Retournement des alliances au Burundi

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 mars 2025 à 01:18

Sur son compte X, la ligue burundaise des droits humains ITEKA fait état d’affrontements opposant d’anciens alliés, scellant ainsi un renversement d’allégeances aux implications géopolitiques considérables. Ce brusque revirement, loin d’être fortuit, révèle les lignes de fracture mouvantes qui redessinent en filigrane l’échiquier sécuritaire régional.

Derrière ces hostilités se dessine une reconfiguration des intérêts stratégiques, où la convergence d’hier cède la place à une opposition féroce, fruit d’ambitions contrariées et de calculs politiques dont la complexité n’a d’égale que la précarité des équilibres en jeu. Ce n’est pas seulement une alliance qui vacille, mais tout un agencement de forces qui se recompose sous le sceau d’une realpolitik implacable.

Les convulsions géopolitiques qui secouent les Grands Lacs connaissent un nouvel épisode d’une complexité aussi insondable qu’inquiétante. Les affrontements d’une rare intensité qui ont éclaté entre les FDLR, la Force de Défense Nationale du Burundi (FDNB) et les Imbonerakure dans la dense forêt de la Kibira, en zone de Butahana, témoignent d’un bouleversement des alliances et des rapports de force dans la région.

L’embrasement, qui s’est étendu du 11 au 13 mars 2025, trouve son origine dans une tentative des combattants des FDLR de se ravitailler auprès des populations locales, lesquelles ont de longue date tissé des liens commerciaux avec cette faction rebelle. Ce simple besoin logistique s’est néanmoins mué en un théâtre de violences, révélant en filigrane un jeu d’intérêts plus vaste, où l’ambiguïté des postures étatiques ne saurait être ignorée.

De multiples témoignages en provenance des régions en proie aux affrontements font état d’une compromission troublante impliquant des figures éminentes de l’appareil d’État burundais, des hautes sphères militaires et des forces de sécurité, lesquelles entretiendraient des accointances inavouables avec les rebelles rwandais. Cette collusion présumée, loin d’être anecdotique, esquisse les contours d’une connivence où s’entrelacent intérêts politiques, calculs stratégiques et logiques mercantiles. L’hébergement discret des combattants, l’acheminement clandestin d’armements et la facilitation de circuits de contrebande, notamment dans le négoce illicite des minerais, suggèrent l’existence d’un réseau d’influences souterrain, structuré et méthodiquement entretenu.

Une telle imbrication entre institutions officielles et acteurs insurrectionnels, si elle venait à se confirmer, ne saurait être interprétée autrement que comme l’expression d’un double jeu périlleux, susceptible d’attiser encore davantage les braises d’une instabilité chronique aux conséquences potentiellement funestes pour l’ensemble de la région.

Accusés d’avoir offert gîte, subsistance et arsenal aux FDLR, ces responsables auraient également facilité un lucratif commerce de minerais, faisant de la région un foyer de trafics souterrains où se nouent et se dénouent des alliances dictées par des intérêts obscurs. Cette implication officieuse, loin d’être anodine, soulève des interrogations sur les véritables desseins poursuivis par le pouvoir burundais.

Un habitant de Mabayi avance une thèse qui, si elle se confirmait, marquerait un revirement stratégique de première importance : il s’agirait en réalité d’une manœuvre délibérée visant à contraindre les FDLR à refluer vers la République démocratique du Congo (RDC). Cette évolution permettrait aux autorités burundaises d’offrir à l’armée rwandaise le prétexte nécessaire à l’intensification de ses patrouilles et à la justification d’une réaffirmation de sa souveraineté sur les zones frontalières, en prouvant que les groupes armés rwandais ne stationnent plus en territoire burundais.

La détérioration rapide de la situation appelle une réaction immédiate des autorités burundaises, lesquelles doivent impérativement se départir de toute complaisance à l’égard des factions armées et œuvrer à une résolution durable du conflit. Faute de quoi, les braises de l’instabilité continueront d’alimenter un cycle de violence dont l’issue demeure incertaine.

La ligue burundaise des droits humains ITEKA fait état d’affrontements opposant d’anciens alliés

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