Observations initiales et erreurs diplomatiques
Les premières paroles du Président Ndayishimiye ont soulevé des préoccupations quant à la préparation diplomatique, lorsqu’il a confondu le nom du président de la Zambie avec un nom burundais. Bien que mineure, cette erreur reflète un niveau de préparation insuffisant qui nuit au professionnalisme attendu dans des contextes d’une telle importance. Une meilleure préparation aurait pu éviter ce faux-pas, soulignant l’importance d’une communication rigoureuse pour améliorer la stature internationale du Burundi.
Éléments positifs dans la structure et le contenu du discours
Malgré ces premières erreurs, le discours du président a montré une amélioration en termes de structure et de pertinence, témoignant d’un effort apparent de la part de son équipe de communication. Le discours est resté cohérent thématiquement, avec une progression logique entre les points clés, une amélioration notable par rapport aux discours précédents. Les références à l’identité du Burundi, avec des termes comme « Mpundu » et des descriptions telles que « le cœur de l’Afrique » et « le pays du lait et du miel », ont servi à rappeler aux participants la richesse culturelle du pays hôte. Cependant, un accent excessif sur ces symboles, comme ses réflexions sur sa propre satisfaction et des anecdotes historiques spécifiques, frôlait parfois la surenchère inutile.
En ce qui concerne le contenu, le discours a mis en avant des priorités essentielles pour le COMESA, notamment l’agriculture, les mines et le tourisme. Ces secteurs, ainsi que l’éducation, la technologie et l’énergie, sont effectivement cruciaux pour avancer dans les objectifs de l’organisation. Mettre l’accent sur ces priorités montre une certaine concordance avec les buts de développement régional, susceptibles de promouvoir le commerce, la croissance industrielle et les infrastructures à travers les États membres du COMESA.
Faux-pas diplomatiques et occasions manquées
Sur le plan diplomatique, certains éléments n’ont pas renforcé la crédibilité du Burundi au sein du COMESA. Par exemple, les commentaires du Président Ndayishimiye sur l’importance de l’Afrique dans la création du monde et ses expressions de satisfaction personnelle auraient pu convenir dans des contextes plus informels, mais semblaient mal adaptés à une assemblée axée sur le développement stratégique régional. Les discours diplomatiques tirent parti d’un ton professionnel et d’une cohérence stratégique en phase avec les attentes de l’auditoire, qui dans ce cas-ci incluaient un accent sur la coopération multilatérale plutôt que sur des affirmations introspectives.
Sur les questions de sécurité, les commentaires du président ont mis en évidence l’instabilité dans des pays comme la République Démocratique du Congo (RDC), le Soudan et la Somalie, mais ont davantage ciblé la RDC. Cette approche a semblé ignorer la crise de déplacement plus grave du Soudan du Sud, soulignant ainsi son alignement avec la position du président de la RDC, Félix Tshisekedi. En qualifiant les groupes étrangers de principale cause de troubles dans la RDC, Ndayishimiye a tenté de justifier l’intervention burundaise. Cependant, cette perspective ne reflète pas la complexité de la situation, étant donné que des groupes locaux participent également de manière significative à l’instabilité. Cette insistance sur les groupes étrangers dans la RDC renforce une rhétorique favorable au gouvernement de Tshisekedi, qui attribue les problèmes à des acteurs extérieurs, dont le Rwanda, plutôt que de s’attaquer aux défis internes.
Répercussions pour le COMESA et le paysage régional
Le soutien précoce du président à la position de la RDC vis-à-vis du Rwanda expose un alignement coordonné avec Tshisekedi, visant probablement à consolider leur alliance au sein du COMESA. Notamment, cette rhétorique ne reflète pas la position de la majorité des membres du COMESA, qui plaident pour une solution incluant des acteurs congolais comme le M23. L’alignement du Président Ndayishimiye avec Tshisekedi indique une posture tactique visant à utiliser le COMESA pour renforcer son influence dans la région, mais diverge d’une approche véritablement coopérative et multilatérale.
La faible présence des chefs d’État au sommet en dit long sur la perception régionale de la gouvernance burundaise. Avec seulement quatre chefs d’État présents, dont deux par obligation, la direction du Burundi rencontre des défis importants pour obtenir un soutien régional complet. Cette faible participation au sommet reflète le scepticisme des dirigeants du COMESA envers la conduite diplomatique du Burundi sous la présidence de Ndayishimiye.
Conclusion
En conclusion, bien que des améliorations notables soient apparues dans la structure et la présentation du discours du Président Ndayishimiye lors du sommet du COMESA de cette année, plusieurs aspects illustrent le besoin d’un engagement diplomatique plus stratégique. L’événement lui-même, souligné par une participation limitée des membres du COMESA, reflète le scepticisme régional face au leadership burundais dans ce bloc économique critique. Pour que le Burundi gagne en stature et en crédibilité au sein du COMESA, les futurs efforts diplomatiques devront insister sur la solidarité régionale, une pertinence stratégique et une communication renforcée afin d’éviter de perpétuer des récits de division.
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