Burundi : l’opposant Agathon Rwasa élu vice-président de l’Assemblée nationale

Redigé par IGIHE
Le 30 juillet 2015 à 03:58

Le principal opposant burundais, Agathon Rwasa, a été élu jeudi premier vice-président de l’Assemblée nationale, malgré son opposition aux récentes élections controversées qui ont reconduit le président sortant Pierre Nkurunziza au pouvoir au Burundi, a constaté un journaliste de l’AFP.
Au milieu d’une crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1993-2006), déclenchée par la candidature controversée du président Nkurunziza à un troisième mandat, M. Rwasa a été élu avec 108 voix sur (...)

Le principal opposant burundais, Agathon Rwasa, a été élu jeudi premier vice-président de l’Assemblée nationale, malgré son opposition aux récentes élections controversées qui ont reconduit le président sortant Pierre Nkurunziza au pouvoir au Burundi, a constaté un journaliste de l’AFP.

Au milieu d’une crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1993-2006), déclenchée par la candidature controversée du président Nkurunziza à un troisième mandat, M. Rwasa a été élu avec 108 voix sur 112, dont le soutien du CNDD-FDD, le parti présidentiel.

L’ensemble des opposants, dont Agathon Rwasa, avait dit boycotter les élections législatives et communales du 29 juin et la présidentielle du 21 juillet, mais la Commission électorale (Céni) avait maintenu leurs candidatures.

Peu avant l’annonce de cette information, l’opposition politique burundaise avait déploré la démarche de cet ancien rebelle qui, selon cette opposition radicale, était tombé dans le piège du Pouvoir.

"Des critiques et des accusations de trahison fusent de toutes parts depuis que le leader des Forces nationales de libération (FNL), Agathon Rwasa, a décidé, le 27 juillet, de finalement siéger à l’Assemblée nationale du Burundi. Il a contesté les résultats des derniers scrutins, législatifs et présidentiels, qui se sont tenus en juin et en juillet dans un contexte très tendu au Burundi. Il explique à Jeune Afrique les raisons de sa décision" :, rapporte Jeune Afrique du 27 juillet qui lui tend le micro :

Jeune Afrique : Vous n’avez cessé de contester les résultats des dernières élections et aujourd’hui vous occupez votre siège au Parlement. Quelles sont les raisons de ce revirement ?

Agathon Rwasa : Nous ne croyons pas aux résultats qui ont été proclamés par la Commission nationale indépendante (Ceni), parce qu’ils reflètent beaucoup plus une fabrication pure et simple de la part du gouvernement de Nkurunziza que les réelles aspirations de la population. Néanmoins l’Assemblée nationale reste une institution dédiée aux citoyens. Nous ne pouvons pas décevoir leurs doléances et il faut qu’ils soient représentés. Pas seulement ceux qui ont voté pour nous, d’ailleurs mais aussi tous ceux qui ont contribué à empêcher la situation de s’envenimer ces dernières semaines.

Avez-vous subi des pressions de la part du pouvoir ou de la médiation internationale pour intégrer l’Assemblée ?

Nous sommes dans un processus politique qui a connu des caractéristiques très particulières. Qu’on le veuille ou non, le forcing électoral de Nkurunziza et de son parti a très bien réussi. Nous nous retrouvons devant le fait accompli et il faut réagir d’une façon appropriée. Au lieu de nous isoler complètement, il me semble plus judicieux de conserver une tribune qui nous permette d’exprimer nos points de vue. À l’Assemblée, nous pourrons réclamer nos droits, et notamment la réhabilitation de notre parti, le FNL. Nous pourrons continuer à faire de la politique. L’Assemblée nationale, même mal élue, est un endroit privilégié pour défendre notre cause.

Que répondez à ceux qui vous accusent d’avoir trahi votre promesse de ne pas intégrer un gouvernement basé sur des élections que vous avez vous-même qualifiées de « mascarade » ?

Je n’ai trahi personne ! Je le répète, moi et les membres de mon parti n’avons trahi personne parce que nous sommes mandatés par les Burundais. On n’avait aucun pacte avec qui que ce soit. Notre engagement était de faire de la politique au nom d’une partie des Burundais. Ceux-ci se sont exprimés et nous ont envoyés les représenter à l’Assemblée nationale.

Contrairement à d’autres, la situation a toujours été délicate pour moi et mes proches. En 2010, nous avons dénoncé d’autres élections irrégulières et nous avons ensuite été menacés. Nos militants ont été emprisonnés et même tués. Nous refusons de revivre le même calvaire.

Par ailleurs, le parti au pouvoir a tendance à toujours réussir à se fabriquer des alliés de ‘’paille’’. En 2010, cette stratégie a fini par diviser complètement notre parti. Faudrait-il encore une fois leur offrir cette aubaine ?

Votre allié, Charles Nditije, a vertement critiqué votre décision de siéger. Est-ce que la Coalition es indépendants de l’espoir, que vous avez formée avec lui, est menacée ?

Les années précédentes, l’Uprona [le parti de Nditije, ndlr] était à l’hémicycle mais nous n’y étions pas. Cela ne nous a pas empêché de travailler ensemble. Aujourd’hui, l’inverse est possible. Sans compter qu’il est encore trop tôt pour savoir si nos alliés ne vont pas, eux aussi, venir siéger à nos côtés finalement. Ils ne pourront être remplacés que s’ils totalisent le tiers des absences. Je pense que ceux qui se disent aujourd’hui farouches pourraient bien, après mûre réflexion, nous rejoindre à Kigobe [siège du parlement à Bujumbura, ndlr].

Avec Jeune Afrique et Le Soir


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