La détresse des réfugiés congolais vivant au Rwanda exige une attention spéciale de Ban-Kimoon.

Redigé par Deo Ntarugera Koya
Le 26 mai 2013 à 12:43

Deo Ntarugera, l’auteur de cette opinion
Les réfugiés sont de droit sous juridiction de l’ONU. Le Haut-commissariat des nations unies aux réfugiés (HCR) est la branche de cette machine onusienne qui gèrent les refugies dans le monde. On s’étonne de voir que le HCR ne s’occupe pas de l’éducation des jeunes dans les camps de réfugiés banyarwanda congolais vivant au Rwanda depuis bientôt 20 ans. Ils ont tout perdu de leurs droits chez eux au Congo, y compris le droit à la vie ! Comme si ce n’était pas (...)

Deo Ntarugera, l’auteur de cette opinion

Les réfugiés sont de droit sous juridiction de l’ONU. Le Haut-commissariat des nations unies aux réfugiés (HCR) est la branche de cette machine onusienne qui gèrent les refugies dans le monde. On s’étonne de voir que le HCR ne s’occupe pas de l’éducation des jeunes dans les camps de réfugiés banyarwanda congolais vivant au Rwanda depuis bientôt 20 ans.

Ils ont tout perdu de leurs droits chez eux au Congo, y compris le droit à la vie ! Comme si ce n’était pas trop, le HCR leur dénie même le droit à l’éducation dans leur exil !

Le secrétaire général de l’ONU Ban ki Moon disait hier à Kigali qu’ils ont échoué au Rwanda. Par quoi il voulait dire que l’ONU et la communauté internationale n’ont pas prévenu ni arrêté le génocide des tutsi du Rwanda en 1994 : ils ont donc forfait à leurs obligations prescrites par le droit international.

Il s’agit-là d’un manquement gravissime : un crime capital que l’ONU ne nomme jamais. Ban ki Moon se contente de dire : "we failed in Rwanda". En français : "nous avons échoué au Rwanda". Cela n’est pas correct. Échouer, ce n’est pas le mot qui exprime la forfaiture suprême de l’ONU et de la communauté internationale.

Quelqu’un qui échoue, c’est quelqu’un qui a essayé de réussir sans succès. L’ONU n’a rien essayé dans le sens de prévenir ou d’arrêter le génocide en question. Tout au contraire ! La communauté internationale non plus n’a rien essayé.

Faut-il donc dire qu’ "on a échoué" ?

La vérité est que l’ONU et la communauté internationale sont coupables de génocide. On pèche par omission comme on pèche par commission.

Les crimes d’omission sont parfois plus graves que les crimes de commission. L’ONU, vous pouvez omettre d’assumer vos responsabilités, et au Rwanda on tue un million de tutsi ! Si le camerounais représentant le secrétaire général de l’ONU, Roger Booh Booh s’était comporté correctement et si le Ghanéen Koffi Annan commis au département de maintien de la paix avait bien composé avec le général Romeo Dallaire (commandant de la MINUAR), si les chefs des missions diplomatiques avaient été à la hauteur de leur tâche, le génocide des tutsi du Rwanda n’aurait jamais eu lieu !

HELAS, L’IRREPARABLE EST ARRIVE !

Le rapport Carlsson (du nom de l’ancien Premier ministre suédois, chef du Groupe d’experts onusiens chargés d’établir les responsabilités de la Communauté internationale dans le géniocide de 1994) établi en décembre 1999 montre clairement que l’ONU a des responsabilités criminelles dans la commission du génocide des tutsi du Rwanda.

Il demeure que si l’ONU et la communauté internationale ont manqué à leurs obligations contractuelles dans le casus génocidaire rwandais, elles ne se sont jamais rachetées ! Non ! Loin s’en faut ! Ils n’ont même jamais reconnu leur crime : le génocide !

Il n’y a que deux messieurs qui ont reconnu leur culpabilité et ont ensuite demandé pardon au nom des états qu’ils représentaient au moment de leur contrition officielle faite au Rwanda : William Jefferson Clinton, président des états uns d’Amérique, et Guy Verhofstadt, premier ministre du royaume de Belgique.

Ce crime a été commis au Rwanda. Le même crime a été commis, et continue a être commis, en République Démocratique du Congo, dès que Mobutu Sese Seko, président de la défunte République du Zaïre, a ouvert les portes aux armées et milices génocidaires rwandaises à l’Est du Congo, conformément à la consigne passée entre lui et François Mitterrand, l’alors Président de la République Française.

De part et d’autre de la frontière rwando-congolaise, il y a des tutsi. Les tutsi du Congo ont donc eu à subir le génocide à leur tour, car les génocidaires sont entrés au Congo avec tous leurs armements. Ils ont donc continué leur besogne génocidaire au Congo au grand jour, sans être inquiétés le moins du monde.

L’ONU et la communauté internationale ont certes noté que le crime de génocide continuait à se commettre au Congo. Ils étaient massivement présents à l’est du Congo où ils déboursaient par jour un million de dollars (1.000.000 de dollars US) dans les camps de "refugiés". Ils ont vu comment les tutsi du Congo se sauvaient en catastrophe vers les pays voisins pour tenter d’échapper aux armées génocidaires qui avaient fait un million de morts parmi les tutsi du Rwanda. Il s’agit des mêmes tutsi en réalité. Leurs terroirs ne sont devenus congolais qu’au hasard de la colonisation qui a fracturé le Royaume du Rwanda, il y a environ cent ans. Les génocidaires se disaient donc : "La tâche n’est pas finie ; nous avons encore du pain sur la planche".

Ces tutsi congolais viennent de faire 20 ans aujourd’hui dans les camps de réfugiés au Rwanda, Uganda, Burundi : des camps qui ressemblent fort bien au fameux ghetto de Varsovie de l’Europe hitlérienne ! La promiscuité, la faim, l’incurie, l’absence d’infrastructures éducationnelles font que nous avons aujourd’hui affaire à des communautés ayant perdu tout de leur honneur et leur dignité. Tous les repères moraux disparaissent peu à peu dans ces ghettos où vivent à l’étroit les tutsi du Congo. ... 20 ans : c’est presque l’espace d’une génération !

Ban ki Moon ne sait-il pas cela ? La communauté internationale ignore-t-elle cette situation par trop calamiteuse ? Le HCR ne fait-il pas des rapports annuels de son travail ?

Au génocide physique des Banyarwanda congolais, ont pris le pas deux autres espèces de génocide dans leur nouvel espace exilaire : le génocide moral et le génocide intellectuel.

Je fais remarquer passim qu’à notre dernière visite dans le camp de refugies banyarwanda congolais a Byumba, au nord du Rwanda, il y a deux semaines, m’ont confié, au bord des larmes, que 80% de ces refugies étaient atteints du virus VIH/SIDA—

« Quatre-vingts pour cent des 17 mille refugiés de ce camp de Gihembe sont malades de sida », me confient au bord des larmes le président du comité exécutif de l’organisation des refugies, monsieur Marc Munyakabuga et ses collègues.

Les proportions sont presque les mêmes dans tous les camps des refugies banyarwanda congolais vivant au Rwanda !

Le HCR a-t-il noté cela dans ses rapports annuels de travail ?


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