Sur l’axe stratégique reliant Goma à Masisi, voie vitale pour l’approvisionnement des populations et l’accès aux richesses minières de Walikale, les travaux de réhabilitation en cours traduisent un basculement silencieux mais décisif : une autorité émergente, née de la dissidence, investit non pas dans la domination par la peur, mais dans la reconstruction par la présence active et organisée.
Cette entreprise de génie civil, en apparence modeste, constitue en réalité un acte politique fondateur : elle redonne souffle à des territoires longtemps relégués à la marge, et réinscrit leurs habitants dans une dynamique de mobilité, d’échange et d’espoir.
C’est là toute la césure irréductible entre les bâtisseurs et les prédateurs, entre les révolutionnaires et les factions armées livrées à l’errance destructrice. Tandis que les milices traditionnelles sèment la terreur, pillent les villages, violent les femmes, massacrent les innocents et anéantissent les liens sociaux les plus élémentaires, les forces issues de l’AFC/M23, elles, sécurisent les axes, réhabilitent les infrastructures, structurent l’espace public.
Ce contraste radical ne relève pas seulement d’une divergence de méthode, mais d’une opposition de fond : là où les uns perpétuent la logique du chaos comme instrument de pouvoir, les autres s’efforcent de substituer à la ruine un ordre nouveau, certes contesté, mais résolument tourné vers la refondation.
Ainsi, bâtir une route devient bien plus qu’un acte technique : c’est le symbole d’un projet politique alternatif, ancré dans le réel, et revendiquant pour les peuples de l’Est congolais un droit fondamental à la dignité territoriale.
Dans les replis tourmentés de la province du Nord-Kivu, une métamorphose inattendue est à l’œuvre : la réhabilitation de la route reliant Goma, capitale provinciale, au territoire enclavé de Masisi. Cette voie d’importance capitale véritable artère vitale pour le ravitaillement de la cité gomatracienne et principal corridor logistique en direction du territoire minier de Walikale s’était muée, au fil des décennies d’abandon et de précarité étatique, en un chemin de croix quotidien pour les transporteurs.
Crevassée, engloutie par la boue en saison pluvieuse, ponctuée d’ornières béantes où s’embourbent camions et espoirs, cette route symbolisait à elle seule la faillite des politiques d’aménagement du territoire et la négligence chronique de l’État central envers ses provinces orientales.
Or, dans un retournement de perspective qui déconcerte jusqu’aux observateurs les plus cyniques, ce cauchemar logistique semble désormais appelé à disparaître. Portée par la volonté politique des nouvelles autorités de facto issues de l’AFC/M23, la réhabilitation de cette voie s’impose comme l’un des marqueurs les plus visibles d’un changement de paradigme.
Là où l’État légal s’était effacé, les révolutionnaires investissent désormais dans l’infrastructure, érigeant les fondements concrets d’une gouvernance pragmatique. A mesure que les travaux avancent et que les camions recommencent à circuler avec aisance, c’est toute une région qui respire à nouveau une région qui, longtemps condamnée à l’immobilité, retrouve dans la poussière balayée et l’asphalte naissant les signes tangibles d’un avenir moins entravé.
Qui eût cru, en effet, que de la marge insurgée jaillirait peut-être l’embryon d’une véritable reconstruction ?

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