00:00:00 Nos sites KINYARWANDA ENGLISH FRANCAIS

Urgent

RDC : Mobutu, grandeur et décadence du « roi du Zaïre »

Redigé par IGIHE
Le 27 novembre 2015 à 07:29

RFI publie un long article ce 24 novembre 2015 consacré à feu Mobutu du Zaire. l’article montre que le temps use le pouvoir. Est-ce un message aux Chefs d’Etats de cette Afrique Centrale qui trouvent que deux mandats ne suffisent pas ? En tout cas le message est bien clair au moins pour le Président Joseph Kabila pour qui la menace du Comité permanent de la Conférence épiscopale de la RDC est claire :
L’omnipuissante église catholique congolaise va si pas encourager au moins tolérer une (...)

RFI publie un long article ce 24 novembre 2015 consacré à feu Mobutu du Zaire. l’article montre que le temps use le pouvoir. Est-ce un message aux Chefs d’Etats de cette Afrique Centrale qui trouvent que deux mandats ne suffisent pas ? En tout cas le message est bien clair au moins pour le Président Joseph Kabila pour qui la menace du Comité permanent de la Conférence épiscopale de la RDC est claire :

L’omnipuissante église catholique congolaise va si pas encourager au moins tolérer une désobéissance civile au cas où les autorités actuelles penchent pour un glissement électoral.

Note de l’édition

Le 24 novembre 1965, coup d’Etat à Léopoldville, au Congo. Cette date, il y a 50 ans, marque l’arrivée au pouvoir de l’enfant de Lisala. Joseph-Désiré Mobutu restera 32 ans au pouvoir. Il se présentera comme l’unificateur d’un pays déchiré au lendemain de l’indépendance. Il tentera de créer un Grand Zaïre. Mais ses excès et la corruption de son régime signeront sa perte. Retour sur le destin de celui qu’on appelait le « Léopard de Kinshasa ».

Joseph-Désiré Mobutu naît le 14 octobre 1930 à Lisala au Congo belge. Il ne connaît pas son père et celui qui l’adopte, Gbemani, cuisinier chez les missionnaires belges, meurt trop tôt pour pouvoir s’occuper de son éducation. Rejetée par la famille de ce défunt, la mère du jeune Mobutu doit faire des ménages dans plusieurs couvents de la région pour subvenir aux besoins de la famille. Le petit garçon reçoit ainsi une éducation catholique chez les frères flamands, ce qui ne permettra pas à cet enfant espiègle de s’assagir pour autant.

Pour canaliser cet élève indiscipliné, on l’envoie dans l’armée coloniale. Il suit une formation militaire dès 1950. En 1953, il est sergent-comptable et est muté à Léopoldville. En 1956, il est rendu à la vie civile et devient journaliste à temps plein. En 1960, lors d’un congrès de la presse à Bruxelles, il fait la connaissance de Patrice Lumumba, figure de proue du Mouvement national congolais (MNC), et devient l’un de ses fidèles. Au moment où le Congo belge accède à l’indépendance, le 30 juin 1960, Lumumba - nommé Premier ministre par le premier président du Congo, Joseph Kasa-Vubu - fait de Mobutu son secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil.

Mais l’indépendance ne signifie pas l’unité. La force publique se mutine en juillet 1960. Le jeune Etat est dans le chaos. Même le très charismatique Lumumba ne parvient pas à se faire entendre par les insurgés. Il nomme alors Mobutu colonel et chef d’état-major de l’armée congolaise. Son prédécesseur raconte son choix : Mobutu était le seul homme dans l’entourage de Lumumba à avoir une petite « texture militaire ». Mobutu devient incontournable... mais aussi très vite un acteur gênant pour Lumumba.

Mobutu et la guerre froide

En cette fin d’année 1960, le torchon brûle entre l’ambitieux colonel et le héros de la libération du Congo. En septembre, Mobutu, conseillé par Bruxelles et Washington, profite de la discorde entre Kasa-Vubu et Lumumba pour prendre une première fois le pouvoir et placer Lumumba, qu’il accuse ouvertement de sympathie pro-communiste, en résidence surveillée. En décembre, Mobutu fait arrêter Lumumba. En janvier 1961, Mobutu livre Lumumba aux rebelles katangais de Tshombe, qui l’assassinent le 17 janvier à Elisabethville (aujourd’hui Lubumbashi).

Des rebelles partisans de lumumba partent alors en guerre contre Mobutu. Ils occupent rapidement les deux tiers du Congo, mais, avec l’aide des Etats-Unis, Mobutu parvient à reconquérir l’ensemble du territoire. Après avoir réorganisé l’armée, il mène le 24 novembre 1965 un coup d’Etat contre le président Joseph Kasa-Vubu. La Belgique et les Etats-Unis reconnaissent aussitôt le nouveau président.

Le « Grand Zaïre »

Sur le plan politique, le nouveau maître du Congo instaure un régime de fer. A la Pentecôte 1966, il fait pendre quatre opposants en place publique. En octobre 1968, il convainc l’opposant Pierre Mulele de rentrer d’exil en lui promettant l’amnistie. Puis il le fait torturer à mort.

Sur le plan économique, Mobutu se présente comme un nationaliste pur et dur. Dès son arrivée au pouvoir, il arrache aux ex-colons belges plusieurs secteurs importants de l’économie. En 1967, il fait frapper une nouvelle monnaie : le zaïre. Compte tenu de la richesse et du potentiel du pays à cette époque, la monnaie vaut deux dollars.

L’année 1971 marque le début d’une politique de l’authenticité. « Celle-ci se manifeste en politique par le refus catégorique de s’aligner sur une idéologie étrangère quelconque ; sur le plan économique par une indépendance économique, c’est-à-dire par une maîtrise de l’orientation de notre économie », explique à l’époque Mobutu. En octobre 1971, le parti unique annonce que la République démocratique de Congo s’appellera Zaïre. Ce nom est également donné au grand fleuve du pays. L’hymne et le drapeau national changent. En 1972, Jospeh-Desiré Mobutu devient Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga, ce qui signifie « celui qui vole de victoire en victoire », rappelle le journaliste Alain Foka dans Archives d’Afrique sur RFI.

Corruption et dictature

Dans ce contexte, le Zaïre semble être un eldorado pour les investisseurs étrangers qui convoitent ses ressources naturelles. L’Etat lance une politique de grands travaux, les « Eléphants blancs », qui donneront lieu à une importante corruption des élites politiques et administratives. Mais cette économie rentière ne résiste pas à la chute des cours des matières premières. En 1986, une grave crise économique secoue le Zaïre. Le peuple a faim, les étudiants se révoltent et cet extravagant chef multi-milliardaire est de plus en plus isolé. L’isolement de Mobutu sur la scène internationale devient même criant avec la chute du Mur de Berlin et la fin de la guerre froide, qui prive le régime mobutiste de ses généreux soutiens.

« Le changement, c’est moi. Le processus de démocratisation, c’est moi », disait Mobutu. Mais en avril 1990, face à la pression internationale et alors que son peuple conteste de plus en plus son autorité, le « Léopard de Kinshasa » est obligé de réinstaurer le multipartisme et de libérer son principal opposant : Etienne Tshisekedi.

Six ans plus tard, un autre front s’ouvre contre le Zaïre de Mobutu. Il est organisé par deux capitales voisines, Kigali (Rwanda) et Kampala (Ouganda), qui, pour repousser les réfugiés et les milices hutus installés dans l’est du Zaïre, suscitent la création d’une rébellion congolaise conduite officiellement par un ancien maquisard guévariste, Laurent-Désiré Kabila. A la fin de1996, alors qu’il est soigné en Suisse pour un cancer de la prostate, Mobutu ne mesure pas le danger.

Et pourtant, au lendemain du génocide rwandais, les troupes rebelles de l’Alliance de forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), dirigées sur le terrain par des officiers rwandais, volent de victoire en victoire. Le 17 mai 1997, elles entrent à Kinshasa. C’est la fin du règne. Mobutu Sese Seko s’enfuit d’abord au Togo, puis au Maroc, où il meurt quelques mois plus tard, le 7 septembre 1997 à Rabat. C’est là qu’il est enterré.

Avec RFI


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité