Ces Parlementaires rwandaises à listes bloquées et la superparité des femmes

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 4 septembre 2018 à 03:03

Les élections parlementaires de ces 1er , 2 et 3 septembre au Rwanda ont montré une sorte de continuité dans l’apprentissage de la culture de la démocratie au Rwanda après la faillite totale de l’Etat rwandais qui a culminé dans le génocide des Tutsi de 1994. Des voix timides se lèvent pour dépasser le cadre de vote de listes de partis pour ce qui est des élections législatives comme qui dirait que la société rwandaise s’est émancipée des maux et tares qui le hantent, tous prenant naissance dans une sorte de pauvreté structurelle et de déficit démocratique savamment incrustée dans l’imaginaire des Rwandais depuis le début de l’indépendance assistée du pays.

Hier, le 3 Septembre 2018, les citoyens rwandais ont exercé leurs droits de vote en faisant un choix de quelques 53 députés qui vont être désignés par leurs partis FPR, PSD, PL, PS Imberakuri et DGPR. Ils sont quelques 500 à être dans la mélée.

Selon le nombre de voix qui auront échu à tel ou tel parti, la proportionnelle qui sera appliquée décidera du nombre de sièges qui auront été gagnés par tel ou tel parti. Et là, les premiers sur les listes présentées par ces partis, ce sont eux qui seront retenus et déclarés vainqueurs de ces élections pour siéger au cours de cette prochaine assemblée législative. L’on sent qu’il y a un petit froissement.

Beaucoup de personnes interviewées mettent en doute la transparence avec laquelle ces listes de partis auront été dressées. Mais rares sont des gens qui comprennent comment ces listes électorales de partis sont liées de très près à la volonté de renforcer la visibilité de la femme rwandaise dans la chose politique.

Rares sont également les gens qui comprennent pourquoi cette volonté politique. Ceux qui ont voulu s’exprimer sous le sceau du secret, croient dire que cela semble à un souci du régime FPR actuel de souhaiter la bienvenue à des personnalités venues de nulle part et n’ayant pas à alourdir outre mesure le débat contradictoire parfois négativement houleux dans les hauts cercles de prise de décision de la société rwandaise.

Faux ! Disent une autre opinion politique.

"A voir l’itinéraire politicien depuis les années 1959, année des premiers pogroms des Tutsi, l’arène politique rwandaise a été accaparée par des politiciens qui ont été bercés à l’idéologie ségrégationniste du PARMEHUTU (Parti pour l’Emancipation Hutu). L’idéologie du PARMEHUTU a été facilement inoculée dans les citoyens grâce au fait qu’en écartant solennellement les Tutsi de toute promotion politique et, plus tard, en faisant d’eux des paria dans leur propre pays, le pouvoir du premier Président du Rwanda Grégoire Kayibanda (1962-1973) a d’abord déclaré la femme comme une personne indésirable en politique", a dit Kayitaba, un septuagénaire approché ce 3 septembre pour comprendre le phénomène actuel de ségrégation positive de la femme rwandaise dans les instances actuelles de prise de décision nationales.

Penses-tu que les idéologues du Parmehutu auraient pu inculquer facilement cette ségrégation ethnique écartant une portion de la population s’ils avaient permis et encouragé une promotion de la femme rwandaise ?, s’est exclamé cet intellectuel montrant que le régime Habyarimana (1973-1994) qui a suivi n’a fait que terminer le projet de génocide des Tutsi annoncé tôt en 1963 par Kayibanda dans le journal Temps d’Afrique qui paraîssait à Usumbura (Burundi).

"Les idéologues du FPR sont entrain de déconstruire cette idéologie génocidaire dans la psychologie sociale tout en mettant en place des structures de promotion de femmes et de jeunes gens capables de penser autrement la société rwandaise", a indiqué un autre politologue qui trouve lui aussi que la démarche du régime actuel en faveur de la reprise de parole effective de la femme et mère rwandaise aidera une sorte de stabilisation d’une société rwandaise exempte de violences sauvages de masse comme celles connues en 1994.

Ces intellectuels interrogés croient que cette culture de prise de parole et de décision responsable promouvant la femme est un socle d’une paix durable de la société rwandaise.

Cependant d’autres personnes ont été entendues déclarer que cette stratégie n’est payante qu’avec le temps, qu’encourager la femme en politique est un processus qui prendra un temps excessivement long pour arriver à une parité réelle homme- femme dans une mentalité populaire où tout ; une dot en échange de l’épouse promise à un homme, le système patriarcal, la succession familiale qui, qu’on le veuille ou non ne finit pas de concerner l’enfant de sexe masculin... tout rappelle à la femme que la culture traditionnelle de l’homme en tant que protecteur de la maison reste entière et elle ne joue pas en faveur de l’émancipation idéologique et culturelle de la femme rwandaise.

Ces élections législatives auront délié les langues de citoyens rwandais. Somme toute, le chemin à parcourir en matière de jouissance de ses droits démocratiques et libertés d’expression est encore long. Tant que les citoyens rwandais ne jouissent pas encore à suffisance de loisirs culturels, tant que la production matérielle leur permettant de dépasser le seuil de pauvreté reste insuffisante ; l’épanouissement de la femme et de la jeunesse rwandaises libérant positivement leur esprit mettra un temps long à se matérialiser.


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