Depuis que le Mouvement du 23 mars (M23) a repris les armes pour proclamer haut et fort sa revendication identitaire à savoir son droit à la nationalité congolaise et son devoir sacré de protéger les siens, le pouvoir de Kinshasa s’enlise dans une dramaturgie victimaire, substituant le verbe à l’action, la gesticulation à la stratégie, et la propagande à la lucidité.
Le conflit du M23 est devenu, pour les observateurs avertis, un véritable cas d’école en matière de dissonance politique : d’un côté, une rébellion qui articule un discours clair, de l’autre, un État qui ne parvient à opposer que des slogans éculés, une rhétorique de dénigrement et une communication défensive, plus proche du théâtre que de la diplomatie.
Incapable d’analyser avec rigueur les paramètres historiques, communautaires et géopolitiques de la crise, Kinshasa s’est réfugiée dans la caricature et la diabolisation systématique, traitant le M23 de tous les noms possibles, dans une frénésie verbale qui trahit davantage la peur que la force.
Dans les coulisses de cette machine étatique en perte de contrôle, des réseaux de propagande soigneusement huilés ont trouvé dans le mensonge et la contre-vérité une rente politique. Roitelets de la manipulation et courtisans du pouvoir ont connu leurs heures de gloire en recevant, des mains troubles de relais bien placés, des enveloppes sonnantes et trébuchantes pour entretenir la fiction d’un récit unique et verrouillé.
Des opérations de communication, financées à grands frais, ont ainsi été orchestrées comme des pièces de théâtre, avec pour seul objectif d’imposer au monde une lecture déformée des événements, une lecture que la réalité, implacable, vient aujourd’hui balayer.
Cette propagande d’État a trouvé des relais jusque dans certaines chancelleries étrangères, des ONG, voire des institutions internationales qui, par ignorance, opportunisme ou calcul, ont accepté de s’y associer.
Des personnalités de renom, jadis présentées comme des oracles de la cause congolaise, ont prêté leur voix à cette mascarade, parfois sans même en connaître les dessous ni mesurer les effets dévastateurs sur la crédibilité du pays. Pendant ce temps, la vérité, reléguée aux marges du débat public, a continué son patient travail de sape, fissurant peu à peu l’édifice d’illusions patiemment bâti par le pouvoir.
Aujourd’hui, la machine communicante de Félix Tshisekedi, longtemps perçue comme l’un des derniers bastions du contrôle politique, s’est grippée. Le discours officiel, saturé de contradictions, ne convainc plus ; la rhétorique de la victimisation ne produit plus d’adhésion. L’État congolais subit les événements au lieu de les précéder, réagit au lieu d’agir, s’indigne au lieu de gouverner.
Ce renversement n’est pas un simple accident de parcours : il est le symptôme d’une souveraineté rongée de l’intérieur par la vacuité stratégique, le triomphe de la communication sur la pensée, et le refus obstiné de regarder le réel en face.
La défaite de Kinshasa n’est pas d’abord militaire. Elle est intellectuelle, politique et symbolique. Elle se lit dans cette incapacité tragique à maîtriser le récit national, à parler une langue de vérité, à construire une vision qui transcende les réflexes de propagande et les échafaudages d’illusions. Tandis que l’AFC/M23 impose sa présence sur le terrain et dans l’espace politique, le pouvoir central s’enfonce dans un autisme institutionnel qui confine à la paralysie.
Ainsi se joue, sous les yeux d’un peuple désabusé, un drame dont la conclusion se dessine déjà : celle d’un État qui, faute d’avoir su gouverner le réel, en devient la première victime.

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