudain à la question cruciale de la qualité de l’enseignement. Ils acceptent de la verser aux débats. C’est une bonne chose car une piètre qualité de l’enseignement impacte sur les prestations des lauréats de ce système éducatif. Avec cet état désastreux de l’enseignement, on ne peut pas espérer avoir des cardiologues, des chirurgiens, des agronomes, enseignants et autres planificateurs divers.... chevronnés qui doivent piloter le développement et les différentes visions de la société rwandaise.

Mais comment y arriver du moment que les personnalités aux postes stratégiques du secteur enseignement ne comprennent pas la philosophie entonnée par le gouvernement rwandais. Ainsi, tout le monde observe que l’enseignant rwandais a perdu depuis belle lurette son pouvoir d’achat. Les technocrates de la Coopérative d’Epargne et de Crédit des Travailleurs de l’Enseignement, Mwalimu SACCO, ne comprennent pas que la mission leur assignée est celle d’appuyer le Gouvernement en octroyant aux enseignants des emprunts de longue durée et à peu de frais facilement remboursables par leur maigre salaire. Au contraire, ces technocrates veulent se comporter en véritables banquiers. Ils ont osé déclaré avoir réalisé en 2018 des profits évalués à plus de quatre milliards de francs.

Bref les nouvelles autorités du Ministère de l’Education doivent chercher à promouvoir les investisseurs dans ce secteur pas comme les autres et très stratégiques pour l’avenir du pays. C’est donc dire qu’un fonds de l’Enseignement est important et pour les investisseurs qui recevront de lui d’important fonds d’équipement scolaire en matériel didactique très coûteux, pour des chercheurs universitaires qui réfléchiront sur les modèles de développement du système éducatif mais aussi pour les enseignants qui recevront des crédits de long terme (20, 30 ans) pour subvenir aux besoins de base (logement et mobilier, mariage,...).


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