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Opinion : RDC : le Coronavirus, allié inattendu de Joseph Kabila

Redigé par Libre Afrique
Le 19 avril 2020 à 01:15

“Comme je n’aime pas les adieux, je vous dit à bientôt”. C’est par cette phrase que Joseph Kabila clôtura son discours devant des pairs de la communauté économiques d’Afrique Australe le 17 août 2018. Pour certains, ce n’était qu’un trait d’humour. Pour d’autres, c’était une volonté délibérée d’entretenir l’ambiguïté pour un homme dont le sort était déjà scellé et la page tournée.

C’était sans compter avec le génie maléfique d’un fin stratège qui est parvenu, au fil des années, à cerner mieux que quiconque la fourberie de la classe politique congolaise et à mettre sur pied un dispositif inédit de conservation de pouvoir. Froid calculateur, il n’attend pas les événements mais les anticipe. Il les crée parfois aussi, au point de susciter un sentiment complexe de haine, d’impuissance et même l’admiration chez ses victimes.

Point n’est besoin de revenir sur les événements du passé récent qui ont conduit à un semblant d’alternance à la tête du pays. Tout le monde s’accorde à admettre que Joseph Kabila n’a non seulement pas quitté le pouvoir, mais bien au contraire, qu’il s’est installé dans une position très confortable de guide suprême de la nation avec un contrôle absolu sur les deux chambres du parlement, la territoriale et les services de sécurité.

En prime, tout en délaissant une présidence complètement dégarnie, il s’est assuré de garder un œil omniprésent sur tout ce qui s’y trame en quadrillant son successeur par des hommes qui lui vouent loyauté et obéissance contre vents et marées nonobstant les apparences de pseudo neutralité ou d’antagonisme de façade. Ce plan diaboliquement retors aurait suffi pour tenir le quinquennat de Félix Tshisekedi à la laisse n’eut été l’hostilité tenace de l’administration Trump. Cette dernière, en retour de sa résignation à accepter les résultats d’une parodie d’élection ; a décidé de maintenir la pression sur Félix Tshisekedi pour s’affranchir de la tutelle de son ténébreux prédécesseur et imprimer ses propres marques.

Pour contrer cette redoutable menace, la cellule stratégique du « fermier de Kingakati » a élaboré plusieurs schémas pour désactiver le Président-délégué qu’ils ont porté à la magistrature suprême sans préjudice extrême ou atteinte à son intégrité physique. Cette perspective ne saurait être cautionnée ni par la communauté internationale, ni par le peuple en dépit de la grande désillusion consécutive à l’évaporation de toutes les attentes placées sur Félix Tshisekedi de rompre avec le passé cruel de la gestion chaotique de Joseph Kabila.

L’option fut donc levée de travailler pour l’explosion de la coalition Cap pour le Changement (CACH) qui regroupe l’UDPS de Félix Tshisekedi et l’UNC de Vital KAMERHE. Une fois obtenue, l’accord de coalition avec le Front Commun pour le Congo n’aura plus de raison d’être. D’un côté l’ordre fut donné aux ministres issus du FCC de ne pas faire preuve de dévouement et d’implication remarquables dans les actions initiées par Félix Tshisekedi. De l’autre côté, un réchauffement de l’axe Kabila – Kamerhe fut enclenché comme à la veille du fameux dialogue de la cité de l’OUA piloté par Edem Kodjo.

Détesté par la base militante de l’UDPS, soupçonné d’implication dans plusieurs dossiers de détournement de fonds, dont la fameuse affaire de rétro commissions de 15 millions de dollars des compagnies pétrolières, lynchés quotidiennement par les médias proches du parti présidentiel, quasi certain du non respect de l’accord de Nairobi pour l’investiture de sa candidature à la prochaine présidentielle, “coupable désigné” avant même d’être entendu, le Président de l’UNC ne put qu’accueillir favorablement cette perche tendue par Joseph Kabila. Les deux hommes eurent trois tête à tête depuis le début de l’année, sans compter les rencontres ponctuels de leurs lieutenants.

Nous sommes loin, très loin du fâcheux contrepieds qui a porté Sammy Badibanga à la primature en 2016. L’homme qui a toujours clamé que ses ambitions se situaient au-delà d’un poste de Premier ministre, se vit alors proposer à nouveau son poste naturel de speaker de l’assemblée nationale.

Par conséquent, il faut organiser son éviction de la présidence, tout en redorant son blason. Pour faire d’une pierre deux coups, une escale au parquet est un passage obligé pour enterrer définitivement les soupçons de détournements de fonds. Sa démission du poste de directeur de cabinet pour officiellement permettre à la justice d’agir en toute quiétude ne sera qu’une évidence. Il va de soi que toutes les dispositions et mesures d’amortissement sont prises pour que la comparution au parquet de Matete n’aille pas plus loin qu’il ne faut.

C’est ici que la pandémie de Corona Virus est apparu comme une aubaine à ne pas laisser filer car il n’y aurait pas meilleure timing pour concrétiser l’exécution politique de Félix Tshisekedi. Il est donc impérieux d’agir au moment où les puissances occidentales font face aux priorités de survie dans leurs propres pays et que l’actualité mondiale reste cristallisée autour de la riposte au virus Covid 19. Par ailleurs, les mesures de confinement et de non regroupement au-delà de 20 personnes étoufferaient tout élan d’emballement populaire.

Ainsi donc , après le feuilleton judiciaire, l’UNC va se retirer de la plateforme CACH et inviter les autres parties prenantes à la coalition d’en tirer les conséquences qui s’imposent. Le FCC y répondra en constatant la fin de la coalition gouvernementale et demandera au Premier ministre Ilunga Ilunkamba de rendre le tablier. Dans la foulee, Vital Kamerhe qui aurait déjà retrouvé son siège de député nationale va former un nouveau regroupement qui signera un accord politique avec le FCC pour l’élection du nouveau bureau de l’assemblée nationale et la formation d’un gouvernement piloté par Jeanine MABUNDA.

Le nouveau gouvernement de cohabitation qu’ils ont déjà baptisé “Gouvernement de renouveau” comprendrait en son sein quelques cadres issus de l’opposition politique Lamuka et de l’AFDC de Modeste Bahati qui feront allégeance au nouveau regroupement politique créé par Vital Kamerhe sous le nom de “Changeons le Congo”.

Reduit à un rôle protocolaire, coincé par les limites d’un budget qu’il a déjà explosé en déficit suite à ses multiples voyages à l’étranger et la pléthore de collaborateurs et agences parallèles créés pour caser les amis, Félix Tshisekedi va tardivement se rendre compte que le casting, l’anticipation et la rigueur forment un trinôme qu’un leader ne peut jamais négliger.

Le plus révoltant dans ce plan n’est pas le fait qu’ une seule personne puisse tourner à son avantage chaque épisode de l’évolution politique du pays et embrigader toute une génération d’hommes politiques dotés des facultés nécessaires pour sortir le Congo du gouffre ; mais de voir avec quel cynisme ces personnes peuvent placer leurs intérêts personnels au-dessus d’un danger planétaire dont le peuple risque de payer le plus lourd tribut.


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