Démocratie au Rwanda. Manque de fair play : l’ex-PM Twagiramungu complote

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 29 janvier 2014 à 11:33

L’ex-Premier ministre rwandais Faustin Twagiramungu (1994-1995) et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2003 a entrepris un voyage secret de Dar-Es-Salaam pour rencontrer le Président Jakaya Kikwete, fervent avocat des négociations entre Kigali et les FDLR armées. Ce voyage suit une activité importante opérée par l’opposition politique de la diaspora. Des partis politiques rwandais (RDI-Rwanda Dream Initiative du même Twagiramungu et le PS Imberakuri faction Bakunzibake) se sont coalisés (...)

L’ex-Premier ministre rwandais Faustin Twagiramungu (1994-1995) et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2003 a entrepris un voyage secret de Dar-Es-Salaam pour rencontrer le Président Jakaya Kikwete, fervent avocat des négociations entre Kigali et les FDLR armées.

Ce voyage suit une activité importante opérée par l’opposition politique de la diaspora. Des partis politiques rwandais (RDI-Rwanda Dream Initiative du même Twagiramungu et le PS Imberakuri faction Bakunzibake) se sont coalisés avec lesdites FDLR.

Tout porte à croire que ce coup mortel contre la démocratie rwandaise n’est pas leur invention mais plutôt une instruction émanant des sponsors puissants lobbies et gouvernement occidentaux qui ne se dévoilent pas.

Est-il nécessaire de se poser la question de savoir pourquoi ces sponsors veulent une confrontation en lieu et place du jeu politique démocratique sain entre le régime de Kigali et la diaspora ?

La Démocratie telle que conçue et vécue par le riche Occident est-elle possible en Afrique et particulièrement au Rwanda qui vient de se relever à peine 20 ans de la faillite de l’Etat en 1994 avec le génocide collinaire le plus réussi de par l’histoire du monde entier ? Les démocraties capitalistes occidentales sont encore viables et en bonne santé.

Mais l’homme de la périphérie émerveillé par la façade idéale de ces démocraties en matière de tolérance de l’autrui et du respect des droits humains n’a pas le temps d’observer que si tout marche encore bien dans ce paradis occidental, c’est que cette société a mis des siècles et des siècles pour arrêter des stratégies du bien vivre et de la tranquillité, que pour en arriver là il y a eu des guerres autrement sauvages et désolantes.

Puis, ne vous en faites pas, démocratie rime avec accroissement des richesses sociales. Or qui dit richesses sociales dit entrer individuellement dans la jungle économique et lutter pour créer et s’accaparer le plus possible de ces richesses.

La sommation de ces richesses sociales se traduit dans l’amélioration de l’environnement humain avec infrastructures économiques. Si l’Occident actuel luit de toutes ses splendeurs, ce n’est pas sans violences qu’il y est arrivé. La suite on la connaît. Pour se parer de ses bijoux qu’il garde et peaufine de jour en jour, il a dû piller les peuplades arriérées d’Afrique, d’Asie et les terres riches en minerais et agricoles du Far West.

Actuellement, cet Occident impose au monde entier sa philosophie de gouvernance et de règlement pacifique de contentieux de la société, ce qui est une très bonne chose. En effet, l’arme qui tonne fait fuir la démocratie capitaliste donc le business. Dans la philosophie occidentale, il faut de la transparence démocratique comme forme de gouvernance politique de la société.

Cas du Rwanda : gestion musclée de Kagame et une opposition qui louvoie vers l’option armée

La gestion des idéologies et stratégies de compétition pour le pouvoir au Rwanda politique accuse des hauts et des bas. Ici, tout marche sur des sentiments et jamais sur la rationalité. Il manque un consensus sur les questions idéologiques transversales à toutes les formations politiques y compris celles de l’opposition non encore agréée.

La gestion de la question ethnique par le régime actuel qui tente de dépasser de façon durable le spectre du génocide est soupçonnée par une certaine diaspora politique essentiellement hutue comme une tentative d’embrigadement idéologique de toute la masse des Rwandais par les maîtres du pouvoir actuel.

Cette opposition politique rwandaise nie toute entreprise ou réalisation du régime actuel qu’elle accuse de consonnance si pas féodaliste, du moins ethnocentriste tutsi. La conséquence malheureuse de cet enchainement idéologique va de soi.

L’opposition va arrêter toutes les stratégies possibles de lutte contre le régime y compris la lutte armée. Le vieux politicien Faustin Twagiramungu trouvera dans la coalition avec les FDLR armées, une revanche des déboires qu’il a eus en 2003 quand il s’est présenté à la présidentielle dans un climat plutôt revêche, quand les consciences étaient sérieusement plurielles de part et d’autre avec des soupçons nuisibles et des intentions pas très catholiques de ses compères mais aussi des lobbies occidentaux qui tentaient de manœuvrer sa victoire.

Mauvais démocrate

Le Vieux politicien qui devrait servir de phare sage à l’opposition qui ne doit pas dérailler dans son intégrité morale et politique, trouve qu’il doit empoisonner le peu de lumière qui commençait à poindre dans l’horizon démocratique du pays. En effet, au moment où tout se met en place dont RGB (Rwanda Governance Board) pour une grande liberté d’association politique, M. Twagiramungu « porteur d’un message de grande importance » trouve qu’il faut se cacher pour faire un voyage à Dar-Es-Salaam y rencontrer Kikwete et rentrer sur Paris.

Peu après son départ de Dar-Es-Salaam, il aura donné le ton à l’opposition. C’est autour d’une cohorte de délégués des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) et ceux de RNC (Rwanda National Congress) de faire le déplacement de Dar-Es-Salaam. Complot ou conjuration ? Rien ne filtrera de leur rentre entre eux ou avec les autorités tanzaniennes. Alors là, surtout pas question de communiqué sanctionnant la rencontre !

Ni tambour ni fanfare

L’axe de la fatalité rwandaise se dessine en silence Dar-Es-Salaam-Kinshasa- Johannesburg- Paris. Nos politiciens de l’opposition ne sortent pas de communiqué montrant leurs activités politiques. Ceci n’est pas un signe de gestion démocratique de la lutte contre Kigali. Au contraire, ce sont des menées qui ne doivent pas inspirer confiance entre adversaires. Car, dans un jeu politique sain, il n’est pas nécessaire de cacher ses activités tout en visant le pouvoir.

Par contre, l’arène politique rwandaise semble privilégier les coups tordus. Les membres de l’opposition rwandaise de la diaspora se croient obligés de se prêter aux instructions de leurs maîtres à penser occidentaux. Ceux-ci savent comment atteindre leurs objectifs en affaiblissant économiquement le pouvoir de Kigali.

Or celui-ci a la rage de réussir économiquement par tous les moyens. Il trouve qu’il n’y a aucun crime de mener par force son citoyen aux changements sociaux dont il est le premier bénéficiaire. Pour le régime de Paul Kagame, tout citoyen rwandais doit entrer dans la danse de l’économie de marché.

Pour cela il s’attire beaucoup d’adversaires farouches car cette idéologie agissante est tout le contraire de la leur qui veut que le citoyen continue son évolution paresseuse et nonchalante. Il ne serait pas question de le brusquer.

Rome papale est-elle la première perdante qui verrait ses paroissiens ne plus fréquenter en grande masse la messe du dimanche car occupés à produire et transformer lait, œuf, volaille, saucisse… ? Est-ce la France ou tous les grands de la Finance internationale qui seraient pris au dépourvu par une petite république rwandaise qui ne veut plus tendre une main mendiante de la manne budgétaire annuelle ? Ceci constitue un motif suffisant pour lui intimer un holà car il constitue un anti-modèle, il réclame des termes de commerce international égalitaires. Un crime !

L’opposition politique rwandaise sentimentale va tomber dans le piège de l’Occident. Elle troque la déontologie et l’éthique du politicien contre la satisfaction de sa vengeance. Pour elle, pas d’autre agenda à poursuivre dans la lutte contre Kigali. "Puissions-nous nous mettre à genou de nos bienfaiteurs !", telle est la chanson de l’opposition qui n’entrevoit pas comment elle peut s’organiser et attend les ordres de ses maîtres à penser et stratèges de l’embrigadement des consciences.

Le Régime de Kigali doit estimer avec justesse la force des puissances qui tirent les ficelles d’une opposition rwandaise creuse ; une opposition qui superficiellement brandit la carte ethnique car la plupart des membres de cette opposition ont un cas sur leur conscience, rapport avec leur responsabilité ou le non fait dans le génocide des Tutsi de 1994.

Ceci fait leur point faible qui fait qu’ils se courbent devant les volontés de leurs sponsors occidentaux qui tapissent et opèrent dans l’ombre.

De ce modus operandi suffisamment peu fraternisant dans la différence, le régime rwandais va commettre lui aussi une erreur obligée. Couper les ponts avec des frères qui, cupidité et ambition aidant trahissent et s’allient au diable.

Des méthodes et stratégies musclées qui sont arrêtées font mouche dans la création de richesses tout en creusant les écarts dans la distribution des revenus. C’est ça la jungle capitaliste.

Comme les formations politiques qui auraient dû peser dans la balance d’un régime FPR qui va résolument à droite ont décidé de prendre des chemins menant à la violence et à la non transparence tout en complotant avec le véritable, l’étranger qui a ses propres intérêts à poursuivre, on comprend alors que l’âme du politicien rwandais devrait se ressaisir et relancer de nouvelles options stratégiques de lutte politique pacifique.


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