L’entrée en vigueur des coupes budgétaires automatiques mandatées par le "sequester" est une défaite pour Obama. Une défaite qu’il s’est infligé tout seul puisque c’est lui qui a proposé le principe de telles coupes mais également parce qu’il a refusé tout compromis sur les impôts.

Gérald Olivier
Gérald Olivier est journaliste et partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Aujourd’hui il est consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique ».
Depuis le 1er mars, les Etats-Unis sont entrés dans « l’ère du séquestre ». Le « sequestre » signifie que le budget national devra être amputé de plus de mille milliards de dollars au cours des dix prochaines années, et de 85 milliards tout de suite.
Où cet argent sera-t-il pris ? Pour moitié dans le budget du Pentagone et pour moitié dans les dépenses dites « discrétionnaires », c’est-à-dire celles qui ne sont pas « obligatoires » comme le paiement des retraites, des allocations sociales ou des dépenses de santé... Ces coupes toucheront tous les services, selon le principe d’égalité aveugle inscrit dans le « séquestre ».
Un principe dénoncé par beaucoup et en tout premier lieu par le président Obama. Toutefois, c’est lui-même qui l’a institué en 2011. C’est aussi lui qui s’est enfermé dans un refus de tout compromis et qui se retrouve aujourd’hui pris à son propre piège.
Le « séquestre » est le deuxième volet de ce que les américains appellent la « falaise fiscale »(« fiscal cliff ») et que l’on a traduit parfois en français par « mur budgétaire » (comment une « falaise » devient un « mur » lorsqu’on change de langue fait partie des merveilleux mystères de la traduction). Il s’agit d’une loi appelée « Budget Control Act », signée par le président Obama le 2 août 2011, qui contenait trois parties : 1, le relèvement du plafond de la dette américaine ; 2 et 3, la promesse conjointe de hautes d’impôts et de coupes généralisées dans les dépenses gouvernementales si, au 31 décembre 2012, un accord sur la réduction du déficit budgétaire n’avait pas été trouvé entre la Maison blanche et le Congrès.
Ce sont ces coupes généralisées qu’on appelle en anglais « sequestration » ou « sequester ». A l’époque la proposition en avait été faite par la Maison Blanche elle-même en la personne de Jack Lew, alors directeur de cabinet d’Obama (« chief of staff ») et aujourd’hui, secrétaire au Trésor. Le principe était déplaisant et arbitraire. Mais c’est justement ce qui faisait son attrait. Il était si déplaisant que les élus se mobiliseraient pour l’éviter.
C’est du moins ce que l’on croyait. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé.
Aucun accord de réduction budgétaire n’a été trouvé entre août 2011 et novembre 2012, date de l’élection présidentielle. C’était à prévoir. Réélu en novembre Barack Obama s’est estimé en position de force et a rejeté tout compromis sur le volet « revenus » des négociations quand celles-ci ont repris. En clair, il tenait à ce que les impôts soient augmentés. Les Républicains, engagés auprès de leurs électeurs à rejeter toute hausse d’impôts ont résisté tant qu’ils ont pu, mais fini par céder. C’était fin décembre. Le président avait remporté une victoire.
Toutefois le volet « dépenses » des négociations avait été mis de côté. Les élus s’étaient donné deux mois pour parvenir à s’entendre. Cette fois, c’est Obama qui souhaitait le plus un accord. Les Républicains étaient moins demandeurs, des économies mêmes aveugles étant toujours mieux que pas d’économie du tout. Du coup ils ont rendu au président la monnaie de sa pièce en refusant tout compromis.
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