Les vols, les enlèvements et les extorsions en plein jour se multiplient, plongeant la ville dans un climat de peur permanente. Dans ce contexte de crise, la population est poussée à recourir à une justice populaire d’une extrême violence, infligeant parfois la peine capitale à des présumés criminels, souvent par le biais de lynchages ou en les brûlant vifs.
Ce recours à l’autodéfense est l’expression d’une colère désespérée, qui met en lumière l’abandon de ses responsabilités par l’État congolais et l’incapacité de ses autorités à assurer la sécurité de leurs citoyens.
L’État, censé être le garant de la sécurité et de l’ordre public, est perçu par les habitants de Goma et d’autres régions comme Beni, Lubero, Ituri, et même le Sud-Kivu, comme ayant complètement échoué. Cet abandon est le produit d’une série de facteurs déstabilisants : des alliances insensées entre certains militaires et des groupes rebelles, notamment les FDLR, des milices étrangères opérant en territoire congolais, l’émergence des « Wazalendo », ces milices locales censées assurer une protection que l’armée officielle (FARDC) n’est plus en mesure de garantir, et la désorganisation flagrante des forces de sécurité.
A Goma, cet état de déliquescence se traduit par une montée sans précédent de la violence, laissant les citoyens se sentir abandonnés et contraints de prendre la justice en main.
Ce contexte d’abandon et d’impunité exacerbe la frustration et la colère de la population. Face à la démission des institutions, le recours à la justice populaire apparaît comme une réponse à l’insécurité. Les habitants, épris d’un sentiment de légitime défense, se regroupent pour lyncher des individus suspectés de crimes. Dans ce climat de haine et de rage, des innocents périssent, victimes de fausses accusations ou de rumeurs infondées.
La justice populaire, bien que compréhensible en raison de l’impuissance des autorités, engendre ainsi des drames encore plus douloureux : la destruction de vies innocentes. Cela rappelle tristement la maxime selon laquelle « mieux vaut relâcher mille coupables que de condamner un seul innocent », une sagesse juridique complètement ignorée dans la réalité effrayante de Goma.
Cette escalade de la violence crée un cercle vicieux. La justice populaire, loin de pacifier la situation, aggrave le climat d’insécurité en institutionnalisant la violence dans les pratiques quotidiennes. La société, sombrant peu à peu dans l’anarchie, se retrouve piégée dans un système où la loi du talion prévaut.
La banalisation de la violence, en réaction à l’incapacité de l’État à assumer son rôle de protecteur, détruit progressivement les fondements d’une société fragmentée.
En l’absence d’une action décisive, l’Est de la RDC continuera de s’enfoncer dans le chaos, et la justice populaire deviendra non plus une réponse temporaire, mais une tragédie permanente.
Ah, l’État congolais ! Toujours prompt à observer l’incendie sans même songer à allumer un extincteur. Des années d’insécurité grandissante, et quelle réactivité ! Plutôt que de garantir un semblant de paix, on multiplie les alliances « stratégiques » avec des groupes armés qui, bien sûr, inspirent une confiance aveugle aux commanditaires et non à la population.
Les FARDC, force de sécurité en décomposition, brillent par leur capacité à se désorganiser tout seuls, tandis que des milices de fortune comme les Wazalendo se chargent au grand de persécuter les citoyens. Quant à la justice, celle-ci semble avoir pris congé indéfiniment, laissant aux habitants de Goma le plaisir de s’occuper eux-mêmes de l’ordre public, façon brasier purificateur.
A croire que l’État congolais, loin de veiller sur ses citoyens, préfère se délecter du spectacle de la justice populaire qui, il faut l’avouer, offre un certain panache au quotidien. La spirale de violence ? Une nouvelle norme, un art de vivre !
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