A son début, cette coopérative a exigé de chaque membre 10.000 francs de parts sociales avec la condition acceptée par le membre d’une épargne obligatoire de 5% de son salaire mensuel. Cette somme devrait en principe constituer un capital important au bout de ses dix ans d’existence.

Et quand on ajoute les deux milliards de francs versés par l’Etat rwandais dans les caisses de la Coopérative, on comprend que, géré avec parcimonie, UMWALIMU SACCO est capable de distribuer des crédits essentiels à ses membres à un taux devant se réduire de 11% actuel à quelque 7 ou 6%.

"C’est la condition essentielle qui ferait de l’enseignant un agent de l’Etat respecté et fier de son état, capable de fournir des efforts nécessaires pour améliorer ses prestations au profit de l’élevation sensible de la qualité et du niveau de l’enseignement au Rwanda", a dit un économiste local qui a requis l’anonymat.

Des gérants non visionnaires
De tout temps, UMWALIMU SACCO a toujours été géré par des peronnalités qui manquaient de vision de leurs responsabilités consistant à participer quasi directement à l’élevation de la qualité de l’enseignement. En effet,

"Un enseignant qui entend se stabiliser dans son noble métier a besoin d’un crédit pour construire son habitation décente raccordée à l’eau et à l’électricité avec, pour les ruraux, qui un poulailler, un jardin modèle de fruits ou de légumes, un petit cheptel... des activités économiques qu’il supervise hors des heures scolaires. UMWALIMU SACCO ne doit par s’enorguillir d’avoir octroyé 200 milliards de francs de crédit à ses membres depuis sa création au moment où les mêmes enseignants crient misère ; ce qui bloque leurs dispositions à donner le meilleur d’eux-mêmes aux enfants qu’ils enseignent", a ajouté l’économiste.

S’adressant à une journaliste d’IGIHE, l’actuelle DG de la Coopérative croit être satisfaite du profit avant impôt réalisé de 3,3 milliards de francs au cours de l’exercice fiscal 2017. Pense-t-elle que la mission lui donnée en priorité est de dégager de gros profits ?

Et si les crédits que la Coopérative distribue aux enseignants leur deviennent insuportables et difficiles à rembourser à cause du taux d’intérêt de 11% insupportable pour un enseignant d’école primaire qui touche à peine 50.000 Frw, un salaire situé en déça du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti ?

"A ce jour, MWALIMU SACCO a distribué 200 miliards de francs à ses membres en emprunts. Elle a des dépôts de 23 milliards d’épargne obligatoire et 58 milliards de francs de crédit à recouvrer", a confié à IGIHE, Mme Laurence Uwambaje, la DG de la Coopérative bombant son torse et déclarant 3.3 milliards de profits dégagés en 2017, chiffre qui pourrait être revu à la hausse pour cette année.

Il s’avère que UMWARIMU SACCO a été bénéfique pour des enseignants qui ont su contracter des crédits pour démarrage de petits projets lucratifs dont les poulaillers.

A voir la psychologie des bénéficiaires de crédits d’UMWALIMU SACCO, l’objectif poursuivi est d’élever le niveau de vie de leurs familles et de voir leurs enfants vaquer tranquillement à leurs études. C’est de le cas de l’enseignante Mukarizuma du village Kamashashi dans le quartier urbain de Kanombe en district Kicukiro. Elle demande et reçoit un crédit de 1.5 millions de francs pour avoir hypothéqué son salaire de 60.000 Frw mensuels afin de s’adonner à la production de volailles et oeufs. "Je m’apprête à en contracter un autre crédit de quatre millions pour la même activité", a-t-elle indiqué montrant que la vie d’un enseignant respecté n’est pas facile à entretenir.

La DG trouve que la plupart des crédits sollicités par les enseignants vont dans la construction de leurs habitations.
Cette DG comprend-elle la nécessité d’étendre la période de remboursement mais aussi et surtout la réduction des taux d’intérêts de ces crédits pour que l’enseignant ne sente pas le poids de ce crédit ce qui impacte sur ses prestations quotidiennes ?

Encore une fois faut-il le dire "la mission de UMWALIMU SACCO n’est pas commerciale. Cette coopérative doit jouer le rôle de solidarité des gens de noble métier. L’Etat Rwandais ne peut pas lui donner d’autre mission à part celle-là. C’est triste de voir la DG de Mwalimu SACCO se pavaner avec ses milliards de profits dégagés alors que même deux cents millions de profits devraient être énormes aux yeux des agents et officiels de cette coopérative. Il faudra de bons économistes qui étudieraient comment réduire sérieusement le taux de crédit de la Coopérative ce qui impactera sur l’évolution des bonnes conditions de vies et des prestations de l’enseignant", a confié cet enseignant qui n’exige pas un hypermarché à prix modérés au profit des enseignants.

"Non ! Il n’est pas question de nous comporter comme les gens d’armes rwandais qui ont leur ARMY SHOP avec des prix réduits. Eux ils forment un monde à part. Il faut leur reconnaître la particularité de leurs conditions de travail. Par contre, nous, enseignants sommes au bas de l’échelle des barèmes salariaux. L’idée de la Coopérative de solidarité ne devrait pas être travestie par de jeunes agents de la boîte en quête de popularité", a indiqué cet enseignant qui croupit sous le poids du crédit construction qu’il a contracté et, pour satisfaire les besoins familiaux, est obligé de quitter le travail pour faire le perceptorat du soir dans les familles ayant des enfants qui éprouvent des difficultés scolaires.

Entretemps, les crédits distribués par la coopérative de solidarité des travailleurs de l’enseignement ne sont pas parfaitement remboursés. 3.5% d’entre eux sont difficiles.

N’est-ce pas une preuve qu’elle doit revoir sa politique des taux d’intérêt ? Il est intéressant de voir que cette Coopérative a ouvert ses 30 agences à travers tout le pays et emploie 235 agents. Peut-on apprécier cette pléthore de personnel pour une institution financière à caractère social.